La Guinée nouvelle
4 Mars 2010
Les évêques du Burkina Faso ont mis en garde hier contre une révision de
la Constitution burkinabè pour en supprimer la limitation à deux des mandats présidentiels.
"Il y a lieu de se poser la question à qui profiterait un retour en arrière en amendant de nouveau l’article 37 (de la Constitution) pour y faire sauter la limitation des mandats présidentiels
consécutifs", écrivent les évêques dans un texte publié sur "une révision possible" de la Constitution.
"Les graves soubresauts qui ont mis en danger la paix sociale commandent à tous plus de vigilance et de retenue", ajoutent-ils.L’article 37 de la Constitution burkinabè limite le nombre de
mandats présidentiels à deux quinquennats.
En matière constitutionnelle, "tout changement doit viser le bien commun et non les avantages de groupes particuliers", indiquent les évêques, très influents au Burkina Faso.Ils se demandent si
une révision constitutionnelle "garantirait (elle) la paix sociale ou nous conduirait (elle) devant les mêmes turbulences qu’en 1998", des incidents qui ont suivi l’assassinat du journaliste
Norbert Zongo. La Constitution burkinabè votée en 1991 limitait le nombre de mandats présidentiels à deux septennats. En 1997, le pouvoir l’avait modifié pour supprimer cette disposition.
Mais suite à l’assassinat de Norbert Zongo en 1998 et aux manifestations violentes qui ont suivi dans le pays, le président Blaise Compaoré avait été obligé de réintroduire la limitation des
mandats présidentiels en 2002.Le parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (Cdp), n’a pas caché lors de son congrès d’août sa volonté de modifier la Constitution pour en
supprimer la limitation des mandats présidentiels.
"La limitation du mandat présidentiel est antidémocratique, avait déclaré début février à la presse son président, Roch Marc Christian Kaboré. Le président Compaoré, au pouvoir depuis 1987, a été
élu en 1991 et réélu en 1998 et 2005. Il devrait briguer un dernier quinquennat à la prochaine présidentielle fixée au 21 novembre 2010. Une éventuelle suppression de la limitation des mandats
l’autoriserait à briguer un nouveau mandat en 2015.