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ALIOUNE TINE, PRÉSIDENT DE LA RADDHO : «Des chefs d'État cyniques et immoraux s'assurent de la loyauté et du soutien des forces armées pour détruire les institutions»

Pour un coup d'État non condamné au Niger- démarche atypique -, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho) invoque le caractère libérateur de ce putsch. Et son président Alioune Tine, se laissant plutôt aller à une condamnation sans appel de tous ces «leaders et élites politiques en Afrique» qui sont devenus «les véritables sources d'instabilité» dans leurs pays, par «leur violation des normes de l'État de droit, l'instrumentalisation de la Constitution et leur volonté cynique d'imposer à leur pays une succession dynastique». Ce sont ceux-là «les véritables causes du retour des coups d'État militaires». Ces «chefs d'État cyniques et immoraux (qui) s'assurent de la loyauté et du soutien des forces armées pour détruire les institutions». D'où la nécessité de «produire une alliance entre démocrates et forces de sécurité» pour protéger les institutions «contre des actes de haute trahison de chefs d'État sans scrupules qui n’hésitent pas, par leurs comportements, à créer des tensions politiques et des conflits armés», plaide-t-il.





Vous n'avez pas condamné le coup d État au Niger, un fait rare pour des défenseurs des droits de l'Homme et chantres de la démocratie. Pourquoi ?


Depuis le lancement et la mise en œuvre de la «tazarce» (qui signifie la continuité du régime) avec la dissolution de l'Assemblée nationale le 26 mai 2009 et la dissolution de la Cour constitutionnelle le 12 juin 2009, nous avons assisté au Niger à un véritable coup d'État et à la mise en place d'une dictature civile, avec un régime d'exception qui suspend pratiquement toutes les institutions. Toute la Communauté internationale, à commencer par la Cedeao, a épuisé toutes ses ressources en matière de diplomatie. L'Union européenne a appliqué des sanctions économiques, mais rien n'a fait fléchir le président Tandja. Mieux ou pire, la Cedeao est allée jusqu'à déclarer la fin légale du régime de Tandja et a nommé Abdou Salami Aboubacar comme médiateur pour faciliter la résolution des crises. Le président Tandja est resté inflexible, intransigeant sur la remise en question de la Vle République adoptée sur une base inconstitutionnelle



Donc, la communauté internationale a échoué à faire respecter la Constitution ?


L'impasse politique était totale et l'impuissance de la Communauté africaine et internationale également totale. Quand le coup d'État est arrivé, ça a été un grand soulagement pour les Nigériens d'abord et la plupart des organisations de la société civile du Niger qui ont estimé que c'était la seule façon pour débloquer la situation. Condamner ce coup d'État qu'on peut considérer comme un coup d'État libérateur est dans le meilleur des cas mal aisé et dans le pire des cas hypocrite. Parce que le problème, aujourd'hui, est de savoir que certains leaders et élites politiques en Afrique, par leur mal-gouvernance, leur violation des normes de l'É­tat de droit, de la démocratie et des droits de l'Homme, leur instrumentalisation de la Constitution et leur volonté cynique d'imposer a leur pays une succession dynastique, sont les véritables sources d'instabilité et les véritables causes du retour des coups d'État militaires. En fait, c'est leurs comportements totalement néfastes pour les institutions, pour l'État et pour la République qui font que les coups d'État militaires sont accueillis avec enthousiasme. Aujourd'hui, la véritable tâche de la Cedeao et de l'Union africaine est de combattre à visage découvert ces nouveaux prédateurs et ces nouveaux dangers pour la construction de l'Afrique. Le combat des peuples et des citoyens africains est de se mobiliser pour promouvoir la démocratie et les droits de l'Homme.




N’y a-t-il pas quelque chose de paradoxal - même si certains coups d'État sont libérateurs - que la Cedeao s'assied sur les positions de principe en conditionnant la non-condamnation des coups d État à une organisation de la transition démocratique ?


