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La Guinée nouvelle

Après les élections, la machine à rumeurs s'agite à Abidjan

Des supporteurs de Laurent Gbagbo le 1er novembre à Abidjan

 

 

L'opinion a horreur du vide, et la machine à rumeurs tourne actuellement à plein régime à Abidjan. Deux jours après le premier tour de l'élection présidentielle, toujours aucun résultat, si ce n'est ceux de la diaspora ivoirienne. Ce matin, lors d'une conférence de presse à Abidjan, le chef de la mission d'observation de l'Union européenne, Christian Preda, n'a pas caché son impatience, voire son agacement.

«Il est anormal que, près de quarante-huit heures après la fin du scrutin, les citoyens ivoiriens ne disposent que des résultats en provenance du Danemark ou d'autres pays étrangers, a-t-il relevé. Partout dans le monde, cela va plus vite.» Et de citer l'exemple du Brésil, pays bien plus vaste et plus peuplé que la Côte d'Ivoire qui a voté également dimanche dernier, et dont les résultats ont été connus le soir même. «Les Ivoiriens qui ont attendu parfois quatre à cinq heures pour voter ont droit d'avoir les résultats», a-t-il lancé, pointant du doigt «un décalage entre le comportement exemplaire des citoyens et les institutions».

Légalement, la Commission électorale indépendante (CEI), chargée des opérations de dépouillement et de la proclamation des résultats provisoires, dispose de trois jours pour les annoncer. Le représentant de l'Onu en Côte d'Ivoire, Youn Jin Choi, et les ambassadeurs de l'UE, ont ce matin même tenté de convaincre la Commission électorale de sortir de son silence, en annonçant au moins des données partielles.

Pas de «violations majeures»

Que se passe-t-il au sein de la CEI? Les observateurs de l'UE ont du mal à le savoir. Christian Preda a en effet révélé qu'ils avaient trouvé porte close sur place, contrairement au protocole d'accord signé entre les deux parties dans lequel Abidjan s'était engagé «à donner l'accès à toutes les opérations électorales pour leur observation». Une attitude d'autant plus «regrettable», selon ce député roumain au Parlement européen, que la mission de l'UE n'a, globalement, pas relevé de«violations majeures» des normes internationales durant le premier tour de la présidentielle en Côte d'Ivoire.

Officiellement, une grève surprise des employés de la CEI retarderait le processus. Mais il semble surtout que des dissensions et la méfiance qui règne entre les membres de cette instance - issus des principaux partis politiques - entravent son bon fonctionnement. Le chef de la mission de l'UE, qui avait déployé 120 observateurs à travers le pays, a pris soin de n'évoquer que des retards et des problèmes techniques, tel que l'acheminement de certaines urnes, pour expliquer l'inertie de la CEI.

Abidjan gamberge

Mais il a aussi révélé que, certains de ses membres avaient demandé des vérifications sur le terrain concernant tel ou tel procès-verbal. Ces dernières semaines, la CEI a été très décriée pour son manque de professionnalisme et son opacité. Sa paralysie actuelle nourrit la suspicion des Ivoiriens sur de possibles fraudes, des arrangements inavouables ou le refus d'accepter les résultats de la part des vaincus.

Or, d'après une source diplomatique, il n'en serait rien. Les principaux candidats, soumis à d'intenses pressions diplomatiques, seraient sur le point d'accepter le verdict des urnes: en tête, le président sortant Laurent Gbagbo, mis en ballottage par l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara. A moins que ce ne soit l'inverse... L'ancien président Henri Konan Bédié, lui, serait bien troisième, et donc éliminé. Toutefois, en l'absence de données officielles, ce tiercé reste, en l'état, spéculatif. Et Abidjan continue de gamberger.

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