25 Janvier 2010
SALAM DIALLO: « J'ai 12 enfants "yu bokul ndey" »: ( Qui n'ont pas la même mère,
NDLR)
Abdou Salam Diallo : Cet anniversaire, ils l'ont fait sans m'en informer. Il faut que ça soit très clair. C'est moi qui ai pris mon télé phone pour appeler hier (Ndlr : l'entretien a eu lieu
mardi dernier) Ndiaga Samb, le manager d'Abou Thioubalo. Ce dernier s'est excusé et a soutenu avoir, à plusieurs reprises, essayé de me joindre sur mon portable, sans succès. Ce qui est vrai. Car
moi, quand je ne reconnais pas un numéro je ne décroche pas.
Et pourquoi vous ne décrochez pas ?
Je suis comme ça. Vous savez, ce soir par exemple, j'ai une soirée et je dois me préparer. Mais il arrive que des fans m'appellent pour me dire des mots du genre «tu me plais», tout en prenant
leur temps. Et je ne pourrais pas être incorrect avec eux, surtout qu'ils voudront te passer toute la famille. Chaque jour, il me faut commenter mes soirées sur facebook. Autre chose, toutes mes
activités se font la nuit. Je dois donc me reposer le jour. Sinon, je risque de finir comme Michael Jackson. Une personne doit être organisée, car il est impos sible qu'on fonctionne toute la
nuit, se lever aux environs de 8h pour ensuite enchaîner une autre soirée. Surtout pour moi qui suis une bête de scène.
Revenons à Ndongo Lô. Qu'avez-vous fait pour lui, le jour de l'anniversaire de son décès ?
Des prières et de la charité. D'ailleurs, chaque jour, je formule des prières pour le repos de son âme (il nous montre la photo de Ndongo Lô accrochée dans son salon). Je suis la seule personne
qui reçoit la visite de sa maman à cha que fois qu'elle vient ici, à Dakar. Mais il faut savoir que ma manière de voir Ndongo Lô est bien diffé rente des autres.
Qu'est-ce qui fait la différence ?
Je suis la première personne à l'avoir présenté sur un plateau de télévision. Ce jour-là, j'ai dit : «C'est lui Ndongô Lô, il va mettre sur le marché son album samedi». J'ai toujours cette archive et bien d'autres. Mais, je ne m'en glorifie pas. Ceci par respect pour le défunt qui n'est plus de ce monde, contrairement à certains qui en profitent pour se faire une promotion. Il faudrait qu'à chaque fois qu'on parle de lui, que ça soit pour dire de bonnes choses.
Vous étiez proche de lui ?
Trop même. Il a sorti le mor ceau «Pape Ndiaye Guéweul» sans avoir de clip. D'ailleurs, il me disait que cela lui avait fait mal. Et lors d'un passage à l'émission «Tel Quel» sur la Rts, il a confirmé que s'il est connu par le grand public, c'est grâce à Salam Diallo. Il a dit : «c'est lui qui m'a invité dans son clip «neeno Ballé mansee». Je l'ai encore présenté au cours d'une émission avec Francesca Diafouné et le défunt Ndiaga Mbaye. Donc, je voudrais que les gens aient du respect pour lui.
Que voulez-vous dire en par lant de respect ?
Qu'ils arrêtent de revendiquer des choses qu'ils auraient faites pour Ndongo Lô. Ça n'a pas d'im portance. Que celui qui veut se ren dre utile vienne en aide à sa maman qui est peut-être dans le besoin.
Pourtant, les recettes de la soi rée hommage ont été entière ment versées à la maman de Ndongo Lô ?
C'est une très bonne chose. Et j'apprécie bien ce geste. Aujour d'hui, la maman de Ndongo Lô ne vit plus à Dakar, ses frères ne tra vaillent pas. Donc, des gestes pareils me vont droit au coeur, car Ndongo aimait bien sa maman. D'ailleurs, je vais en faire autant ce soir (Il organisait mardi une soirée pour rendre hommage au défunt leader du groupe Jamm). Les recet tes de cette soirée du mardi seront versées à sa maman.
Vous avez eu à dire que vos rela tions n'ont toujours pas été tendres avec la presse. Qu'est-ce qui est à l'origine de cette brouille ?
