Guinée: Processus de sortie de crise - Sékouba Konaté - Une transition à la ATT

Le processus de sortie de crise guinéen est remis sur les rails. Il est impulsé par le général Sékouba Konaté, président par intérim de la Guinée, qui lui imprime son rythme d'homme d'action et de militaire intrépide. Il mène le train du processus un peu comme en 2000 où il a chassé de son pays, sous l'autorité du défunt général Lansana Conté, les rebelles venus, dit - on, du Liberia. En un temps record.

"El Tigre", comme l'appellent par affection ses admirateurs, a déjà foncé tel un bulldozer sur des dossiers jugés sensibles. Depuis l'assassinat manqué du président Moussa Dadis Camara, le 3 décembre 2009, par son aide de camp Toumba Diakité, il a ouvert de "grands chantiers". Il a pacifié pour l'instant l'armée, il a conclu un accord au forceps avec l'intraitable (même malade) Dadis Camara au Burkina Faso. Il a réussi la prouesse de rassurer une opposition en rage et nommé Jean Marie Doré, le vieux résistant à la tête du gouvernement. Il a pris langue avec des chefs d'Etat africains afin de mieux sensibiliser sur ses objectifs. Qui sont qu'il a décidé de remettre le pouvoir aux civils et de permettre l'organisation de l'élection présidentielle le 27 juin prochain. En somme un scénario à la Amadou Toumani Touré (ATT) du Mali.

Sékouba a effectué un voyage d'une semaine en France qui était prévu pour s'achever hier. Dans l'optique de faire ce qu'aucun président guinéen, de feu Hamed Sékou Touré jusqu'à Lansana Conté, n'a pu réaliser : construire un solide pont diplomatique entre la Guinée et la France. Le "non" historique et cinglant de Sékou Touré au général De Gaulle le 28 septembre 1958 est censé disparaître et faire place à des rapports idylliques. En tous cas, l'équipe Sarkozy a déroulé le tapis rouge à ce militaire qui est pourtant comptable des erreurs de Dadis Camara en tant que ministre de la Défense. Aucun officiel, de Nicolas Sarkozy à Bernard Kouchner, n'a voulu rater l'évènement.

C'est vraiment étonnant que Sékouba Konaté, descendant de Sékou Touré, ce rebelle endurci qui a frappé la France comme d'une malédiction en Guinée, vienne demander de l'aide aux descendants de De Gaulle. Seulement voilà, ce travail d'Hercule du général Sékouba Konaté va-t-il résister à la fibre patriotique des Guinéens, qui sommeille pour l'instant, mais qui peut s'avérer explosif. Le rapprochement tous azimuts avec la France ne va-t-il pas réveiller le combat des guinéens contre l'impérialiste français. Un combat si cher au premier président Sékou Touré dont se sont réclamés jusqu'ici tous les autres présidents guinéens.

Autre fait : le général Sékouba n'a fait que menacer, pourchasser et même emprisonner les militaires proches du président Dadis Camara, à l'exception de Claude Pivi et Tiegboro Camara qui font partie de son cabinet présidentiel. Le premier était ministre de la Sécurité présidentielle sous Dadis Camara.

Peut-on réussir une réelle réconciliation sans accepter et intégrer les autres militaires et les partisans de Dadis Camara dans le processus de sortie de crise ? C'est une question à méditer