20 Janvier 2014
La reconduction surprise du premier ministre démissionnaire Mohamed Saïd Fofana samedi par le chef de l'Etat guinéen Alpha Condé, appréciée par la majorité, est "un non-événement", selon l'opposition.
Cete décision est "une bonne chose, une bonne nouvelle", selon le secrétaire administratif du RPG (Rassemblement du peuple de Guinée, au pouvoir) Lansana Komara, interrogé par l'AFP. Le gouvernement sera formé avant mardi soir, selon la présidence.
Pour l'opposition, en revanche, c'est "un non-évènement, une histoire qui ne regarde que le président Condé".
Interrogé lui aussi par l'AFP, le porte-parole de l'opposition Aboubacar Sylla a qualifié cette décision de "non-événement, histoire qui ne regarde que le président Condé".
"Nous attendons la formation du nouveau gouvernement pour voir à quoi ressemble la nouvelle donne", et "nous ne parlerons de lui que lors qu'il aura formé son cabinet".
L'ancien premier ministre Sidya Touré, dirigeant de l'UFR (Union des forces républicaines -opposition) estime que, au-delà de la question du Premier ministre, "la Guinée a besoin de changement de président donc de changement de régime".
Un responsable de la société civile a expliqué à l'AFP sous couvert de l'anonymat que le président Condé ne devait pas "faire du neuf avec du vieux".
"Nous craignons que le chef de l'Etat ne soit pris en otage par des personnes invisibles qui l'ont emmené à prendre le décret qui a reconduit son premier ministre démissionnaire", a-t-il dit.
"Néanmoins, nous lui souhaitons bon vent", a-t-il ajouté.
Mohamed Saïd Fofana, 62 ans, qui a démissionné mercredi, quatre mois après les élections législatives du 28 septembre, a été reconduit samedi à son poste par le président guinéen Alpha Condé. C'est un économiste de formation.
Il avait démissionné deux jours après l'installation de l'Assemblée nationale issue des élections, remportées par le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG). Le RPG a remporté 53 sièges de députés sur 114, mais s'est assuré, avec cinq alliés, la majorité absolue.
Ces législatives, les premières depuis 2002, auraient dû se tenir dans les six mois suivant l'investiture en décembre 2010 d'Alpha Condé, premier président démocratiquement élu de Guinée.
Mais elle avaient été souvent repoussées tant la méfiance était grande entre le chef de l'Etat et ses opposants, dans un pays à l'histoire marquée par les violences politiques et militaires, les coups d'Etat et la répression sanglante des manifestations, et où les divisions politiques recoupent souvent les dissensions ethniques.