21 Février 2012
Des heurts entre policiers et militaires bissau-guinéens se sont produits à Bissau lors de la
dispersion d'un groupe de jeunes qui exigeaient de pouvoir être inscrits sur les listes électorales pour la présidentielle du 18 mars, a appris mardi l'AFP de sources
concordantes.
Un groupe de membres de la Police d'intervention rapide (PIR), communément appelés Angolanos,
a été pris à partie lundi par des militaires, au moment où ils chargeaient les jeunes, quatre des policiers ayant été frappés et emmenés au siège de l'état-major de l'armée, selon une source
gouvernementale.
Nos camarades ont été violemment chargés par des militaires qui les ont déshabillés et les ont
conduits à la forteresse d'Amura, siège de l'état-major, a confirmé un officier des PIR.
Il a ajouté que les quatre policiers ont ensuite été remis en liberté et a indiqué que les
chefs hiérarchiques de la police avaient été saisis pour mettre un terme à cette barbarie entre corps habillés (gens en uniforme).
Ces incidents ont eu lieu lors d'une manifestation non-autorisée d'une centaine de jeunes
devant le siège de la Commission nationale des élections (CNE) qui exigeaient d'être inscrits sur les listes électorales pour pouvoir voter à la présidentielle.
Notre marche était pacifique, a déclaré Braima Alfa Djalo, leader du Congrès national africain
(CNA), candidat à la présidentielle, un des organisateurs de la manifestation.
C'est au moment où des manifestants ont commencé à incendier des pneus et jeter des
projectiles contre le siège de la CNE que les policiers ont chargé à coups de matraque et de gaz lacrymogènes.
La charge a été violente et la fumée des gaz lacrymogènes a indisposé des chefs militaires qui
se trouvaient sur les lieux et ont alors donné l'ordre de dégager les policiers de là, selon une source militaire.
Un journaliste d'une radio privée, Radio Bombolom, qui avait relaté ces incidents, a été
brièvement interpellé par la police qui lui a présenté ses excuses ainsi qu'à la radio.
La Ligue bissau-guinéenne des droits de l'Homme (LGDH) a vivement condamné mardi ce qu'elle a
appelé un acte criminel des militaires qui met en cause les relations institutionnelles entre deux structures armées de l'Etat, avec des conséquences imprévisibles.
Dans un communiqué, elle fait porter la responsabilité de l'intervention des militaires contre
les policiers au chef d'état-major des forces armées Antonio Indjai. Il est responsable des disfonctionnements dans la chaîne de commandement et de discipline au sein de l'armée; ces actes
installent la peur dans le pays, affirme le texte.
La Guinée-Bissau est confrontée depuis son indépendance du Portugal en 1974 à des violences
récurrentes impliquant l'armée.
Cette instabilité est accentuée par l'importance prise ces dernières années par le narcotrafic
dans ce pays à l'économie précaire devenu zone de transit de drogues entre l'Amérique du Sud et l'Europe.