La grande question qu'on se pose, avec la régression démocratique en Afrique, c'est le fait que des chefs d'État cyniques et immoraux s'assurent de la loyauté et du soutien des forces armées et des forces de sécurité pour détruire les institutions, mener l'État à la faillite et installer l'instabilité, l'insécurité et la misère. Car, seuls les rapports de force les maintiennent au pouvoir par des répressions qui ont souvent un impact humain considérable avec la violation des libertés fondamentales, des atteintes aux droits à la vie, le recours à la torture, mais également l'impunité totale assurée à leurs auteurs. Dans ces situations, il n'y a que le rapport de force pour mettre fin au régime. La question est de savoir si on ne peut pas faire l'économie d'un coup d'État. Prenons l'exemple du Niger, quand le Conseil constitutionnel, en vertu de l'article 136 de la Constitution, a annulé le décret de convocation des électeurs pour le Référendum du 4 août, le problème, c'est la force dont dispose la Cour constitutionnelle pour faire appliquer une telle décision de justice au Président Mamadou Tandja. Si l'État-­major général des armées avait produit un simple communiqué pour exiger le respect par le président Tandja de la décision de justice, on n'en serait peut-être pas là. C'est cette équation à laquelle la plupart des États africains sont confrontés. Comment produire une alliance entre démocrates et forces de sécurité pour protéger, renforcer et défendre les institutions contre des actes constants et caractérisés de haute trahison de chefs d'État sans scrupules qui n'hésitent pas, par leurs comportements, à créer des tensions politiques et des conflits armés. Cette difficile équation ne peut être résolue par la Cedeao où la composition des chefs d'État est très hétérogène, ni par l'armée toute seule, ni par les partis d'opposition tout seuls, ni par les démocrates au sein des partis au pouvoir tout seuls, ni par la société civile toute seule. Mais par la jonction de toutes les forces vives pour combattre les violations de l'Etat de droit, de la démocratie et des droits de l'Homme, avec le soutien actif et vraiment désintéressé de la Communauté internationale.




Finalement, est-ce qu'un peu partout, les militaires ne vont pas se dire : on va putscher et s'inscrire dans une logique de transition démocratique afin d'échapper à la réprobation internationale pour ensuite verser dans le dilatoire ?


Pour nous, la vocation des militaires n'est ni de gouverner, ni de restaurer la démocratie. Ça, c'est l'affaire des civils. Dans une situation complexe où les militaires sont amenés à prendre le pouvoir, du fait de l'échec des élites politiques, nous considérons que le gouvernement de transition doit être exclusivement composé de civils, que les organes de transition comme les Assemblées constituantes doivent être également l'affaire des civils. Le rôle des militaires est un rôle de régulation et d'arbitrage pour que toutes les décisions et les résolutions prises par les organes délibérants de la transition puissent être appliquées par tous. C'est ce que l'on attend de la junte militaire au Niger. S'ils essayent de rester au pouvoir, ils seront eux-mêmes victimes de coup d'État, comme c'est le cas avec Maïnassara Barré en 1999 ou Robert Guéi en 2000, on peut également citer le cas récent de Dadis en Guinée-Conakry. Les peuples africains supportent de plus en plus mal l'escroquerie politique et la confiscation du pouvoir.




Ne voit-on pas également au Sénégal ce que vous dénoncez comme aveuglement de l'élite politique cynique qui cherche à s'éterniser au pouvoir par la violation des normes de l’État de droit ?


Vous savez que ce serait une lapalissade que de ne pas reconnaître que le Sénégal connaît une véritable régression en matière de démocratie et, ces derniers temps, nous avons assisté à un véritable phénomène de désinvestissement et de dérégulation institutionnels, d'affaiblissement, voire de néantisation des mécanismes nationaux de promotion et de protection des droits humains. Nous assistons, depuis quelque temps, à un processus de réversion et de rétroversion historique, car le seul fait de poser le débat sur la succession du président Wade, sur la base du critère biologique est du sang, est le comble de ce processus de dégradation. Le fait qu'en 2007 l'opposition significative ait boycotté l'élection de l'Assemblée nationale, en lui ôtant une bonne part de son rôle et sa légitimité et en plaçant le débat politique sénégalais dans un cadre non institutionnel, participe également de la dégradation politique dans ce pays. Car, en 1978, date où l'on a connu les premières élections démocratiques multipartites - bien avant l'écrasante majorité des pays sur le continent africain - l'opposition de l'époque comptait dix-huit députés à l'Assemblée nationale. Historiquement, le Sénégal a connu une trajectoire politique exceptionnelle, à nulle autre pareille en Afrique. Donc, nous, Sénégalais, hommes politiques, société civile, nous devons faire preuve de plus d'humilité en dialoguant, en posant avec sérénité les pathologies institutionnelles du passé et du présent pour les traiter avec responsabilité, sérénité et lucidité. Et ce processus, c'est le président Wade, lui-même, qui doit en prendre l'initiative. Ce qui lui reste aujour­d'hui, c'est ce qu'il doit léguer à la postérité, en termes d'éthique politique et d'éthique de responsabilité, et de faire en sorte de quitter le pouvoir comme ses prédécesseurs l'ont fait, dans la dignité et l'honneur.




