11 Février 2010
Mais où est donc passé le secrétaire général de l’Elysée? Régulièrement, le plus souvent le week-end, Claude Guéant disparaît de Paris. Ses destinations sont aussi discrètes que variées: Damas, Doha, Kigali, Libreville, Luanda. Le bras droit de Nicolas Sarkozy est l’homme des missions les plus secrètes. Celles qui touchent au cœur du domaine réservé de l’exécutif, la politique étrangère.
De fait, Claude Guéant double tous ceux qui, sur le papier, sont censés mettre en musique la diplomatie française. A commencer par le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. L’ex-french doctor a bien protesté au début, notamment lorsque, au beau milieu d’une harassante mission de bons offices au Liban, il apprit à brûle-pourpoint que l’éminence grise de Sarkozy était à Damas. Rien n’y a fait.
Dernière et cruelle illustration en date, la récente tournée de Kouchner sur le continent africain. Celle-ci devait s’achever en Côte d’Ivoire, avec laquelle l’ancienne puissance coloniale tente de se rabibocher. Mais au dernier moment, cette étape a été annulée, officiellement en raison d’un nouveau retard dans le processus devant conduire à des élections, attendues depuis des années. En réalité, le président Laurent Gbagbo ne veut voir que Claude Guéant, autrement dit l’homme qui a l’oreille de son homologue français.
C’est ce même Claude Guéant qui, juste avant Kouchner, s’était rendu à Kigali auprès de Paul Kagame pour sceller la réconciliation entre la France et le Rwanda, après des années de brouille entre les deux pays. Désormais, le ministre français des Affaires étrangères ne s’en offusque même plus.
Le rôle diplomatique de Claude Guéant est apparu en pleine lumière dès le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy. En juillet 2007, c’est lui qui négocie et obtient la libération des infirmières bulgares détenues en Libye, grâce à ses contacts établis de longue date avec des responsables des services de renseignement locaux. Il est aussi intervenu, avec des fortunes diverses, dans les dossiers d’Ingrid Betancourt, du soldat franco-israélien Gilad Shalit ou encore de Clotilde Reiss, la jeune Française arrêtée en Iran.
Avec le Moyen-Orient, c’est l’Afrique qui accapare l’agenda du secrétaire général. Le Président lui a délégué les entretiens avec les dirigeants du pré carré, qui appellent pour un oui ou pour un non, comme le Sénégalais Abdoulaye Wade ou le défunt président gabonais Omar Bongo. Mais Guéant est aussi précieux pour recevoir en catimini les nouveaux venus, surgis à la faveur d’un coup de force, tel le colonel Mauritanien Aziz ou le Malgache Andry Rajoelina, aiguillés jusqu’à lui par l’avocat Robert Bourgi. Au risque du dérapage. En septembre dernier, quelques jours avant un massacre commis par l’armée en Guinée, Guéant avait reçu le numéro 2 de la junte à l’Elysée.