GUINEEWEB.ORG

La Guinée nouvelle

Côte d'Ivoire: la rumeur a horreur du vide politique

http://africa.blogs.liberation.fr/.a/6a0128774b8ce0970c0133ece39aa2970b-300wi

 

Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, le tandem qui gouverne la Côte d'Ivoire depuis plus de trois ans, l'avaient promis, la main sur le cœur, lors de la formation du nouveau gouvernement et la mise en place d'une nouvelle Commission électorale indépendante, le mois dernier: on est dans la dernière ligne droite avant les élections. Résultat: néant. Aucune date n'a été fixée.

Alors qu'une mission d'évaluation mandatée par les Nations unies vient de sillonner le pays, à la recherche d'une improbable relance du processus électoral, l'incertitude et la peur de l'inconnu nourrissent la rumeur - une vieille connaissance des Ivoiriens. Celle d'une reprise imminente des combats. Un habitant de la métropole ivoirienne raconte avoir reçu des consignes de prudence: "Reste chez toi ce week-end, ne bouge pas!" Un autre croit savoir que le chef de l'Etat est prêt à tout pour réunifier son pays avant les célébrations du cinquantenaire de l'indépendance, en août prochain.

Dans sa dernière livraison, la Lettre du Continent évoque, avec un point d'interrogation de rigueur, une "opération dignité, acte II ?". En novembre 2004, le président Gbagbo avait lancé une opération de reconquête du nord, baptisée "Dignité", contre les rebelles. A l'appui de cette thèse, le fait que la présidence ivoirienne ait demandé une autorisation à la mission de l'Onu en Côte d'Ivoire (Onuci) le droit de faire voler un hélicoptère Mi-24  dans le cadre des préparatifs des cérémonies du cinquantenaire de l'indépendance. Interrogé par Libération, le porte-parole de l'Onuci, Hamadoun Touré, répond avec une pointe d'agacement que ledit Mi-24 n'a pas volé jusqu'à présent...

Peut-être, mais le rapport des experts de l'Onu sur le respect de l'embargo sur les armes, qui a filtré dans la presse locale au cours des derniers jours, ne rassurera guère les Ivoiriens. Ces experts s'étonnent ainsi de la disparition du drone qui stationnait sur l'aéroport de Yamoussoukro. "Le Groupe craint que le drone ait été transféré dans les environs d'Abidjan pour servir à des fins de surveillance", peut-on lire dans ce rapport. Ce qui, poursuivent ses auteurs, implique la présence de techniciens étrangers sur le sol ivoirien, ayant les capacités d'opérer cet aéronef.

Last but not least, les experts de l'Onu signalent la présence à Abidjan du sulfureux Robert Montoya, un ancien gendarme de l'Elysée qui, en 2004, avait servi d'intermédiaire pour l'acheminement d'hélicos et de mercenaires biélorusses. Ceux qui avaient été impliqués dans le bombardement d'une position française à Bouaké, qui s'était soldé par la mort de neuf soldats de la force Licorne.

Tout cela ne fait certes pas une veillée d'armes. Mais en l'absence de toute perspective politique, les spéculations actuelles ont toutes les chances de prospérer sur les bords de la lagune Ebrié.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article