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Contesté par la rue égyptienne, Moubarak décrète le couvre-feu

DES MILLIERS D'ÉGYPTIENS DEMANDENT LE ...

 

 

A l'issue d'un "jour de colère" proclamé par l'opposition, le président égyptien Hosni Moubarak a décrété vendredi un couvre-feu nocturne dans les grandes villes d'Egypte - Le Caire, Alexandrie et Suez.

 

 

Ce couvre-feu, au quatrième jour de violentes manifestations antigouvernementales, sera en vigueur de 18h00 (16h00 GMT) à 07h00 (05h00 GMT) et l'armée a été chargée de prêter assistance si nécessaire aux forces de police.

"Etant donné ce qui s'est passé en province, les émeutes, le désordre, les pillages, les destructions, les agressions et les incendies de biens publics et privés, notamment de banques et d'hôtels, le président Hosni Moubarak a décrété un couvre-feu en sa qualité de chef des armées", a précisé la télévision d'Etat.

 

Galvanisés par l'exemple tunisien, des dizaines de milliers d'Egyptiens sont descendus cette semaine dans les rues des principales villes du pays pour exiger le départ du président Moubarak, au pouvoir depuis près de trente ans.

Des unités de l'armée ont été déployées au Caire, d'où s'élevaient des colonnes de fumée noire, et Hosni Moubarak devrait s'exprimer prochainement à la télévision.

 

Selon la chaîne de télévision Al Djazira, des blindés arrivés dans le centre-ville ont été acclamés par la foule.

Des dizaines de personnes avaient été blessées auparavant lors d'affrontements dans la capitale avec les forces de l'ordre, notamment près d'une des résidences du président. Al Djazira a fait état d'au moins un mort et de dizaines de blessés sur une place du centre-ville.

 

ELBARADEÏ PARMI LES MANIFESTANTS

 

Rentré la veille dans son pays, l'ancien directeur général de l'AIEA et prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradeï, qui entend jouer un rôle dans le changement politique, a pu participer dans l'après-midi à un défilé pacifique dans la capitale

Dans la matinée, alors qu'il assistait à la grande prière dans une mosquée du quartier de Gizeh, la police avait tenté de contrôler ses déplacements.

 

Aux abords de la mosquée Al Azhar dans le centre de la capitale, après la grande prière, la police a tiré des balles en caoutchouc sur plusieurs milliers de manifestants.

La foule a lancé des pierres en direction des cordons de policiers et scandé des slogans hostiles au président Moubarak, âgé de 82 ans, ainsi qu'à son fils Gamal, 47 ans, qui, selon nombre d'Egyptiens, est formé pour lui succéder.

Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser la foule.

D'autres manifestations se sont déroulées à Alexandrie, Al Mansourah, Suez et Assouan.

 

A Suez, des manifestants ont transporté à bout de bras le corps d'un manifestant tué après des heurts avec la police.

Pour tenter de limiter la contestation, les autorités ont arrêté des membres des Frères musulmans. Elles ont en outre bloqué peu après minuit les sites internet utilisant les serveurs égyptiens ainsi que les communications des téléphones portables, qui sont impossibles ou aléatoires, réduisant d'autant les capacités de mobilisation des opposants.

 

APPEL DE L'ONU

 

Le groupe Vodafone a confirmé que tous les opérateurs de téléphonie mobile avaient reçu pour consigne de suspendre leurs activités dans certaines zones.

S'inspirant de la "révolution du jasmin" tunisienne qui a chassé le président Zine ben Ali le 14 janvier, les Egyptiens descendent dans la rue depuis mardi dans le cadre d'une contestation sans précédent contre le régime de Moubarak.

ElBaradeï a estimé que le moment était venu pour Hosni Moubarak de se retirer et l'ancien chef de l'AIEA serait prêt à assurer l'intérim à la tête du pays si la rue le lui demandait.

 

Les autorités ont arrêté plusieurs membres du mouvement des Frères musulmans, dont au moins huit figures du mouvement fondamentaliste dans la nuit de jeudi à vendredi.

A Davos, où il participe au Forum économique mondial, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé les dirigeants égyptiens à éviter de nouvelles violences et à respecter les libertés de rassemblement et d'information.

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