18 Avril 2011
Le Samedi 16 avril 2011 au palais du peuple, le Président de la République le Pr Alpha Condé a rencontré les commerçants,
cambistes, vendeuses et métiers similaires. Lors de cette rencontre, de nombreuses questions liées à la vie économiques guinéennes : difficultés et approches de solutions ont été
exposées.
D’entrée de jeu, c’est le Ministre du commerce, Mohamed Dorval
Doumbouya, qui prendra la parole, après le souhait de bienvenue, le ministre a exprimé l’honneur pour son Ministère de voir cette rencontre se réaliser entre le Président de la République et les
acteurs économiques. « Les
commerçants et cambistes et tous ceux qui n’ont pas pu faire le déplacement et ceux de l’intérieur du pays, considèrent cet espace du donner et du recevoir comme l’occasion permettant de lever
l’équivoque entre le gouvernement et le du secteur privé... Avec vous M. le Président, nous avons la ferme conviction que le développement de la Guinée repose sur le ferment humain, la motivation
et l’imagination. Le secteur du commerce recel un potentiel humain qui constitue son meilleur gage d’avenir. Ce secteur va continuer à se construire, à s’organiser pour mieux s’exprimer
».
Après le Ministre, ce fut au tour de la représentante des
commerçants qui, après avoir brossé l’etat de la conjoncture économique internationale, est revenue sur les difficultés rencontrées par les commerçants en Guinée, surtout avec la montée des
devises. « M. le Président, nous
voulons vous dire deux choses : premièrement la hausse des prix n’est pas un problème spécifique à notre pays, partout les prix ont grimpé, le problème est mondial, mais certes il nous incombe
gouvernement et operateurs économiques de trouver la solution à un problème posé dont les tenants et les aboutissants nous échappent tous. Deuxièmement, nous sommes les premiers à en pâtir de la
hausse des prix, quand la devise fait des vas et viens, nous ne sont pas rassurés à reconstituer notre fond de commerce pour importer à nouveau ». Ensuite, elle a au nom de ses collègues operateurs économiques,
plaidé pour la relance de l’Agriculture et la mise en place d'industries agro-alimentaires.
Une autre représentante des commerçants est intervenue en langue Soussou pour intervenir sur certaines difficultés rencontrées par les
commerçants en matière de visas pour voyager en France. Elle a expliqué que pour voyager à l’extérieur ,il faut envoyer son passeport une semaine au préalable à Dakar, avant d’avoir le visa.
Aussi pour rentrer dans l’Ambassade de France, payer 375.000 pour s'en voler dans ''Air France''. Elle a aussi évoquée le cas des victimes de l’accident d’Avion de Cotonou où des guinéens avaient
perdus la vie. Drame qui est impuni et sans suite. Elle a ensuite soulevée le cas des 357 usines de la Guinée qui ont été vandalisées par les autorités guinéennes, qui fait qu' aujourd’hui que le
pays importe tout.
Le Représentant des cambistes quant à lui, a dans son discours, indiqué l’adhésion des cambistes au programme du Président de la République.
Il a ensuite indiqué les quelques difficultés rencontrées par les changeurs dans la pratique de ce métier. « Les cambistes adhèrent à votre programmes de
développement socio-économique, loin de contribuer à la dépréciation de la monnaie nationale, les cambistes ont toujours été des acteurs incontournables qui ont œuvré pour l’équilibre de notre
système de gestion économique ». Pour les mesures il a annoncé : « L’indentification et la mise en place des
responsables dans les zones d’évolution des cambistes, le recensement général des cambistes en de la réinsertion des monnayeurs de rue dans les bureaux pour leur suivi, l’initiation de la tenue
correcte des documents de gestion. Les difficultés sont : les actes de banditismes, le non accès au marché interbancaire de devise, la facturation en dévise par certains établissements, sociétés
et personnes physiques, la concurrence déloyale, la hausse de la caution ».
Le représentant de la communauté libanaise pour sa part, a exprimé
la volonté de l’opérateur économique libanais à accompagner le gouvernement dans sa politique commerciale. « Nous travaillons étroitement main dans la main
avec nos frères et sœurs guinéens. Les places sont réservées aux operateurs libanais dans toutes les institutions guinéennes, nous vous en remercions du fond du cœur. Les défis sont nombreux, les
tâches sont immenses. Le secteur privé guinéen a connu des années difficiles, Dieu merci il est encore sur pied. Nous nous engageons avec les frères et sœurs guinéens à nous mettre à la
disposition de l’autorité dans le sens du redressement national et du développement économique dans l’intérêt supérieur de la nation ».