Certains journalistes ne me comprennent pas ou c'est moi qui ne les comprend pas. Ils ne relatent pas les faits comme tel. C'est par fois le cas même après un entre tien. C'est une autre version qu'ils vont écrire et en l'interprétant d'une autre manière. J'ai dépassé ce stade, moi. Tenez, la dernière fois, alors que j'étais en Europe où j'ai fait six jours, on publie dans la presse que moi, Salam Diallo, je me suis battu devant la boîte le Ngalam. C'est ridicule parce que tout le Sénégal savait que j'étais hors du pays.
Vous ne vous êtes jamais bagarré ?
Si tel était le cas, vous l'auriez su. Et quand on a appelé le journa liste en question, il a dit que ce sont les videurs du Ngalam qui lui avaient donné l'information. Je pense que quand on dispose d'une information pareille, il faut avoir des preuves tangibles avant de la publier.
Autre chose, lors de mon anni versaire à Sorano, un organe de presse avait été bloqué devant la porte pour une histoire de badge. Moi, je n'étais pas l'organisateur. Il y avait Babacar Lô qui s'occupait de tout. Mais voilà qu'ils sont partis dire que si je ne veux pas de la presse dans la salle, c'est parce que je cachais quelque chose.
N'est-ce pas un manque de communication de votre part ?
Oui, je le reconnais et je pense que c'est dû au fait que je n'ai pas d'attaché de presse. Car moi, je suis très professionnel dans ce que je fais. Et je vais m'y atteler. Mais qu'ils sachent que nous sommes tous des Sénégalais. J'oeuvre tou jours pour le bien et si je n'avais pas été un combattant dans ma vie, je n'aurai pas atteint ce stade.
Pour moi, un chat est un chat. je parle comme si c'est aujourd'hui que je devais mourir. Je ne suis pas hypocrite et je n'attends pas que la personne soit devant moi pour essayer de lui plaire. Il y a eu un problème entre le groupe Wal fadjri et le Bureau sénégalais du droit d'auteur (Bsda). En tant que mem bre du Bsda, je dois lutter pour le respect de mes droits. C'est ce que j'ai fait. Et je pense que c'est pour cette raison qu'on m'en a voulu à Walf et qu'on ne mettait plus mes clips. Mais aussi bien Wal fadjri que nous artistes, on s'est rendu service. J'ai participé à beaucoup d'émissions à Walf, j'y ai aussi réa lisé des lives.
Qu'est-ce qui vous prouve que vos clips ont été zappés pour cette raison ?
Mais c'est bien à cause de ça. D'ailleurs, ils l'ont fait compréndre. à Fallou Dieng qui a appelé une fois là-bas. Idem pour Mame Goor.
Pourquoi vous n'avez pas saisi Walf pour savoir ce qu'il en est exactement ?
J'y suis allé le jour où l'on a sac cagé les locaux, mais je n'ai pas pu garer mon véhicule parce qu'il y avait trop de monde. Le 31 décem bre, Edouard, en compagnie d'Awa Diop Ndiaye, m'a appelé
pour me dire que les choses ont changé et que je pouvais venir.
Mais j'ai compris. Alors ce soir là quand je suis passé là-bas, il y avait trop de monde aussi, donc je n'ai pas pu, encore une fois, des cendre de mon véhicule. Dans les jours à venir, je compte bien me déplacer jusque dans les locaux de Walf pour voir Sidy Lamine qui est notre kilifa. Il ne cesse jamais de me donner des conseils. Et à Sacré- coeur ou je lui ai remis mon pre mier album, il m'a rassuré que je serais soutenu par ses animateurs. Il y avait au temps les Jules Junior et Boub's qui m'ont été d'un grand soutien. Donc, je vais y aller pour m'expliquer avec lui et lui faire comprendre que je ne défendais que mes droits. Peut-être aussi que j'ai été mal informé, mais il faut savoir que quand je fais partie d'une famille, je m'investis aussi dans le même combat parce que c'est cela mon intérêt aussi.
Pensez-vous que le Bsda vous paye comme il faut, car certains artistes se sont plaints des som mes modiques qu'ils recevaient?
