L'état d'urgence instauré le 17 novembre en Guinée après des violences politico-ethniques a été levé aujourd'hui, une semaine après la confirmation de l'élection à la présidence d'Alpha Condé,
selon un décret du président de la transition, le général Sékouba Konaté.
L'état d'urgence "est levé à compter de ce jour 10 décembre 2010", annonce ce décret, précisant que "toutes les activités de la vie nationale reprennent normalement" et que "chacun est libre de
vaquer à ses propres affaires, mais dans l'ordre et la discipline". Les regroupements sont cependant "formellement interdits" jusqu'à l'investiture du nouveau président Alpha Condé, dont la date
officielle n'a pas encore été fixée.
Le 3 décembre, la Cour suprême avait confirmé l'élection à la présidence de l'opposant historique Alpha Condé (52,5%), face à Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre (47,5%), qui a accepté
sa défaite. L'Union africaine a décidé jeudi de réintégrer la Guinée, après l'avoir suspendue pendant deux ans à la suite du coup d'Etat militaire en décembre 2008.
Dans son décret, l'ancien général putschiste Sékouba Konaté demande "la collaboration du peuple de Guinée avec les forces de défense et de sécurité pour démasquer les éléments nuisibles à la paix
et à l'unité nationale" et invite les forces de défense et de sécurité "à renforcer le dispositif le long des frontières". Il est par ailleurs précisé que "jusqu'à l'investiture du nouveau
président, toute décision et communiqué relatifs au fonctionnement de l'Etat et à la vie nationale qui n'a pas fait l'objet d'instructions préalables du président de la transition est
formellement interdit".
Le texte ferait ainsi allusion aux récentes déclarations du Premier ministre de la transition Jean-Marie Doré, faites en l'absence du président intérimaire. Le général Konaté, parti le 25
novembre au Maroc pour une visite privée et des soins médicaux, n'était pas encore rentré à Conakry vendredi. L'état d'urgence avait été instauré le 17 novembre après trois jours de violences
durement réprimées ayant fait au moins sept morts et plusieurs centaines de blessés, dans les fiefs électoraux du perdant Cellou Dalein Diallo, à Ratoma (Conakry) et dans des villes de
Moyenne-Guinée (nord).