10 Avril 2012
Dans une longue interview accordée à certains médias privés de Guinée à partir d'Addis
Abeba, le Général d'Armée Sékouba Konaté a répondu à la dernière sortie du l'ex-chef de la junte au pouvoir en Guinée, le Capitaine Moussa Dadis Camara. Une sortie (Dadis charge konaté article
koaci.com) aucour de laquelle, le capitaine Dadis n'a pas du tout été tendre avec son ancien bras droit.
D'entrée de jeu le Général Konaté est revenu de long en large sur la prise du pouvoir après
la mort de feu Général Lansana Conté en fin décembre 2008 en ces termes:" Si je dis que je vais tout expliquer sur la prise du pouvoir par l’armée en 2008, cela va prendre des jours, mais je vais
donner quand même quelques éléments. Avant la prise du pouvoir par le CNDD (Conseil National pour la Démocratie et le Développement Ndlr) vous savez qu’il y avait eu en Guinée une mutinerie
pendant laquelle les gens ont voulu prendre le pouvoir du Général Lansana Conté ; mais ceux qui préparaient cela pour renverser le pouvoir du Général Lansana Conté, mais ils ne pouvaient pas
avoir la force. Moi j’étais au front parce que moi j’ai fait plus de dix ans au front, c’est ça que je connais réellement. En voyant les chefs militaires qui ne pouvaient plus réagir, il (Général
Lansana Conté Ndlr) m’a fait appel pour ne pas qu’il y ait accrochage entre militaires, j’ai pu arranger les choses parce que la plupart des gens qui étaient dans cette mutinerie c’était des
hommes qui faisaient partie de la même unité que moi, donc leur commandement relevait directement de moi, je leur ai dit que c’est grâce au vieux là (Général Conté Ndlr) qu’on est là aujourd’hui,
ça il ne faut pas avoir honte de le dire, être contre ce vieux-là ne serait pas bon pour nous.
Je vous explique d’abord qu’avant la prise du pouvoir, il y avait une mutinerie qui sous entendait une prise du pouvoir. Moi on m’a fait venir de 800km et on m’a nommé commandant du bataillon autonome des troupes aéroportées, je suis rentré à Conakry, j’ai rencontré à l’époque le chef d’état-major général des armées, le Général Diarra, le ministre Kabèlè, ils m’ont donné des consignes et après je suis allé voir le président Conté aussi qui m’a donné des consignes. J’ai fais ce que je pouvais faire, j’ai rassemblé les hommes et je leur ai dit qu’on est pas venu ici pour livrer une guerre parce que c’est la même armée, nous devons nous donner la main, rester dans l’esprit militaire, l’esprit de discipline, l’esprit de défense de l’intégrité territoriale, donc les gens n’ont qu’à rentrer dans les rangs et je crois que mon appel fut entendu et les gens sont rentrés dans les rangs. Le Général Conté ne pouvait même plus se déplacer de son palais, c’est après ces consignes que j’ai données à la troupe que je suis allé le rencontrer pour lui dire que la situation est maîtrisée et qu’il pouvait se rendre partout où il voulait, ça c’est dans un premier temps" explique le Général Sékouba Konaté avant de poursuivre:" Dans un deuxième temps, il y a certains qui m’ont vu parce que j’étais à la tête d’une élite très respectée et j’étais aussi l’un des officiers les plus écoutés, je me suis dis que s’il s’agissait de renverser le pouvoir du Général Conté ça je ne pourrais pas le faire, quand le président ne sera pas là on verra ce qu’on pourra faire, donc entre temps le président est décédé. Déjà, j’avais une unité très opérationnelle parce qu’on avait envoyé des hommes très compétents et qui ont passé tout leur temps à la frontière guinéo-libérienne. Le regroupement de ces hommes ne m’a pas pris 24h, ils étaient là et ils me disaient : « On fonce ! ».
