12 Novembre 2010
Le procureur adjoint de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a souhaité vendredi à Conakry que la Guinée n'entre pas, après l'annonce des résultats provisoires de la présidentielle, dans le même scénario de violences qu'au Kenya en 2007-2008.
La Guinée "achève une période de transition qui est cruciale pour son avenir mais qui, comme nous l'avons constaté ces dernières semaines, pourrait générer de la violence. Les élections pourraient déclencher des crimes relevant de la compétence de la CPI", a déclaré Mme Bensouda devant la presse.
"C'est ce qui était arrivé en 2007 et 2008 au Kenya où nous avons, depuis, ouvert une enquête", a-t-elle souligné, évoquant les violences politico-ethniques (1.500 morts) qui avaient accompagné la réélection contestée du président kenyan Mwai Kibaki à la fin 2007.
"Je me répète : nous ne voulons pas de pareil scénario en Guinée. Dans ce contexte, j'ai rencontré les principaux acteurs qui peuvent contrôler la violence", a expliqué Mme Bensouda.
Elle avait rencontré les deux candidats, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, le président de la transition, le général Sékouba Konaté, le Premier ministre Jean-Marie Doré et le ministre de la Justice, le général Siba Loahalamou. Mme Bensouda s'était également entretenue avec le chef des forces armées, le général Nouhou Thiam, et le commandant de la Force spéciale de sécurisation du processus électoral (Fossepel), le général Ibrahima Baldé.
"Tous se sont engagés à faire leur possible pour éviter toute violence et contrôler les fauteurs de troubles. Nous comptons sur eux et sur l'ensemble des Guinéens", a-t-elle dit.
La Guinée attend de connaître les résultats complets provisoires du second tour de la présidentielle, après une campagne marquée par certains heurts politico-ethniques.
Mme Bensouda venait essentiellement en Guinée pour faire le point de l'enquête menée par les juges d'instruction guinéens sur le massacre commis à Conakry le 28 septembre 2009 (157 morts).
Un rassemblement pacifique organisé par l'opposition avait été réprimé dans le sang par les forces de la junte alors au pouvoir, que dirigeait le capitaine Moussa Dadis Camara. Plus d'un an après, aucun des militaires présumés responsables des exactions n'a encore été inquiété.
"Notre examen préliminaire des crimes commis le 28 septembre 2009 se poursuivra, a assuré Mme Bensouda. Aux victimes, je veux réitérer ce que j'ai dit à mon arrivée en Guinée: les auteurs de ces crimes ne resteront pas impunis".
"Nous continuons d'insister, avec l'ensemble de la communauté internationale, pour que les plus hauts responsables soient traduits en justice", a-t-elle ajouté.