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La Guinée nouvelle

Guerre des docks au port de Conakry

 

Sur le petit port de Conakry, toujours dans l’attente des gros investissements annoncés par Bolloré, concessionnaire depuis mars 2011, après le départ de l’équipe de Richard Talbot (Groupe Getma International), c’est maintenant une guerre à 3. Les manutentionnaires ont décidé de jouer leur partition et de sauver le plus ancien investisseur en Guinée et du port de Conakry, Jean-Jacques Grenier.
Dans une enquête exclusive, parue en mai 2012, Les Afriques évoquait la grosse tempête qui s’abattait sur les quais de Conakry depuis l’arrivée de l’industriel breton. Mais dans ce qui est convenu d’appeler la guerre du mammouth portuaire francofrançais, qui continue d’étendre ses tentacules, un nouveau pôle, le troisième de cette implacable bataille des docks, celui des manutentionnaires, joue sa partition.

Lésés et abandonnés à leur compte, depuis plus d’un an, leur survie est menacée. Dans un document parvenu à Les Afriques, ils soutiennent le vieux manitou français et l’infatigable soldat, Jean-Jacques Grenier, patron de AMA Guinée, Getma Guinée.

Dans ce branle-bas qui empoisonne les eaux guinéennes, les manutentionnaires, travaillant sur le port de Conakry depuis près d’une trentaine d’années, ont décidé de sauver ce qui reste des meubles sur le long du quai. Devenus par les temps qui courent, la vigie du port de Conakry, ces manutentionnaires jouent, disent-ils, la carte de l’armateur Jean-Jacques Grenier, qui s’est fait discret dans la guéguerre franco-française. Une bataille légitime pour la survie des centaines d’employés qui gardent espoir que le serpent de mer quittera les eaux guinéennes. Dans un marché concurrentiel et aussi convoité par de gros pontes portuaires que le Port de Conakry, le groupe Jean Jacques Grenier présent en Guinée depuis 1979 est resté zen et n’a jamais abdiqué. En dépit de la grosse tempête Getma International de Richard Talbot et son rival Bolloré. Une source proche du groupe, a confié à Les Afriques, que les concurrents de Jean-Jacques Grenier ont visé à l’affaiblir et à ternir l’image du groupe pour s’adjuger les parts de marché. Qui veut faire couler la flotte logistique et portuaire de Jean-Jacques Grenier, la plus ancienne en Guinée s’interrogent les manutentionnaires ? «Il est notre père. Il nous a vus grandir et nous a beaucoup aidés. Il connaît nos problèmes, partage avec nous nos joies et peines» renchérissent-ils en choeur. «Jean-Jacques Grenier est un amoureux de la Guinée et sa longue présence sur le sol témoigne son affection pour le pays. Il tombera avec nous les armes à la main» commente un haut responsable du monde maritime établi à Conakry.

Les enjeux financiers sont énormes, ce qui explique cette féroce guerre des docks à Conakry. Le Port de Conakry représente avec le Port de Kamsar 80% des échanges économiques de la République de Guinée avec un trafic conteneurisé d’environ 80 000 TEUS (l’équivalent de 20 pieds).

Plus de 3 millions de tonnes de bauxite et d’alumine exportées. Depuis l’installation du groupe Bolloré, concessionnaire du terminal à conteneurs, le secteur informel est fortement pénalisé en termes de tarification du terminal à conteneur qui a grimpé à hauteur de 40%. Un goût amer du côté du secteur informel plombé du coup. Sur l’empire portuaire et logistique de Jean- Jacques Grenier, on se refuse une quelconque descente aux enfers de la flotte. L’arrêt des activités de la firme Rusal, premier groupe mondial d’alumine dont il est le transitaire depuis le départ de Pechiney, qui exploitait l’usine de Fria, la première usine d’alumine africaine, a porté un lourd préjudice au groupe Jean-Jacques Grenier. Il est chiffré à plus de 700 000 $. Annoncée par Les Afriques en mai dernier, l’information faisant état de discussions pour la vente de AMA Guinée, Getma Guinée et MLT, n’est pas à l’ordre du jour. Du côté de la Rue Marignan (8ème arrondissement parisien), l’information a fait l’effet d’une bulle qui a permis aux hauts responsables de rompre le silence.

«Nous ne vendons pas notre réseau. Africa Ports poursuit tranquillement sa stratégie de développement et de croissance avec un professionnalisme reconnu par ses nombreux partenaires pour servir la Guinée» a commenté une voix autorisée du groupe Jean-Jacques Grenier. Ici personne ne croit au bing bang portuaire depuis l’arrivée de Bolloré et le groupe qui vient d’obtenir la Certification ISO 9001 soutient le gouvernement guinéen dans son entreprise de sécurisation visant à mettre en conformité le Port aux normes ISPS. La visite à Paris le 04 juillet dernier du président guinéen, Alpha Condé, lequel a abordé avec la communauté guinéenne la brûlante affaire Bolloré-Getma International cache à peine le malaise du serpent de mer de Conakry. «Bolloré est un ami, je l’assume. Mais j’ai été clair avec lui, s’il ne respecte pas ses engagements, je le lui retirerai la concession purement et simplement» a averti sur un ton ferme le président Alpha Condé. Comme qui dirait que les comptes ne sont pas toujours soldés.

 

lesafriques.com

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