Depuis que je connais mes droits au Bsda, car j'aime trop l'ar gent, je les suis à 100%. J'ai des fiches qu'ils nous remettent, c'est pour marquer chaque morceau qui a été joué. Cette fiche qui justifie que l'artiste a bien joué le titre est déposée au Bsda. Je pense qu'à part Youssou Ndour, je suis l'artiste le mieux payé au Bsda. Au Sénégal, on se cache quand on est friqué, mais moi, je dis la vérité.
Donc, vous êtes riche ?
Je ne suis pas pauvre et je rends grâce à Dieu. Je suis milliardaire. (Il éclate de rires). Non, je vis de mon art Mach'Allah, le Bsda me paye des droits d’auteur. Et j’en profite pour demander aux artistes qui ne reçoivent pas leurs droits d'auteur de suivre le Bsda pour rentrer en possession de leur argent.
Est-ce que vous comprenez ?
Que ces artistes suivent les tra ccs de leurs œuvres. Et là aussi, quand on vous paye, demandez pourquoi vous avez reçu une telle somme. Maintenant, ce que ne comprennent pas beaucoup da gens, c'est comment le Bsda pro cède pour faire le calcul pour savoir combien doit recevoir un artiste. C'est cette évaluation qui pose pro blèmes chez tous les musiciens.
Mais un artiste ne peut quand même pas passer ces journées à surveiller quelle radio a mis son tube...
Oui, le Bsda est là pour nous. Nous sommes leur patron, car sans nous le Bsda n'allait pas exister, Je vous dis une chose, comme nous, des fiches sont remises aux anima teurs dans les différentes radios. Et ils doivent cocher le nom de cha que artiste à chaque fois qu'ils dif fusent son oeuvre. .C'est cette fiche qu'on doit envoyer au Bsda et l'ar tiste est payé en fonction de cela.
N'est-il pas temps de vous orga niser pour sensibiliser ceux qui ne connaissent pas leurs droits ?
C'est pourquoi j'ose en parler dans vos colonnes. Si je voulais le garder pour moi, je n'allais rien dire. Nous avons organisé des séminaires plusieurs fois. Mais sachez aussi que le Bsda va dispa raître sous peu. Et nous attendons ce changement pour savoir là où mettre les pieds. Les artistes seront imprégnés davantage. Et je pense que c'est ce qui est juste, car des grands comme Cheikh Tidiane Tall maîtrisent bien la musique et les textes.
Tout à l'heure vous avez dit qu'après Youssou Ndour, vous êtes le mieux payé au Bsda. Est-ce à dire que vous êtes le deuxième meilleur chanteur au Sénégal ?
C'est juste une référence. Parce que concernant mon dernier dû, comme j'étais en Europe, j'ai signé, une procuration à quelqu'un pour qu'il aille percevoir à ma place. Quand on m'a payé, j'ai
appelé pour me plaindre de la somme perçue. Et ils m'ont dit qu'à part la somme qui m'a été remise, il n'a que Youssou Ndour qui a perçu plus et c'était juste une différence de 70 francs. Mais je
suis au-dessus de tous les musiciens du Sénégal.
N'est-ce pas là une fausse modestie de votre part
(Rires). Il faut savoir que j'ai suivi le Super Diamono au temps d'Ismaël et d'Oumar Pène. Si j'ai tant de connaissances, c'est parce que j'ai longtemps côtoyé les grands artistes. Aujourd'hui, si vous dites à quelqu'un que j'ai été le premier à chanter Maiga avec Moussa Ngom au Super Diamano, il ne vous croirait pas. En ce moment, je les suivais tout en étant leur commis, leur boy pour arriver à ce que je suis aujourd'hui. Donc, si je fais un faux pas dans le show biz, je mérite une correction. En plus d'être proche de ces grands, je leur demandais des conseils tout en regardant comment ils menaient la barque.
Quelles sont vos relations avec Youssou Ndour qui a participé récemment à une de vos soirées?
Je n'ai jamais été chez Youssou Ndour, encore moins discuté avec lui pendant plus d'heure. Youssou aime quelqu'un qui travaille, ku am jom, kuy liguey. C'est un gars que j'apprécie
en raison de tous ces caractères. Et il est rigouroux dans ce qu'il fait. Il est venu à ma soirée avec sa femme et toute sa famille chanter deux morceaux avec moi. Il m'appelle et me donne des
conseils, m'invite à Bercy. Pourtant, il ne m'a jamais produit. J'ai les mêmes relations avec Thione Pène et les autres.
