14 Février 2013
Torturée avec une barre de fer chaud, dénudée, trainée sur un bûcher de vieux pneus puis aspergée de pétrole, Kepari Leniata, 20 ans, a été brulée vive devant une centaine de villageois en colère. La scène, digne des récits du Moyen-Âge, s'est produite mercredi à Mount Hagen, une ville de la province des Western Highlands en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le crime de cette jeune femme, mère de deux enfants ? Avoir pratiqué la sorcellerie.
Un règlement de
comptes
Mardi, dans ce village, un garçon de 6 ans meurt de
douleurs au ventre et à la poitrine. Rapidement, deux femmes du village accusent Kepari d’avoir jeté un sort au petit. La police ouvre une enquête pour meurtre et se prépare à des inculpations
mais est prise de court par la famille de la famille endeuillée,raconte« Afriquinfos ».
Meurtrie et ivre de vengeance, elle vient chercher
Kepari, lui ôte ses vêtements, la torture puis la brûle devant des centaines de témoins, qui empêchent la police et les pompiers d'intervenir, explique le quotidien «The National», indiquant que la jeune femme avait reconnu avoir tué
l'enfant, mort la veille de douleurs au ventre et à la poitrine.
Avisée du drame, l'ambassade américaine dans la capitale du pays, Port
Moresby, a fermement condamné « ce meurtre brutal », signe selon elle d'une violence répandue contre les femmes ». Dans ce pays, les deux tiers des femmes seraient victimes
de violences domestiques.
VIDEO. La chasse aux socières en
Papouasie-Nouvelle-Guinée
La chasse aux sorcières prend de
l'ampleur
Les croyances en la sorcellerie restent très répandues dans ce pays
pauvre du Pacifique. En 1971, le gouvernement avait introduit une loi sur la sorcellerie, pour en faire un délit. Mais la commission de la réforme sur les lois a récemment proposé d'abroger cette
loi en raison d'une augmentation des attaques contre les personnes soupçonnées de se livrer à de la magie noire.
« Bien souvent, la population se méfie de la police
et de la justice. Elle invoque des causes surnaturelles pour expliquer les événements et punit les sorciers présumés», avait expliqué en 2009 Apolosi Bose, chercheur d’Amnesty International sur les îles du Pacifique,
ajoutant que «la gendarmerie, le bureau du procureur et les autres autorités compétentes doivent redoubler d’efforts afin d’endiguer les violences commises par des groupes d’autodéfense, et de
sensibiliser la population aux moyens dont elle dispose pour obtenir justice en toute légalité. »