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François Hollande arrive au pouvoir dans une Europe en crise

Dix-sept ans après le départ de François Mitterrand de l'Elysée, François Hollande, qui a remporté l'élection avec 51,6 % des suffrages, devient le deuxième président de la République socialiste. Il n'y aura pas d'état de grâce.

Dans les pas de François Mitterrand. Dix-sept ans après son départ de l'Elysée, François Hollande est devenu hier soir le deuxième président de la République socialiste. Il a été élu avec 51,6 % des suffrages (chiffres partiels à 23 heures) à l'issue d'une campagne dont les instituts de sondages l'ont toujours donné vainqueur. Pourtant, ces derniers jours, en dépit d'un débat dont il s'est bien sorti et du soutien inattendu de François Bayrou, l'écart, précédemment estimé à 6 ou 7 points, s'était resserré au point d'engendrer une certaine fébrilité dans les rangs socialistes.

François Hollande le sait : il ne bénéficiera pas d'état de grâce, à l'inverse de la plupart de ses prédécesseurs. L'autre scrutin d'hier, les législatives en Grèce, risque de nouveau de précipiter dans la tourmente une zone euro en panne de croissance .

«  Je mesure l'honneur qui m'est fait et la tâche qui m'attend », a-t-il déclaré dans son premier discours de président élu à Tulle. Lors de son dernier grand meeting de campagne, jeudi dernier, à Toulouse, il s'était exclamé : « Les problèmes ne vont pas disparaître avec le candidat sortant. Si seulement il pouvait les emmener avec lui ! » Il avait ensuite énuméré la plupart des chantiers auxquels il devrait s'atteler. « Nous aurons à faire des réformes courageuses : réforme fiscale, réforme bancaire, réforme territoriale, réforme pour soutenir la production. » Il a réaffirmé hier soir qu'il « demande à être jugé sur deux engagements majeurs : la justice et la jeunesse ».

A Toulouse, il avait également évoqué parmi les tâches qui l'attendraient la maîtrise de la dette et la réduction des déficits. « Nous le ferons en appelant la contribution des plus favorisés, des plus fortunés, et nous supprimerons la TVA soi-disant sociale et qui, en définitive, ne vise qu'à prélever davantage sur les consommateurs. » Il avait également parlé des discussions avec l'Allemagne. Hier après-midi, Jean-Marc Ayrault, bien placé pour devenir son Premier ministre, avait indiqué que François Hollande, s'il était élu, devrait avoir un échange avec la chancelière allemande, Angela Merkel, dès hier soir. « Il y a là la clef du redressement de l'Europe, de la réorientation de l'Europe dans le sens de la croissance, dans le sens de la compétitivité, de la protection », a-t-il déclaré après avoir voté dans sa ville de Nantes. François Hollande pourrait prendre ses fonctions avant le 15 mai et enchaîner avec une rencontre avec Angela Merkel. Il a déclaré à plusieurs reprises qu'en cas d'élection il ferait son premier déplacement à l'étranger à Berlin.

Agenda international chargé

D'autres dossiers complexes attendent déjà les socialistes. Certains n'ont pas été réglés pendant la campagne (l'avenir du site PSA d'Aulnay-sous-Bois, celui de Petroplus...), d'autres étaient déjà prévus. C'est le cas de l'émission d'obligations de 12 milliards d'euros que la France doit effectuer le 17 mai. Des sommets internationaux sont également à l'agenda : le G8 à Camp David (Etats-Unis) les 18 et 19 mai, un sommet de l'Otan les 20 et 21 mai à Chicago, le G20 au Mexique les 18 et 19 juin, puis une rencontre informelle des chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pays de l'Union européenne qui devrait se tenir avant le sommet des 28 et 29 juin. Dans le calendrier de ses mesures qu'il a communiqué au mois d'avril, François Hollande indiquait vouloir renégocier le traité européen «  dès fin mai ».

Le président élu a besoin désormais que l'Assemblée nationale lui donne une majorité. A Toulouse, il a appelé les électeurs à lui donner une «  victoire ample », autrement dit au moins 52 % des voix. «  Si les Français doivent faire un choix, qu'ils le fassent clairement, massivement, qu'ils donnent à celui qui sera investi toutes les capacités et les moyens d'agir », avait-il déclaré. Il y a quelques mois, François Rebsamen, l'un de ses proches, affirmait : «  Quand vous gagnez avec 51 % seulement, le lendemain, vous êtes déjà minoritaire dans le pays ! »

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