La même situation semble se poser en Côte-d’Ivoire où la présidentielle est sans cesse reportée...

C’est vrai, c’est le septième report de l’élection présidentielle, qui constitue un enjeu majeur pour l'avenir de ce pays, car c'est l'ultime chance de sortie de crise. Toute cette confusion qui règne s'explique beaucoup par les ratés de la succession à la tête de l'État du président Houphouët-Boigny, un président qui était branché sur l'éternité, qui a régné pendant trente-trois ans sur la Côte d'ivoire. L'autre raison, c'est un leader d'opposition qui a fait vingt-quatre ans dans l'opposition et des héritiers houphouétistes qui, faute de vision politique, ont instrumentalisé les zones indécises et irrationnelles, notamment les zones identitaires, nationalité, ethnie, religion, région. Troisièmement, ce sont les ressources qui font de la Côte d'Ivoire un pays stratégique auquel la France est très attachée, d'où également sa part prépondérante dans la gestion de la crise ivoirienne par la Communauté internationale. Tous les poids lourds politiques de la Côte ­d'ivoire partagent à peu près la même culture politique du leader charismatique et du parti unique que Houphouët-Boigny. Tous sont virtuellement branchés sur l'éternité. Pour le reste, on doit absolument aller vers des élections et recommander à ces leaders de se préparer psychologiquement à la banalisation de l'échec. A commencer par Gbagbo, qui ne semble guère préparé à un retour à l'apposition.





Bara Tall, Youssou Ndour, Serigne Mboup Ccbm, Pierre Goudiaby Atépa... Le mot d'ordre du pouvoir semble être : démolissez les bâtisseurs. Que dites-­vous de cette entreprise de liquidation de piliers de l'économie ?


Bara Tall Youssou Ndour Serigne Mboup Ccbm Pierre Goudiaby Atépa, on ne peut rester indifférent à la trajectoire exceptionnelle et remarquable de ces chefs d'entreprise qui ont tous une stature internationale, aujour­d'hui, qui ont investi ici au Sénégal, qui ont créé des richesses et des emplois ici au Sénégal et qui sont des fiertés pour l'Afrique. Il n'existe pas de stratégie de politique de développement national, sans la promotion et le soutien des chefs d'entreprise et de ce que vous appelez «les bâtisseurs». Eux aussi font partie de ce que les anglophones appellent la société civile et l'Union européenne désigne aujourd'hui par les acteurs non-étatiques. Les pays africains devraient considérer cette sphère comme des secteurs à part entière, des institutions, pour trouver un cadre permettant leur épanouissement le plus total dans la gouvernance globale du pays. Considérant leurs problèmes, aucun segment de la société ne peut rester indifférent. Et comme je le disais auparavant, le moment est venu, également au Sénégal où l'on se trouve à la croisée des chemins, que les démocrates se retrouvent pour réfléchir d'abord et pour agir ensemble avec efficacité, pour la démocratie et la défense des institutions de la République. Aujourd'hui, il n'est pas admissible pour le Sénégal, qui est un pays pauvre, que des attaques ciblées et répétées puissent acculer des gens comme Bara Tall à s'exiler en Gambie ou en Angola, comme Youssou Ndour à dépenser prés d'un milliard de francs sans que sa télévision -que le public et beaucoup de journalistes, de cameramen, de chauffeurs attendent avec impatience - soit tout simplement interdite de façon arbitraire. Que Pierre Goudiaby Atépa, naguère architecte du président et conseiller sur des questions comme la Casamance, fasse l'objet d'attaques irrationnelles et que Serigne Mboup fasse l'objet d'un ostracisme. Tout cela est intolérable et inacceptable. Maître Wade doit faire preuve de beaucoup de lucidité et de discernement pour éviter que l'accumulation des fronts ouverts contre tous ceux qui tiennent à leur indépendance et à leur dignité, que l'accumulation des hostilités inutiles n’élargissent la base sociale des victimes de l’alternance et ne finissent par créer des tensions politiques et sociales difficiles à gérer.



