24 Mai 2010
A la date de clôture du dépôt des candidatures le 21 mai 2010, la CENI a réceptionné plus d'une quarantaine de prétendants à la présidentielle du 27 juin prochain. Mais il n'y a qu'une quinzaine de postulants qui sont représentatifs à cette course à la magistrature suprême. Une fournée acceptable au regard de la kyrielle de formations politiques (129) agréées par le ministère de l'Administration et des Affaires politiques. En pareille compétition, on ne peut que conjecturer sur les chances de chacun, même si la réalité du terrain, l'observation empirique et certains signes font émerger des favoris, des outsiders et des tocards.
Qui de cette dizaine de présidentiables sera le prochain locataire du Petit palais, déserté par Lansana Conté depuis le 2 février 1996, jour où les lieux furent bombardés par des militaires putschistes ? A moins que l'heureux élu ne retourne au palais de Sékoutouréya.
Cellou Dallein Diallo : ayant évolué dans l'ombre de Mamadou Bah alors patron de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), il fait figure d'hyper-favori à ce scrutin. Il peut compter sur son ethnie majoritaire, les peulhs, regroupés dans le Fouta Djalon et à Conakry. Sa longue expérience dans le régime Conté (ministre des Travaux publics, de la Pêche et de l'Agriculture, Premier ministre) constitue son atout et, en même temps, son ventre mou. On l'accuse d'avoir fait une "razzia économique" lors de ses passages au gouvernement. Autre avantage : il a des atomes crochus avec Abdoulaye Wade du Sénégal, Laurent Gbagbo de Côte d'Ivoire et Blaise Compaoré du Burkina.
Pour un présidentiable, ce n'est pas rien.
Sidya Touré alias Sidya "Courant". "Lors de mon passage à la primaire (1996 - 1999), j'ai électrifié Conakry et plusieurs villes, j'ai assaini la Fonction publique... 6 mois après mon départ tout a été arrêté (2)", nous confiait à Conakry le patron de l'Union des forces républicaines (UFR). Bon gestionnaire, son image est positive aux yeux des Guinéens. Toutes ces qualités suffiront-elles à faire élire celui qui se proclame candidat de "tous les Guinéens" ? En tout cas, il fait partie du trio gagnant et pourrait, au pire, jouer les faiseurs de président.
François Laonseny Fall : en rendant son tablier de chef de gouvernement à Lansana Conté en avril 2004 pour protester contre son manque de manÅ"uvre, le président du Front uni pour la démocratie et le changement (FUDEC) a engrangé la sympathie de ses compatriotes. Fonctionnaire onusien, il possède également quelques adresses utiles.
Lansana Kouyaté : éphemère Premier ministre de Conté (11 mois), l'ex-secrétaire exécutif de la CEDEAO, a créé le parti de l'espoir et du développement national (PEDN) pour se lancer à la conquête du fauteuil présidentiel. Il a des partisans à Conakry et aux alentours de la capitale.
Mamadou Diawara dit Diawara "yaourt" est un industriel qui s'est piqué de faire de la politique. Il pourrait faire le plein de voix à Siguiri, en Haute-Guinée, sa ville d'origine et géner Alpha Condé, qui compte aussi sur cette région. Mais, le fait d'être un transfuge du Parti de l'unité et du progrès (PUP), le parti de Conté, joue en sa faveur.
On peut adjoindre à ces outsiders, l'ex-grand argentier, Ibrahima Kassory Fofana, leader de la Guinée pour Tous (GPT). Viennent enfin ceux qui veulent surtout que l'histoire retienne qu'ils ont été candidat à cette course, les tocards : Mohamed Touré, fils de Sékou Touré, Aboubacar Somparé ex-président de l'Assemblée nationale qui défendra les couleurs du PUP, Ibrahim Abé Sylla, El hadj Ousmane Bah, Almamy Ibrahim Barry, Mamadou Sylla, PDG de FUTURELEC, Ousmane Kaba du PLUS... On le constate, ça promet, cette présidentielle plus qu'ouverte du 27 juin.
Notes : 1 - Alpha Condé avoue que c'est au cours d'un arrêt pour des besoins naturels dans le village Piné qu'il a été enlevé par des militaires