17 Mars 2010
L’intérêt commun est plus fort que les rancœurs et les deux sociétés australienne et chinoise vont unir leurs efforts pour exploiter les richesses minières de
Simandou.
Il semble que les relations entre le troisième mineur diversifié, l’anglo-australien Rio Tinto, et le premier métallurgiste chinois, Chinalco, se sont considérablement améliorées. Selon une information du quotidien australien The Age, confirmée par le Financial Times, les deux « partenaires » ont ressuscité le projet de développement d’un gisement de minerai de fer géant en Guinée.
Ce gisement, Simandou, est considéré comme l’un des plus importants non encore développés. Rio détient 95% de ce vaste bassin qui contiendrait 2,25 milliards de tonnes de minerai de fer. Un minerai à plus forte teneur que celui de Pilbara, 66% de fer contenu. A terme on pourrait extraire annuellement 170 millions de tonnes de ce complexe minier, mais prudemment Rio avait pour objectif une production de 70 Mt d’ici à 2018. En 2008 Rio comptait y investir 6 milliards de dollars, mais, selon les analystes, ce coût de développement a probablement doublé à 12 milliards de dollars.
Site isolé, Simandou ne possède pas de liaison ferroviaire vers la mer distante de 750 km. L’exploitation du minerai de fer nécessitera donc la construction d’une voie ferrée dédiée et d’un terminal minéralier pour exporter le minerai.
Outre les troubles politiques et sociaux qui ont agité la Guinée , le projet de Rio pourrait être contrarié par les ambitions de Berry Steimetz, un milliardaire israélien qui a fait fortune dans les diamants et s’intéresse aux matières premières par l’intermédiaire de BSG Resources, la société qu’il contrôle. Steimetz, a été vu à Pékin en compagnie d’importants politiciens retraités israéliens et chinois, rapporte The Age. Bien introduit auprès des dirigeants guinéens, Steinmetz s’était vu transférer les droits de Rio sur la partie nord de Simandou, en 2008.
Le gisement pourrait également être guigné par une troisième société, le fonds d’investissement China International Fund, basé à Hong Kong. Associé à plusieurs entreprises de Hong Kong et de Singapour, CIF a déjà investi une vingtaine de milliards de dollars, dont 7 milliards en Guinée, dans des pays africains. L’ambassadeur chinois en Guinée, Hu Zhengde a officiellement démenti tout lien entre le gouvernement de son pays et CIF, une société relativement opaque, qui a attiré l’attention du congrès américain.
Tout est pardonné entre Rio et Chinalco
Face à ces concurrents, Rio s’est souvenu que son premier actionnaire, Chinalco, avait de bons rapports avec les dirigeants de l’Etat chinois. Certes les
relations s’étaient dégradées avec le refus, l’an dernier, d’une montée au capital de Rio par son partenaire chinois, suivi de l’arrestation de salariés de Rio Tinto en Chine, mais le nouveau
président de Rio a fait amende honorable. Jan du Plessis a déclaré « regretter profondément » l’annulation de la participation de Chinalco à la recapitalisation de Rio. Rio a alors
perdu « une opportunité unique d’établir un partenariat stratégique qui aurait fondamentalement changé notre relation avec notre client le plus important », a souligné du
Plessis.
Simandou n’est pas le seul projet commun des « deux groupes réconciliés ». Pour réaliser son ambition affichée de devenir également un grand mineur diversifié, Chinalco s’intéresse de près aux ressources naturelles du voisin mongol. Xiong Weiping, le président du premier aluminier chinois, a confié à Reuters qu’il avait entamé des négociations avec Rio pour obtenir une participation dans le projet géant d’Oyu Tolgoi. Situé à 80 km de la frontière chinoise, le gisement d’or et de cuivre d’Oyu Tolgoi, est l’un des plus importants non encore en exploitation. Rio Tinto détient 22,4% du projet contrôlé majoritairement par le canadien Ivanhoe Mines.