 

Les violences deviennent le lit naturel du cours politique, une situation que tout le monde condamne. Comment l'expliquez-vous ?


La violence politique s'explique beaucoup par le manque de cohérence, de lisibilité et aussi par l'impression d'un ras-le-bol global par rap­port aux dérives multiples qui ont caractérisé l'exercice du pouvoir ces derniers temps au Sénégal. Agressions contre les journalistes ou les groupes de presse, agression contre des hommes politiques. La non-existence d'un dia­logue politique depuis des années qui accentue la suspicion, les malentendus ou, pire, la haine. L'immixtion de l'Etat dans les questions religieuses et confessionnelles qui donnent de plus en plus l'impression que nous ne sommes plus dans un État laïc. A cela, il faut ajouter toutes les difficultés liées à l'existence avec des problèmes sociaux auxquels les Sénégalais sont confrontés quotidiennement, dans les banlieues, en milieu rural et qui n'épargnent même plus les classes moyennes. D'où encore une fois l'intérêt pour saisir l'opportunité du cinquantième anniversaire pour faire ensemble le bilan de nos pathologies, leurs sources, leur diagnostic, mais surtout leur traitement. C'est aujour­d'hui la voie du salut.





Depuis quelques mois, l'agitation politique croît tant qu'on se serait cru en campagne électorale avant l'heure. N'est-ce pas déplorable ?


Ça, c'est le grand problème du Sénégal, avec ses 157 partis politiques, ses différentes organisations de la société civile, ses différents syndicats. C'est ce qui fait que nous avons beaucoup de présidentiables, beaucoup d'ambitions politiques. Sans compter les médias, avec l'existence de beaucoup de quotidiens, donc il ne faut pas s'étonner que, pour exister, il faut toujours parler haut et fort. L'autre grand problème, qui n'est pas seulement celui du Sénégal, mais celui des leaders africains globalement, une fois qu'on est au pouvoir et qu'on en goûte les délices, on ne veut plus partir, Senghor est resté vingt ans, Diouf a fait dix ­neuf ans, Abdoulaye Wade, lui, semble branché sur l'éternité. Donc notre problème, c'est comment faire face à la fragmentation politique et sociale et comment banaliser le pouvoir de sorte que, quand on fait dix ans, on laisse le soin à quelqu'un d'autre de tenter sa chance





Quelle est votre position sur le dialogue politique que le président veut renouer ?


Notre position est très claire, il est irresponsable, aujourd’hui, d’instrumentaliser le dialogue politique national de jouer avec ou d’essayer de rouler son adversaire politique dans la farine. Le Sénégal traverse une crise complexe et multiforme qui affecte tous les secteurs de la vie économique et sociale, c'est peu de dire, aujourd'hui, que les Sénégalais sont fatigués des querelles politiciennes de plus en plus improductives et sans impact réel. La crise institutionnelle qui sévit au Sénégal est sans précédent depuis l'indépendance, on ne compte plus le nombre de fois que la Constitution a été changée. Ce qui fait la force d'une institution, c'est sa reconnaissance par tous, le lien qu'elle établit avec tous et surtout quand elle répond à sa fonction. Que ce soit la fonction présidentielle, l'Assemblée nationale, de même que là Justice, la question casamançaise, le départ de la base française, le processus électoral, les relations entre la religion et l'Etat, la question de la Charte de gouvernance chère aux Assises, sur toutes ces questions, les Sénégalais ont besoin de dialoguer, pour dégager des consensus forts qui approfondissent la cohésion nationale et la paix civile. Le Sénégal est pratiquement entouré aujourd'hui de pays défaillants et de pays en crise, ce qui le rend plus vulnérable. Le contexte intérieur et extérieur doit amener la classe politique sénégalaise à taire les querelles politiciennes pour aller à l'essentiel, c'est-à-dire faire face aux menaces internes et externes, avant qu'il ne soit trop tard.





