30 Mars 2011
On ne le dira jamais assez, Conakry est une ville campagne. Outre l’obscurité et les montagnes d’ordures, la capitale guinéenne ajoute une nouveauté : désormais Conakry donne l’aspect d’un champ défriché et brûlé en pleine brousse.
En ce mois de mars, il y a un soleil de plomb. Tout ce que vous mettez sous ce soleil devient sec en un temps record. Ce qui est sec brûle facilement. Et les habitants de la capitale trouvent le moyen le plus facile et le plus rapide de se débarrasser de toutes ces montagnes d’ordures.
Cette solution facile est de mettre tout simplement le feu sur les ordures. Le feu peut consumer une montagne d’ordure pendant 2 semaines. Avec tout ce que cela entraîne en termes de pollution. L’expérience fait tache d’huile. Désormais on observe partout une épaisse fumée. La capitale brûle comme un champ. Partout on est obligé de boucher les narines et de fermer les fenêtres pour respirer.
Curieusement même le très huppé quartier administratif de la cité du chemin de fer n’est pas épargné par le phénomène. Ce mardi 15 mars, il est 13h 30. C’est l’heure de la pause. Les restaurants situés en face de cette cité sont bondés du monde. Les travailleurs de banques, assurances et autres sociétés minières sont sortis pour déguster un plat. Pendant ce temps, en face des jeunes désœuvrés brûlent des pneus et autres ordures. Toute la cité est couverte de fumée. Tout le monde subit et se résigne.
Où est l’administration de la ville ? Où sont les maires des communes ? Et les chefs de quartiers de la capitale ? Ou encore le service de voirie urbaine ? Pour le moment ce trio se partage la tâche comme suit : les maires s’occupent des recettes des marchés. Les chefs de quartiers vendent et revendent les parcelles, même les cimetières. Et le service de salubrité rackette les restaurateurs.
Il y a véritablement une nécessité de former et de reformer les élus locaux afin qu’ils s’acquittent de leur mission : celle de s’occuper non pas de se remplir les poches mais de s’occuper enfin et pour toujours de la gestion de la cité.
Pour le moment, la ville de Conakry est abandonnée à elle-même. Le changement doit intervenir à tous les niveaux. De Sékoutouréya au bureau du conseil de quartier. Et c’est maintenant ou jamais. Aujourd’hui le contexte est favorable. On peut réunir tous ceux qui gèrent la ville pour leur dire qu’il y a une nouvelle donne. Une nouvelle dynamique. Et par conséquent, ils doivent adopter un nouveau comportement. Une nouvelle attitude.
Chacun est libre de faire ce qu’il veut dans son village. En revanche, la capitale est la maison commune où le droit de chacun s’arrête là où commence celui de l’autre. Et une capitale n’appartient pas qu’aux seuls nationaux. Elle appartient à tous ceux qui y vivent.
Le Malien, le Pakistanais ou le Laotien qui vivent à Conakry ont autant de droit que celui dont l’ancêtre des ancêtres est né à Kaloum. Conakry est cette maison commune aux Guinéens et, dans ce monde mondialisé, autres habitants du petit village planétaire. Dès lors, chacun doit s’abstenir de nuire les autres. D’où l’impérieuse nécessité de mettre fin à cette multitude d’incendies volontaires avec leurs corollaires de pollution.
Vivement donc un changement de comportement dans la gestion de la capitale guinéenne.