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La Guinée nouvelle

Exclusif: Une plainte pour crime contre l'humanité déposée en Belgique contre des membres du CNDD

Justice internationale: Plainte contre sept officiers, dont l’ex-président Dadis Camara, en vertu de la loi de compétence universelle

Dix ressortissants guinéens, réfugiés en Belgique et ayant acquis la nationalité belge, ont chargé l’avocat bruxellois Pierre Legros de déposer une plainte en leur nom, en vertu de la loi de compétence universelle, pour « crime de génocide » et « crime contre l’humanité ». Cette plainte vise sept officiers guinéens, dont l’ancien président Moussé Dadis Camara, le lieutenant Cherif Diakité, dit Toumba, le commandant Moussa Tiegboro Camara et le général Sékouba Konate qui fut président de la République avant les élections qui portèrent au pouvoir l’ancien opposant Alpha Conde.

 

Le commandant Moussa Tiegboro Camara, qui a rang de ministre, a déjà été inculpé par le nouveau pouvoir guinéen pour son rôle dans le massacre commis par la garde présidentielle au stade de Conakry le 28 septembre 2009 et qui a fait l’objet d’une enquête des Nations unies. Les témoignages recueillis par les enquêteurs de l’ONU et cités dans la plainte sont accablants : alors que des manifestants, qui protestaient contre la prise de pouvoir du capitaine Dadis Camara, étaient rassemblés dans le stade de Conakry, ils furent attaqués par les bérets rouges de la gendarmerie. Le stade fut encerclé, toutes ses issues furent bloquées, des barbelés furent posés sur les murs d’enceinte. Une fois à l’intérieur du stade, les bérets rouges ont tiré sur la foule, bastonné et poignardé des civils. Des dizaines de personnes ont été étouffées et piétinées à mort dans la bousculade, des femmes ont été enlevées et nombre d’entre elles ont été violées systématiquement. Le bilan, tiré à l’époque par Human Rights Watch et confirmé par l’ONU, est très lourd : 156 tués ou disparus, 109 cas de viols ou de violences sexuelles, des centaines de cas de tortures.

 

Les Peuls ciblés par la répression

 

Selon les plaignants, la plupart des victimes appartenaient au groupe ethnique des Peuls, qui fut systématiquement visé par la répression. Ce massacre est survenu à une époque particulièrement troublée de l’histoire de la Guinée : la mort du président Lansana Conte, le 22 décembre 2008, avait mis fin à une longue période de dictature militaire, entamée en 1984 lorsqu’avait disparu le premier président Ahmed Sekou Touré.


Les derniers mois de Lansana Conte avaient été marqués par de violents mouvements de grève et l’armée avait renforcé son pouvoir. Lors du décès du vieux général, les Guinéens ne bénéficièrent pas du changement démocratique escompté : c’est le capitaine Dadis Camara qui s’empara du pouvoir, suspendit la Constitution et promit des élections auxquelles il prévoyait de se présenter. Cette confiscation du pouvoir suscita une vague de contestation, à nouveau portée par les syndicats et les principaux partis d’opposition, qui organisèrent un grand rassemblement dans le stade de Conakry le 29 septembre 2009. C’est là que se produisit le massacre systématique qui justifie la plainte actuelle, déposée à Bruxelles après qu’a été assurée la sécurité des témoins restés en Guinée.


En effet, malgré l’inculpation de l’un des accusés, Moussa Tiegboro Camara, les organisations de défense des droits de l’homme restent préoccupées par le fait que de nombreux auteurs des crimes commis dans le stade demeurent en fonction et pourraient encore menacer ou intimider des témoins.

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