Wade dit que cet appel, le 19e, sera peut-être le dernier. Ne va-t-on pas vers une accentuation du raidissement dans les deux camps, opposition et pouvoir ?


Je crains sincèrement qu'on en arrive à cette extrémité qui forcément conduit à la haine et à la confrontation violente, ce qui serait une catastrophe pour ce pays. Il faut reconnaitre à Wade d'avoir fait preuve de persévérance dans les différents appels qu'il adresse à l'opposition. Mais il faut absolument que le président Wade soit sincère et évite les ruses politiciennes du passé qui expliquent la réticence et la défiance de l'opposition. C'est pour cela que nous saluons l'appel du Khalife général des Tidianes. D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que les chefs religieux s'impliquent pour le dialogue politique. Lors du lancement du Pacte républicain, en 2006, Serigne Abdou Aziz Sy Junior et Monseigneur Théodore Adrien Sarr avaient prononcé un discours mémorable en présence de Thierno Madani Sy qui représentait son père feu Thierno Mountaga Tall. L’implication des autorités morales et spirituelles va certainement amener le président de la République et les leaders de l’opposition à faire du dialogue une priorité nationale. Il est temps de s’y engager et de faire des représentants des autorités religieuses et des représentants de la société civile des observateurs chargés de veiller au bon déroulement du dialogue et à l’application des décisions les plus consensuelles qui en seraient issues. Le Sénégal doit absolument restaurer son leadership en matière de démocratie, d'Etat de droit et des droits de l'Homme, pour en finir avec le syndrome de l'exception sénégalaise en décadence qui nous pend au nez chaque fois nous regardons autour de nous. Seul le dialogue politique pourra nous permettre de restaurer notre image d'antan de «premier de la classe».





Wade tergiverse à propos de l’architecture institutionnelle, notamment la vice-présidence. Il la crée, mais s'empêtre dans des calculs politiciens, qu'est-ce que cela vous inspire ?


Ecoutez, la vice-présidence est une institution totalement inutile; et l'attitude du Président de la République, depuis que ce poste existe, le prouve à satiété. Maintenant, c'est devenu un objet attrape-mouche pour les femmes et pour Idrissa Seck.



La situation en Casamance. Les accrochages s'intensifient entre le Mfdc et l'armée, Wade s'entête à croire qu'on n'a jamais été aussi proche de la paix. N'est-ce pas de la courte vue ?


Par rapport à la question de la construction de la paix en Casamance, nous devons tous faire preuve d'humilité, car voilà le conflit de basse intensité qui a duré le plus longtemps sur le continent africain, sans qu’aucune solution concrète ou définitive ne soit trouvée. Le président Wade, dans le passé, avait preuve d'une grande capacité d'écoute et de concertation, mais, depuis la signature de l'accord de paix de décembre 2004, on a vu la plupart, des acteurs impliqués dans le processus de paix exclus des concertations. Si, l'Etat, la société civile, les divers acteurs du conflit casamançais n'arrivent pas à réajuster leur vision commune de la paix, il sera extrêmement difficile d'avancer. Si chacun travaille et se débrouille de sen côté, souvent dans la compétition, sans cohérence et sans coordination, dans cent ans, on sera encore là à parler de la paix en Casamance. Aujourd'hui que la situation s'est bien dégradée en Casamance et que les religieux eux-mêmes, tout particulièrement Touba et Tivaouane, s'impliquent, nous pouvons dire que la question est désormais reconnue par tous comme une question nationale, ce qui est une excellente chose. Donc le moment est venu pour le président Wade de créer un mécanisme de nature à susciter une vision commune de la consolidation de la paix. Maintenant, c'est à lui d'examiner les modalités de sa mise en œuvre et de son application. Le domaine de la construction de la paix est justement celui-là même où l'exclusion et l'exclusivisme doivent être bannis.



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