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La Guinée nouvelle

Au Maroc ça se passe comme ça!! Se refaire une virginité comme on s’achète un string.

  Au souk du coin, en moins de cinq minutes et pour moins de 26 euros. On dirait une pub, ce sera bientôt une réalité. L’hymen artificiel, produit chinois digne d’une boutique de farces et attrapes, risque de faire fureur sur le marché informel marocain. Quèsaco ? Une petite poche translucide de quelques centimètres de large contenant du liquide rouge, placée à l’intérieur du vagin environ vingt minutes avant le rapport sexuel. Sous l’effet de la chaleur corporelle, la membrane se dilate et, lors de la pénétration, une sensation de défloration est ainsi recréée, le liquide rouge se répand, imitant la rupture de l’hymen et tachant de quelques gouttes les draps. Le tour est joué pour une somme modique.

Ce produit d’origine japonaise, conçu dans les années 1990 par un fabricant d’accessoires coquins, était proposé comme sex-toy pour couple débridé. Mais la société chinoise Gigimo, qui propose une livraison dans le monde entier, sous pli discret, pour 21 euros, a saisi le potentiel commercial d’un tel produit dans les pays musulmans. Bien décidé à pénétrer ces marchés, Gigimo s’est offert, fin septembre, une publicité – en arabe – sur les ondes égyptiennes. Stupeur dans les chaumières. La presse locale enfonce le clou en affirmant que le produit serait bientôt disponible sur le marché pour 10 euros. Scandale dans le landerneau politique. Les députés conservateurs montent au créneau. Le cheikh Sayed Askar, membre des Frères musulmans et de la commission parlementaire des Affaires religieuses, demande au gouvernement l’interdiction d’importer et de commercialiser ce produit “dangereux”, qui permettrait aux femmes de “succomber à la tentation du vice”. La polémique franchit vite les frontières et arrive au Maroc avant même le produit incriminé.

“Depuis quelques semaines, je reçois des patientes qui me demandent mon avis sur cet hymen artificiel. Elles veulent savoir s’il existe des risques pour leur santé et où se le procurer”, raconte Aboubakr Harakat, sexologue à Casablanca. Ne relevant pas du domaine médical, c’est sur le marché informel que le produit pourrait être disponible. Mais, pour l’heure, l’hymen chinois n’a pas envahi les étals comme les autres produits made in China. “Vous ne trouverez pas ça ici”, lance, catégorique, le propriétaire chinois d’une boutique du souk casablancais, se faisant presque menaçant. Pourtant, dans ce quartier, tous semblent bien connaître Gigimo. A la vue de la photo, les vendeuses sourient jaune. “Les Chinois sont extrêmement méfiants. Ils ont conscience que la virginité est un sujet sensible et ne commercent qu’avec des acheteurs qu’ils connaissent bien”, confie un employé d’une échoppe chinoise, convaincu que le produit circule en petites quantités, même s’il n’en a pas vu lui-même. Quelques portes plus loin, un autre commerçant, marocain, lâche : “Cela n’existe pas au Maroc. C’est bloqué à la douane.” A-t-il tenté de l’importer ? Impossible d’en savoir plus.

Il n’en fallait pas plus au Conseil des oulémas de Rabat, qui, fidèle à l’adage “mieux vaut prévenir que guérir”, n’a pas attendu pour se prononcer sur le sujet. Sans surprise, il condamne cette “brèche ouverte” aux relations illégitimes. Dans une fatwa émise fin octobre, ces gardiens du temple religieux réaffirment que, selon le Coran, “l’hymen ne peut être recousu” et déclarent que l’utilisation d’un hymen artificiel est une “tricherie interdite” qui porte “atteinte aux principes et valeurs de l’islam”. Les oulémas s’attaquent aux utilisatrices et aux vendeurs du gadget, qui portent préjudice aux maris. Mais les théologiens ne sont pas unanimes. Pour Abdelbari Zemzami, député islamiste du Parti de la renaissance et de la vertu, l’hymen artificiel peut être licite pour les femmes victimes de viol ou en cas de perte accidentelle de la virginité. Et l’ancien imam d’ajouter qu’il n’existe pas d’obligation d’en informer l’époux. “Le mariage est souhaitable dans l’islam, et tout moyen pour y parvenir est légitime”, a-t-il expliqué dans la presse. Les artifices de simulation de la virginité se banaliseront suffisamment pour que l’hypocrisie sociale sur ce sujet s’arrête, se prête à rêver Aboubakr Harakat. “Ce produit aura peut-être le mérite d’ouvrir un débat de société sur la virginité”, estime le sexologue. Qui conclut : “A ce rythme, dans deux ou trois générations, la virginité sera tombée aux oubliettes.”

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