Revenons à vos soirées qui paraît-il, vous rapportent beau coup d'argent ?
Le plus important, c'est qu'après chaque soirée, j'arrive à payer mes musiciens, a satisfaire mes besoins et ceux de ma mère. Mais aussi, venir en aide à quel ques démunis qui me
soumettent leurs problèmes. Au début, c'était dur car je n'arrivais même pas à payer mes musiciens. Il m'arrivait même de jouer des soirées sénéga laises qu'avec le sabaar comme dans la rue. Mais
actuellement, j'arrive à payer la sono, mes 15 musiciens, mon staff composé de 22 et aussi, offrir de l'argent à chaque danseur qui vient valser à ma soirée. Lolu la xam, téral la de gauche à
droite. Al hamdoulilah parce que j'ai un public qui aime bien ce que je fais.
Un public qui n'hésite pas à vous couvrir de billets de banque sur scène ?
Certains m'offrent de l'argent parce que je chante leurs louanges ou parce que je leur plais. Nous sommes des griots, et ça va avec notre culture.
Est-ce que cette façon de vous couvrir de billets de banque ne perturb
e pas vos soirées ?
Ah si ! il y a de cela quelques jours, j'ai demandé que les gens arrêtent de me donner de l'argent parce que la Soirée, était enregistrée par une télévision. Et en plus de me déconcentrer, ça
prend beaucoup de temps aussi, parce que le plus important chez moi, c'est de faire plaisir aux fans avec mon art. Et il arrive que le fait de me distribuer de l'argent casse le rythme de cer
tains qui se sont déplacés juste pour danser. Mais, je pense que quand une personne se prive de sommeil, paye l'entrée à 5.000 francs, cela me suffit largement surtout avec toutes les rumeurs qui
circulent. Je suis ravi quand le public se déplace massivement. Mais celui qui me donne aussi son argent, je prends, sans jamais arrê ter la musique. Au contraire, j'y mets de l'ambiance qui est,
d'ail leurs, mise en exergue dans mes soirées.
Ne craignez-vous pas qu'on prenne vos musiciens qui sont quand même
capables de jouer pour n'importe quel chanteur ?
Ça m'est arrivé avec Abou Thioubalo. Mais lorsque la presse en a fait échos, j'ai attendu que les choses se calment pour en parler. Il faut savoir qu'un musicien n'a pas un seul groupe. Même moi,
il m'ar rive de laisser mon groupe et d'aller travailler quand Youssou Ndour organise son Bercy. Donc, je pense que les musiciens peuvent travail ler cher un autre artiste, c'est juste une
question de timing. D'ailleurs, la majeure partie de mes musiciens jouent avec Viviane.
Vous aviez dit tantôt
que malgré les rumeurs, vos soirées sont remplies. Il s'agit de quelles rumeurs ?
Certains disaient que j'organise des soirées taatu neen, et bien d'autres ragots. D'ailleurs, il arri vait que quand vous parliez de mes soirées, certains vous disent : «Jamais, je ne
mettrai les pieds là bas.» Mais ils se rendent souvent compte du contraire quand ils viennent pour une première fois. Et ça même votre reporter photographe Gomis (il le désigne du doigt) y était
une fois pour le vérifier. Mais, il s'est rendu compte qu'il n'en est rien. Certains sont simplement jaloux ou sont des concurrents qui sont prêts à tout pour te nuire.
Malgré ces rumeurs, vos soi rées sont souvent remplies de monde. Comment l'expliquez Vous ?
Je rends grâce à Dieu. Peut-être que c'est la patience qui a donné ses fruits, car j'ai beaucoup endossé et encaissé. Imaginez que quand vous vous battez, avec der rière, une épouse, des
enfants, une maman et que chaque jour, ces rumeurs circulent sur vous, personne ne va payer son argent pour venir assister à vos soirées. Dieu sait bien récompenser. Sinon, com ment
expliquez-vous que les lundi et mardi, avec cette crise, au milieu du mois, les gens viennent massi vement à mes soirées ? Je ne peux que m'en réjouir et remercier le bon Dieu.
Il ne vous arrive pas d'en avoir marre de ces rumeurs ?