Il y avait là aussi des gens tel que le Général Toto (actuel ministre d’Etat chargé de la sécurité et de la protection civile Ndlr) qui m’a appelé pour me dire qu’il a voulu dépêché une unité mes que les gens n’ont pas voulu et qu’il fallait mon arrivée, ils sont rentrés en contact avec moi, je suis allé directement au camp et tous les hommes étaient là, ils étaient tous rassemblés. Dans un premier temps, il y avait Korka (actuel ministre chargé de l’élevage Ndlr) qui m’a trouvé là-bas, il y a le colonel Diaby qui est venu aussi. Donc de là-bas, nous avons eu à tenir une réunion, Korka, Diaby et Toto eux ils rédigeaient le communiqué! Pendant qu’ils rédigeaient ce communiqué moi je faisais la répartition des missions, d’ailleurs il y a un des hommes que je félicite et que j’encourage c’est le lieutenant-colonel Sâa Alphonse, parce que je lui avais donné une mission capitale, j’ai pris un groupe, je leur ai dit qu’il devait se rendre à la RTG de Koloma (la Radio Télévision Guinéenne Ndlr),ces gens-là sont partis pour une première fois ils ont trouvé que c’était fermé, pendant ce temps moi j’étais toujours au camp, j’attendais le communiqué et j’avais d’ailleurs un poste radio avec moi.Après ils sont revenus et ils sont repartis pour une deuxième fois et quelques temps après ils sont encore revenus me dire « Mon colonel, vraiment on ne peut pas rentrer, tout est fermé ». C’est ainsi que je leurs ai dit regardez il fait quelle heure! C’est par après que nous avons bougé et tous les hommes ont suivi, on est parti, on a pris la RTG en main et on a demandé à un individu (Capitaine Moussa Dadis Camara Ndlr) de lire le communiqué, l’intéressé tremblait même mais je lui ai dit qu’on était là et qu’on assurait la sécurité, j’ai laissé par la suite un contingent là-bas qui était composé entre autres de Aidore Bah (actuel chef de cabinet au ministère de la défense nationale Ndlr), le colonel Issa Camara. Nous avons replié par la suite au camp, on est resté dans mon bureau, il fallait procéder maintenant à la désignation des chefs. Moi, dès au départ j’avais dit aux gens avec lesquels j’étais et qui nous entretenaient très bien quand on a quitté l’intérieur du pays pour Conakry, l’intéressé là (capitaine Moussa Dadis Camara Ndlr) nous donnait ce qu’on voulait, mais nous on savait ce pourquoi il le faisait" martèle le Général Konaté.
Répondant à la question par au choix du chef de la junte après la mort du Général Lansana
Conté, le haut commandant de la forces en attente déclare:" Dès après la prise du pouvoir, on était dans mon bureau comme on est assis comme ça, j’avais fait un deal avec quelqu’un (Capitaine
Moussa Dadis Camara Ndlr), il y avait Benjamin (son ancien chargé des opérations Ndlr) qui était présent, il y avait la femme de l’intéressé (capitaine Moussa Dadis Camara Ndlr) qui était
présente, il y avait l’intéressé qui était présent… Bien avant la prise du pouvoir on se réunissait toujours chez Mama Rougui, il y avait Kélétigui Faro, vous pouvez bien lui demander. Ceux qui
vous disent que c’était un hasard, c’est archi faux, moi j’étais avec mon unité et j’ai fait mon travail parce que je ne connais que ça dans ma vie. C’est d’un seul coup après que j’ai appris
qu’on m’a nommé comme ministre de la défense nationale, je ne voulais pas parce que j’ai fait un deal avec quelqu’un, j’ai accompli ma mission, pour moi c’était donc terminé. C’était non
seulement de protéger l’intéressé et en même temps lui remettre le pouvoir. Je suis revenu dans la salle du BATA (Bataillon Autonome des Troupes Aéroportées Ndlr), il y avait moi, il y avait
Alphonse, Issa, il y avait Pivi (actuel ministre chargé de la sécurité présidentielle Ndlr), il y avait Pévé, il y avait l’intéressé, moi j’étais donc assis dans mon bureau et les autres étaient
là .Donc Issa a dit « mon Général c’est quoi ? C’est vous qui devez être président », il y a Alphonse aussi qui a dit la même chose, tous d’ailleurs avaient la même conviction, je leurs ai dit
que ce n’était pas ça, moi j’ai toujours servi dans l’armée, qui a toujours commandé les hommes, en me voyant à la tête de l’Etat, il ne faut pas avoir le complexe de le dire, sans complexe ni
rien, comment j’allais pouvoir diriger un État comme ça. Donc au départ déjà, je ne voulais rien du tout, je ne voulais pas de portefeuille ministériel ni rien, parce que il y avait un deal qui
était là, nous allons t’aider à avoir ça mais toi aussi au retour voilà ce que tu dois faire" raconte le Général d'Armée Sekouba Konaté.
