30 Juin 2010
La Guinée était mercredi dans l'attente des résultats provisoires de la première élection présidentielle libre de l'histoire du pays, dans un climat d'impatience et de suspicion croissantes, la quasi-totalité des partis ayant dénoncé des "irrégularités" et "fraudes".
Sur les 24 candidats - tous civils - trois sont donnés favoris.
Il s'agit de deux anciens Premiers ministres du général Lansana Conté (1958-1984) - Cellou Dalein Diallo (Union des forces démocratiques de Guinée, UFDG) et Sidya Touré (Union des forces républicaines, UFR) - et d'un opposant historique à toutes les dictatures depuis 1958, Alpha Condé (Rassemblement pour le peuple de Guinée, RPG).
"Nous sommes en train de centraliser les résultats. Nous nous réunissons tout de suite pour définir un plan d'action pour la journée", a déclaré mercredi matin à l'AFP le directeur des opérations électorales de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Pathé Dieng.
"Les choses se bousculent, les résultats tombent à un rythme plus accéléré. Nous en avons reçus beaucoup cette nuit. Nous n'avons pas dormi...", a ajouté M. Dieng.
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Selon le code électoral, la Céni doit livrer les premiers résultats dans les 72 heures après le scrutin, soit mercredi avant 18H00 (locales et GMT).
"C'est notre dernier jour. Il faudrait qu'on se démultiplie pour répondre à cet appel. C'est notre défi!", a conclu M. Dieng.
A Conakry, mercredi, la vie semblait comme ralentie. Les embouteillages habituels étaient inexistants et de nombreuses échoppes restaient fermées, par crainte d'éventuelles agitations.
"Des rumeurs ou informations alarmantes sur les manipulations et des bourrages d'urnes ont créé cette atmosphère de suspicion", a estimé le directeur de publication des hebdomadaires Le Démocrate et L'indépendant, Mamadou Dian Baldé, joint par l'AFP.
De l'avis général, la paix et la sérénité avaient prévalu au premier tour de cette élection historique, après un demi-siècle de dictatures.
Mais, 20 partis - sur les 24 engagés dans l'élection - ont multiplié mardi les accusations de "fraudes massives", évoquant notamment des "bourrages d'urnes" ici ou là. La commission électorale a de son côté réaffirmé qu'"aucun résultat" ne serait manipulé, présentant ces accusations comme des "rumeurs totalement infondées".
"Tous les regards sont tournés vers la Ceni qui doit, dans lintérêt du peuple et du pays, prendre ses responsabilités sans hésitations. Les calculs mesquins vont entraîner des dérapages, nous devons éviter cela", a déclaré à l'AFP le vice-président de l'UDFG, Amadou Oury Bah.
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Un responsable du RPG d'Alpha Condé, ne souhaitant pas être cité nommément, a accusé les membres de la Céni d'être des "militants inconditionnels d'autres partis" qui "doivent assumer toutes les magouilles quils sont en train de faire".
Si la Commission est sous le feu des critiques, chacun des grands partis en accuse aussi d'autres.
"Qui va enquêter sur la véracité de ces fraudes?", s'interrogeait mercredi Alpha Touré, membre du conseil national des organisations de la société civile.
A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a souhaité que les contestations respectent les procédures constitutionnelles.
"Il appartient aux candidats qui souhaiteraient contester les résultats de le faire dans le cadre des procédures légales, en l'occurrence devant la Cour suprême, dans les huit jours suivant la proclamation des résultats par la Commission électorale nationale", a déclaré un porte-parole.