19 Mars 2014
Une émotion teintée de colère. Deux mois après la noyade de Mamadou, 18 ans, dans le port de Marseille, la communauté Guinéenne a pu lui rendre un dernier hommage mercredi avant le rapatriement du corps à Conakry. "Sa famille va enfin pouvoir faire son deuil", souffle Tall présent lors de la commémoration au centre mortuaire de la Timone. Soulagé après plusieurs semaines d’imbroglio administratif entre la Guinée et la France pour la prise en charge de la dépouille, l’étudiant en médecine cherche désormais à comprendre les raisons du décès de son compatriote le 10 janvier dernier.
Partis de Guinée, "pour fuir, selon Tall, la misère et la violence", Mamadou et un de ses amis, Ibrahim, avaient réussi à embarquer sur un navire au large du Sénégal. De ports en ports, les deux jeunes migrants tentent en vain de débarquer dans plusieurs villes européennes avant d’arriver à Marseille. Nouveau refus. Les deux amis décident de se jeter à l’eau. Épuisé, Mamadou se noie. Par miracle, Ibrahim est rescapé.
Une autre plainte déposée
"Au minimum, c’est de la non-assistance à personne en danger. Au pire, on les a poussés à la mort", dénonce Tall, certain de la mauvaise prise en charge de de la police de l’air et des frontières (PAF) le soir du drame. Assisté de la Ligue des droits de l’homme (LDH), Ibrahim, a déposé mercredi une plainte au parquet de Marseille par l’intermédiaire de son avocate. "Ils ont été pris en charge par la PAF avant d’être remis ipso facto dans le bateau", précise Jean-Claude Aparicio de la LDH. "Ce n’est pas normal, on aurait dû leur lire leurs droits et les placer dans une zone d’attente", assure-t-il.
Après étude de la plainte, le parquet pourrait ouvrir une enquête préliminaire ou une information judiciaire. Une autre plainte de la famille de la victime devrait être déposée dans les prochains jours. "Il faut que justice soit faite", presse Minkael Doukouré, président du programme pour l’aide au développement en Guinée basé à Aix-en-Provence. "Ce qui est arrivé à Mamadou, ce n’est que la partie visible de l’iceberg car d’autres migrants sont concernés. Ce drame ne doit plus se reproduire", alerte-t-il.