S'exprimant par rapport aux 22 millions de dollars dont il est accusé d'avoir détourné lors
de la transition, le Général Konaté donne les explications suivantes:" Je ne suis pas déçu du peuple guinéen parce qu’il y a au moins 95% du peuple qui savent de quel côté se trouve la vérité.
J’ai toujours dis que j’ai été forcé pour diriger la transition, j’ai été forcé par tous ces politiciens qui sont là aujourd’hui, sinon je ne voulais pas du tout. J’avais dit aux américains et
aux français que je ne suis pas un administrateur, je ne connais rien dans l’administration, j’avais dit aussi à Jean Marie Doré; (ancien premier ministre de la transition Ndlr) que je ne
mêlerais pas des affaires, c’est pour cela d’ailleurs que Jean Marie Doré a été le premier ministre le plus libre de l’histoire de la Guinée. Ensuite j’avais dit aussi au ministre de l’économie
et des finances qu’on va m’envoyer des papiers que je vais signer et envoyer à ton niveau, tu es un technicien, si tu sais que c’est bon tu prends, si tu sais que ce n’est pas bon, vraiment
laisse tomber. C’est pour cela d’ailleurs qu’on m’a jamais vu assister à un conseil des ministres, moi j’étais là en tant que garant. C’est pour cela d’ailleurs que j’avais suggéré à la
communauté internationale de choisir le Général Toto puisque c’est lui qui était le premier vice-président du CNDD (Conseil National pour la Démocratie et le Développement Ndlr), mais les gens
m’ont dit non qu’ils n’ont vu personne à part moi, je leur avait proposé le premier ministre Kabinet Komara, ils ont dit non. Ils m’ont suivi pendant une semaine.
A propos des 22 millions de dollars j’ai expliqué que c’est à moi qu’on avait remis le
chèque, je suis allé dans le bureau de celui qui commandait la Guinée en ce moment (capitaine Dadis Camara Ndlr), je lui ai tendu le chèque, il m’a demandé de garder le chèque d’abord, de là bas
nous sommes allés au palais, il a annoncé devant le peuple, on a donc remis le chèque au gouverneur de la Banque Centrale. De là-bas, on est parti à Ouagadougou et arrivée là bas l’intéressé
(Capitaine Dadis Camara Ndlr) m’a demandé de faire sortir les 22 millions de dollars, c’était devant le gouverneur de la Banque Centre, Alhassane Barry! J’ai demandé à ce dernier qu’est-ce qu’on
allait faire, il m’a dit « Mon Général moi je ne peux pas parler à l’intéressé, mais cet argent vous ne pouvez pas le faire sortir », j’ai ensuite expliqué à l’intéressé (capitaine Dadis Camara
Ndlr) qu’on ne pouvait pas. On est donc rentré en Guinée et après que j’ai fini ma mission dans la transition guinéenne, je suis venu ici, j’étais à l’hôtel « HILTON », le Pr Alpha Condé lui-même
en tant que président de la république m’a trouvé dans ma chambre pour me dire que les 22 millions de dollars sont dans les caisses de la Banque Centrale. Maintenant les gens sont là à dire du
n’importe quoi, qu’est-ce qu’on a fait réellement ? Qu’on nous le dise réellement !" précise Konaté.
Parlant de ses rapports avec Alpha Condé, Président de la République de Guinée, le Général Konaté est clair:" Oui un peu ! Mais vous savez je n’aime pas trop déranger les gens. Il m’appelle quelques fois on parle, je l’appelle aussi on parle, quelques fois ça se passe bien, quelque fois ça se passe mal" précise konaté avant d'enchainer avec son message au peuple de Guinée: " C’est un message de paix, un message pour la réconciliation nationale, un message de pardon, il faudrait que les gens arrêtent la démagogie".
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