18 Décembre 2010
Au lendemain des violences meurtrières de jeudi à Abidjan, la pression internationale s'accroît face au danger de voir la guerre civile se réinstaller en Côte d’Ivoire. Les États-Unis, l'Union européenne et la France ont augmenté d'un cran la pression sur le président sortant ivoirien Laurent Gbagbo, qu'ils somment de quitter le pouvoir.
L’Union africaine qui n’a pas reconnu le coup de force de Gbagbo ne perd pas espoir de voir aboutir sa médiation, endossant le point
de vue et les résolutions de la CEDEAO qui la première a exigé le départ de Gbagbo pourtant membre actif parmi ses membres. La Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest a
appelé le sortant à transférer “immédiatement” le pouvoir au président élu Ouattara. Selon le chef de la diplomatie du Nigeria, le président nigérian Goodluck Jonathan, actuel président de
l'organisation, a envoyé une lettre au nom de la CEdEao à Gbagbo.
Le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, s’est rendu vendredi dans la capitale économique ivoirienne pour tenter une nouvelle médiation dans l'espoir d'éviter le pire à la
Côte d'Ivoire, déchirée par une quasi-guerre civile en 2002-2003 et coupée en deux depuis lors. Après un entretien avec le représentant de l'Onu dans le pays Choi Young-jin, il a rencontré les
deux présidents Gbagbo, avant Ouattara. Ping, qui n'a pas fait de déclaration à Abidjan, s’est rendu chez le président en exercice de l’UA qui avait aussi reconnu la victoire de Ouattara. Mais
plutôt qu'une médiation, le Premier ministre kenyan Raila Odinga, qui n’avait pris ses fonctions qu’au prix d’échauffourées qui ont failli plonger le pays dans une guerre ethnique et grâce à la
médiation de l’UA, a lui suggéré le recours à la force militaire pour déloger Gbagbo.
Le département d'État américain a déclaré vendredi que les États-Unis pourraient adopter des sanctions ciblées contre Gbagbo et ses
partisans si celui-ci refuse de quitter le pouvoir. “Du point de vue des États-Unis, le temps commence à manquer. Les États-Unis sont préparés à imposer des sanctions ciblées, à titre
individuel et en coordination avec nos partenaires, contre le président Gbagbo, sa famille immédiate et ses proches partisans, s'il continue de s'accrocher de manière illégitime au pouvoir”, a
déclaré le porte-parole du département d'État Philip Crowley.Washington reconnaît la victoire des urnes qui ont donné Alassane Ouattara vainqueur alors que Gbagbo s’était rapproché des
États-Unis pour décrocher la Côte d’Ivoire d’une françafrique qui n’a pas été du tout compréhensive à l’égard de son régime. Simone, un élément actif du dispositif Gbagbo, était en charge de
cette translation et elle s’en vantait même. “Gbagbo doit partir avant la fin de la semaine, sinon il figurera, nommément, sur la liste des personnes visées par des sanctions de l'UE, gel
d'avoirs et restrictions de visas.” le président français a été intraitable, après la dizaine de morts lors de la première tentative des pro-Ouattara de s’emparer de la radiotélévision
publique.
Nicolas Sarkozy, président de l'ex-puissance coloniale française, qui compte encore 15 000 ressortissants dans le pays, n’y est pas allé de main morte, allant jusqu’à adresser la même menace à
Simone, l’épouse de Gbagbo, soit dit l’Ivoirienne la plus anti-française. Et comme par hasard, une chaîne de France Télévision a diffusé une série de reportages sur les biens de présidents
africains en France, parmi lesquels le couple Gbagbo occupe une bonne place.
Les dirigeants de l'UE réunis à Bruxelles ont exhorté l'armée à se placer sous l'autorité du président démocratiquement élu, Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale comme le
vainqueur de l'élection controversée du 28 novembre. Moscou a appelé à éviter les violences. Quant à la Chine, c’est le mutisme. Depuis vendredi, dans Abidjan quadrillée par les forces de
l’armée régulière, fidèle à Gbagbo, rien ne signalait de nouvelles mobilisations des partisans de Ouattara. Washington vient d’annoncer qu’au moins un État africain a proposé d'accueillir
Gbagbo s’il venait à accepter de quitter son pays. “Un départ en douceur”, a déclaré vendredi le diplomate américain William Fitzgerald, chargé des affaires africaines au département
d'État. Le nom du pays hôte reste secret !