Le Président de la République a son tour est monté au créneau pour donner satisfaction aux différents problèmes posés. En premier, il a abordé
celui de la devise. Il a émis le ferme engagement de l’Etat à bannir certaines pratiques afin de valoriser la monnaie nationale. « Il y a un certain nombre d’habitude que le
gouvernement va interdire : Premièrement plus personne ne demandera que son loyer soit payé en devise, mais en francs guinéens. Nous n’accepterons plus que les commerçants facturent en dollars ou
en euros, on est en Guinée on facture en GNF. »
En réponse à la communauté libanaise, le Pr Alpha condé les a
suggéré l’exemple ivoirien, qui consiste à ne pas seulement importer, mais aussi mettre en place des usines de production. « Vos frères à Abidjan construisent des industries,
ils produisent sur place ce qui est consommé en Côte d’Ivoire, pourquoi vous ne faites pas la même chose ici. La monnaie ne peut pas avoir de valeur, s’il n’y a pas de production.
»
Pour la lutte contre l’inflation, le Pr Alpha Condé a annoncé la relance de l’agriculture qui, pour lui, est un facteur essentiel et voir
incontournable. Ainsi pour lui, cela ne peut passer que par un paysanat fort ayant les moyens nécessaires. « Pour que la monnaie est de la valeur, il faut que nous produisions ce que nous consommons et que nous consommons ce que
nous produisons ».« Pourquoi le mali qui n’a pas d’eau peut être autosuffisant et que nous continuons à importer le riz ? A la rencontre avec les paysans, ils nous ont posé trois problèmes :
intrants, herbicides et moyens de production et prix usuriers. Nous allons faire de notre mieux, nous avons déjà commencé à faire venir les engrais, les engrais sont à Kankan. Nous sommes en
train de louer des camions pour envoyer des engrains dans toutes les régions ». « Quand nous achetons l’engrais à 20.000, nous allons vendre aux paysans à 5 000gnf. Nous allons mettre des
herbicides à leur disposition et un fond de soutien pour qu’ils ne soientt plus obliger d’aller chez les usuriers. Nous allons créer la filière de la production à la consommation ». « Notre
objectif est que dans deux ou trois ans, la Guinée n’importe plus du riz »
Sur la question du commerce, le Président a émis l’intention de
mieux organiser le commerce sans le combattre. Pour lui, il faut empêcher le monopole pour rendre le commerce plus libéral. « Je ne suis contre personne, je suis contre le
monopole, je suis contre le trafic. Certains commerçants sont en complicité avec les douaniers, quand ils envoient 30.000 tonnes, le douanier signale 3 000 tonnes. C’est que nous devons combattre
»
Concernant les banques et les changeurs, le Président a signalé la faiblesse des banques à soutenir le developpemnt économique. Il a aussi
menacé de renvoyer toute banque qui ne sera pas capable d’aider les guinéens et respecter la nouvelle législation qui sera mise en place par la Banque centrale. « J’ai dit à la société générale à paris, que les
Banques ne sont pas pour la Guinée, qu’ils sont contre la Guinée, à la rencontre avec le Ciam. Les Banques participent à la dégradation de la monnaie. Si le banquier lui-même fait la surenchère,
qui joue contre la monnaie ? C’est le banquier. Mais ça c’est la faute à la Banque centrale. Nous avons mis en demeure la Banque centrale, de mettre une législation en place et fixer la marge des
Banques commerciales. Toute Banque qui ne respecte pas cela, je la ferme, même chose pour les changeurs. Nous ne sommes pas contre le change, mais contre le change clandestin. Nous allons faire
désormais que la Banque centrale soit en mesure de donner de la devise aux vrais commerçants qui peuvent importer. Mais nous allons imposer le prix de vente par rapport au prix de la devise
».
Le Pr Alpha Condé a aussi promis la protection du marché national
et des abaissements fiscaux pour encourager les operateurs économiques à investir de plus en plus. « Comme le gouvernement est incapable de taxer l’informel, il surtaxe ceux qui sont dans le formel, et décourage les commerçants.
Il faut que nous organisions un système fiscal qui encourage les gens à investir. C’est-à-dire, plus tu produis, moins tu paies de taxes ».
Enfin, bon nombre de questions, que nous aborderons dans nos
prochains articles,ont été abordées par le Président de la République