La Guinée a un nouveau
gouvernement présidé par Jean-Marie Doré, Premier ministre. Un gouvernement composé de civils et de militaires et qui a pour mission d’organiser les prochaines élections.
Depuis la mort naturelle du Colonel Lansana Conté, il est un fait indéniable que la Guinée est dans une zone de turbulence. Malgré la prise de pouvoir par la junte militaire, qui fait du Capitaine
Dadis Camara le successeur controversé de Lansana Conté, les choses vont toujours de mal en pis. Les arrestations et assassinats se comptent au quotidien. Le dernier acte crapuleux est bien sûr cet
attentat raté contre Dadis Camara, l’ éloignant ainsi du pouvoir, après les massacres du Stade du 28 septembre où les militaires ont tiré à bout portant sur la population civile, mains nues.
Massacres doublés des actes de vandalisme, de viols et agressions sexuelles.
La désignation d’un opposant comme Premier ministre et la formation d’un nouveau gouvernement à Conakry passe pour une amorce vers le retour à la normalité. La mission confiée à ce nouveau
gouvernement guinéen consiste à organiser des élections pour enterrer définitivement le règne de Lansana Conté et consacrer effectivement la mise à l’écart de Dadis Camara.
Le gouvernement Doré est condamné à réussir pour tourner définitivement la page d’une période sombre d’un pays qui a donné une certaine impulsion à l’Afrique grâce à la forte personnalité politique
de certains de ses fils. Allusion faite à Sekou Touré, Diallo Telli, Siradou Diallo … pour ne citer que ces trois. La Guinée se trouve en un tournant crucial de l’histoire de son existence.
Pas de gouvernement pour la Côte d’Ivoire. Le président ivoirien a dissous depuis la semaine dernière le gouvernement ainsi que la Commission électorale indépendante. Néanmoins, il a reconduit
Guillaume Sorro dans ses fonctions de Premier ministre, comme pour rester dans l’esprit des accords de Ouagadougou.
Cependant, la décision de Laurent Gbagbo n’a pas du tout plu à l’Opposition qui la conteste et affirme ne plus reconnaître en Laurent Gbagbo la qualité de président de la République de la Cote
d’Ivoire. Une façon de l’inviter à rendre le tablier. Ce serait mal connaître Gbagbo, cet « animal politique » de fléchir devant une telle pression.
Entre-temps, le Premier ministre poursuit ses consultations pour constituer un nouveau gouvernement au plus tard à la fin de cette semaine. Tâche pas du tout facile. Non pas que Sorro doit
convaincre l’Opposition à faire partie de ce gouvernement - ce qui serait une victoire de Gbagbo - mais aussi les membres de l’ex-rébellion dont il est issu.
En plus, il s’agit de donner toutes les garanties de l’organisation fiable des prochaines élections générales en Côte d’Ivoire. Echéance politique très attendue par tous les Ivoiriens pour ouvrir
une nouvelle page de l’histoire, écrite en des termes de paix, de cohabitation pacifique, de progrès national et de promotion humaine. Moment capital et crucial en vue d’éviter de rentrer à la case
départ.
Guinée et Côte d’Ivoire, deux pays de l’Afrique de l’Ouest sont à un tournant déterminant de leur histoire, de leur destin. A eux de jouer ; quitte ou double.