Non jamais ! J'adore les rumeurs parce qu'ils m'aident à ne pas emprunter un mauvais che min. Les rumeurs m’ont propulsé. Mais imaginer de simple danseur qui a accepté d'être le commis
des autres, je suis devenu leader, oui parce que j'en suis un. Car partout ou on cite Youssou Ndour, Thione Seck, par A ou B, on va me citer. En plus d'être la volonté divine, il faut voir le
pourquoi.
Mais qu'est-ce qui vous fait le plus mal dans ces rumeurs qui cir culent sur vous ?
Rien. Au début, sans expé rience, ça pouvait faire mal. Mais au fil du temps, avec la stabilité, vous saurez que des gens comme Serigne Touba ou même Abdoulaye Wade ont esquivé des
rumeurs. Et je ne suis pas meilleur qu'eux. Si ceux qui vous sont proches savent la vérité, il n'est pas important de démontrer à tous que vous êtes blanc comme neige. On n'en a rien à f.... Que
chacun pense ce qu'il veut, je fais mon boulot, je gagne ma vie, Al hamdoulilah.
Un peu comme qui dirait le chien aboie, la caravane passe ?
Mais oui ! Actuellement, je suis mature. Et même si on me blesse avec une pierre, je vais essuyer le sang et dire dieureudieuf Serigne Touba. Comme le dit Serigne Modou Kara, il faut
savoir dépasser les états d'âme.
Il se dit que vous aimez aussi les femmes ?
Je leur donne ce dont elles ont besoin. Des salen salen et tout ce qui va avec.
Certaines ne vous font pas de déclarations d'amour ?
Si j'allume mon portable, vous allez en voir. (Il nous montre les appels et messages).
Votre épouse n'est-elle pas jalouse ?
Si elle l'est, je la divorce comme les deux autres waw ku fiir ma balafi (tant pis pour les jalouses NDRL). J'en suis à mon troisième mariage et je me demande si je ne vais pas prendre
une quatrième. J'ai 12 enfants qui sont de mamans différentes. Et je demande pardon à Allah. Les gens ne savent pas la réalité. Ils ne connaissent que mon fils qui porte le nom de Serigne Saliou.
Mais il n'existe aucun artiste qui a plus d'enfants que moi. Dama men humm... .
Donc, ces rumeurs ne sont pas fondées?
Je pense que c'est normal. Je sais qui je suis et ceux qui me connaissent aussi savent ce que je suis et voilà. Ils veulent seulement me nuire.
Qu'est-ce qui vous liait au défunt Serigne Saliou ?
Vous savez, Serigne Saliou, je garde de lui quelque chose dont la p
udeur ne me permet pas de rela ter. J'étais tellement proche de lui que si j'en parlais, certains diraient que j'essaye seulement de faire le malin ou que je veux me cacher derrière son nom pour
dissiper , toutes les rumeurs qui circulent sur moi. Mais xam naa fan lama Serigne Saliou tolu. Ma relation avec Serigne Saliou, c'est moi, lui et le Bon Dieu. Ce qu'il a fait pour moi, personne
d'autre ne l'a jamais fait. C'est quand il a prié pour moi que j'ai su qui j'étais. Et de son vivant, je ne restais pas plus de deux mois, sans aller le voir. Si je disais toutes les prières
qu'il a faites pour moi, cela pourrait enclencher une émeute. Mais je ne dirai rien, mais ci birr batiin, celui qui me regarde saura ce que Serigne Saliou a fait pour moi. Que les gens fas sent
très attention, je ne connais que la religion, les Xassaïdes de Serigne Touba et ma mosquée que vous voyez dans le coin (il nous indique une natte et un chapelet rangés dans un coin de son
salon).
Quid de vos relations avec Serigne Bara ?
Lui, je ne le connais pas trop. Je sais qu'il est Serigne Touba actuel lement. Mais quand il est venu pré senter ses condoléances lors du décès de Serigne Saliou, il m'a trouvé dans la maison du fils aîné de ce dernier. Et quand il est venu, il a demandé ce qu'avaient décidé les enfants. Et ils lui ont fait com prendre que leur papa (Serigne Saliou), avant qu'il ne décède, avait souhaité que tout se fasse le jour de son décès. Car Serigne Saliou, je suis, avec Macky Sall, les dernières personnes à l'avoir vu. Parce que c'est depuis la Tabaski, qu'on refusait qu'il reçoive des visites. Il a appelé ses enfants pour leur dire que l'heure avait sonné. Et quicon que vous affirme qu'il a vu le mara bout ces temps-là, ne vous dit pas la vérité, même ses proches qui vivent avec lui ne l'ont pas vu.
