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La Guinée nouvelle

Guinée : Mon général, n’abandonnez pas le pays au milieu du gué !

La colère d’un général, surtout s’il est à la tête d’un pays "crisogené", est à prendre au sérieux : Sékouba Konaté, le président intérimaire de la Guinée, est fâché, et il l’a fait savoir sur les antennes de RFI hier 29 septembre 2010. Les raisons de cette ire sont multiples : elles vont de cette camisole de force qu’on l’a contraint à endosser à Ouagadougou, par suite de l’éclipse pour cause de blessure de son alter ego Moussa Dadis Camara, à l’incapacité des deux challengers à s’accorder sur le second tour, en passant par "les mensonges" de son ami, l’ex-chef de la junte.

Alors donc que les Guinéens et la communauté internationale attendaient cette sortie du général pour confirmer ou infirmer le 10 octobre, proposé par la CENI comme date du second tour, c’est un "Tigre" furieux qui a menacé non seulement d’abandonner son intérim, mais "d’imposer s’il faut par la force un civil à la tête du pays" qui s’est fait entendre.

La tonalité de ces propos musclés appelle à plusieurs lectures :

- primo : c’est la nième fois que Sékouba Konaté brandit l’oukase de sa démission. Il l’avait exhibé au lendemain du 1er tour par suites des propos de Sidya Touré l’accusant de partialité. Il aura fallu qu’ATT, son homologue malien, atterrisse in extremis à Conakry pour l’en dissuader ;

- secundo : le n°1 guinéen a raison de s’emporter, car au fil des jours on a la fâcheuse impression que les protagonistes guinéens jouent avec le feu en surfant sur la corde ethnique, déjà raide, et en s’accommodant de cette situation de ni chair ni poisson qui prévaut dans le pays ;

- tertio : cet épouvantail du général (rendre le tablier) pourrait être aussi une façon de mettre la classe politique face à ses responsabilités ;

- quarto enfin : à moins que Sékouba n’applique la méthode dite "rumeur" de Postman, du nom de ce stratège du Pentagone qui, en 1944, lors de la Seconde Guerre mondiale, faisait toujours croire à l’ennemi le contraire de ce que les GI’s allaient entreprendre, donnant une certaine suprématie du terrain aux Boys.

D’aucuns ne sont pas loin de penser en effet que, si dès les premiers mois le général n’était pas intéressé par le pouvoir, il y a pris goût après et compte y rester. En bon militaire et fin stratège, il serait donc l’auteur de ce pourrissement de la situation, pour apparaître après comme le sauveur.

Quoi qu’il en soit, mon général, la Guinée est au milieu du gué et vous n’avez pas le droit de l’abandonner ; ce serait un parjure, même si, par ailleurs, le serment que vous avez fait à Ouaga l’a été de mauvaise grâce de votre part.

La Guinée a fait l’expérience des régimes d’exception et des despotes, le temps est venu pour elle de revenir à la démocratie constitutionnellement consacrée. A la guerre comme à la guerre, le pays est en guerre contre tous ceux qui ne veulent pas de ce retour à un Etat de droit. Menez et gagnez cette guerre !

Si tant est que vous soyez sincère, mon général, entrez dans l’Histoire tels certains de vos devanciers, dont ATT (Mali), Ely Ould Val (Mauritanie), en conduisant cette transition à son terme. Abandonnez maintenant, et vous irez rejoindre dans les poubelles de cette même Histoire tous ces galonnés venus en messies et repartis en bourreaux de leur peuple.

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