Quand je suis venu là-bas, j'ai trouvé Macky Sall et de 9 h à 17 h, on ne pouvait pas voir le marabout. C'est après qu'ils nous ont fait entrer dans la chambre du mara bout qui a formulé
des prières pour moi et pour Macky Sall. Les deux hommes se sont échangés des paroles, mais ça, je le garde pour moi.
Qu'est-ce qu'ils se sont vérita blement dit ?
Ils ont échangé des paroles et je m'en tiens là. Alors c'est ainsi que Serigne Bara a demandé qu’on fasse des prières pour Serigne Saliou jusqu'au troisième jour. Ce que les enfants du
défunt mara bout ont accepté. Car, lui ont-ils dit, « désormais, vous êtes Serigne Saliou». Après je l'ai suivi chez la fille aînée de Serigne Saliou, il lui a dit qu'il a été le chauffeur de son
père pendant 7 ans, avant qu'il ne le remercie et lui dise qu'il serait un jour khalife de Serigne Touba. Je suis trop proche de la famille de Serigne Saliou, mais je ne peux pas trop m'y
prononcer par respect, mais aussi parce que quand je parle de lui, je pleure.
Vous pleurez beaucoup aussi ?
Parce que je suis comme ça. J'ai traversé des moments tellement durs que quand je les relate, je pleure.
Croyez-vous au maraboutage ?
Le maraboutage, c'est partout. C'est, d'ailleurs, une réalité sénégalaise. Seuls les lutteurs le font devant tout le monde, tout récem ment, j'ai trouvé une corne énorme au Madison. Et ce
n'était pas la pre mière fois, car ce sont des réalités qu'on rencontre tout le temps dans le milieu. Mais on doit savoir que tout ce qu'on fait de mystique à autrui sera découvert une fois dans
l'au-delà. Nous sommes tous des enfants d'autrui. Mais je me pro tège aussi, car j'ai mes marabouts.
Pourquoi aimez-vous insulter lors de vos soirées ?
Ah quand je dis sen caaya bay, sen moussor nday ? Lolu moy todj dëk bi ten yi. Vous savez la majeure partie de mon public, ce sont de jeunes, filles, et en même temps, elles sont mes soeurs et amies. Et je me suis inspiré d'un morceau qu'on jouait du temps de ma mère. À l'époque, on disait : «yé yé sen caaya bay, sen moussorou nday». Ce n'est rien quand je dis : «sa grefaju nday, sa petite têtetu nday ou sony ericsonu bay. Ceux qui ne comprennent pas sont surpris au début. En revanche, ceux qui sont habitués me le réclament même. C'est juste pour que les gens soient free.
Salam Diallo a commencé en tant que percussionniste et danseur au Super Diamono. Aujourd'hui, chanteur et chef d'orchestre, il est un féru de free style et du tassu, une musique d'ambiance et d'animation, mélange de paroles, de sabar et de tama. Ses soirées qu'il organise les lundis et les mardis font toujours le plein, même au milieu du mois. Mais Salam, c'est aussi le grand talibé du défunt Serigne Saliou qui, à l'en croire, a fait de lui ce qu'il est aujourd'hui. D'ailleurs, il suffit de franchir la porte de son salon pour s'en rendre compte. Ce sont deux grands posters du fils de Bamba qui sont accrochés au mur. Dans cet entretien qu'il nous a accordé à quelques heures de la soirée hommage qu'il a dédiée à Ndongo Lô, Salam est revenu sur ses rapports avec le jeune artiste disparu à la fleur de l'âge, sur son guide religieux, Serigne Saliou Mbacké, mais aussi sur les rumeurs dont il fait souvent objet. À coeur ouvert avec un homme qui adore les femmes et qui ne s'en cache guère.
Walf Grand-Place : On ne vous a pas vu à la soirée hommage rendu à Ndongo Lô, samedi dernier. Qu'est-ce qui explique cette absence surtout quand on sait que vous étiez très proche du défunt artiste ?