Comme annoncé dans une alerte diffusée le
11 février à nos abonnés, la convention deGetma/Necotrans pour la gestion, durant vingt-cinq ans, du terminal à conteneurs du Port autonome de Conakry (PAC) a failli être officiellement dénoncée lors d'une session extraordinaire du conseil d'administration du port
organisé le même jour. Mais le bataillon d'avocats du cabinet Ficher Landau, mobilisé par Richard Talbot, président du groupe fondé en 1985, a permis de gagner du temps. Tout comme les actions entreprises par ses conseillers auprès de
l'Elysée, du ministère français de la coopération ou des organisations patronales (CIAN, Medef …). Talbot n'en est pas moins pessimiste. Bien qu'il s'apprêtait à décaisser 50 millions € le 27 février, en vue de l'extension du quai à
conteneurs, la décision semble arrêtée côté guinéen. Sa notification ne serait qu'une question de jours.
Pour trancher, le PAC se base sur un "avis technique" de cinq pages signées, le 9 février, par le directeur Mamadouba Sankhon, soit deux jours avant la réunion du CA. Le document, que La Lettre du Continent publie sur son site
(cliquez ici pour le
consulter), évoque la nécessité"de résilier la convention et de confier la paternité du dossier au PAC,qui le traitera à l'image du port
d'Abidjan (…) dans l'intérêt du pays". Ce climat est l'aboutissement d'une guerre que Necotrans et son concurrent Bolloré se livrent depuis 2008. Cette année-là, Bolloré avait tenté d'obtenir cette concession de gré à gré. En vain. Suite aux pressions des
bailleurs de fonds, le gouvernement guinéen a finalement lancé un appel d'offres. Vainqueur contre Bolloré, APM (Maersk) et l'espagnol TCB, Necotrans avait signé la convention le 22 septembre 2008, avec un ticket d'entrée de 15 millions €.
Mais pour Bolloré, Conakry reste une alternative stratégique afin de compenser la perte du port de Dakar. Coïncidence ? Le 3 février, Vincent Bolloré himself a déjeuné puis dîné avec le président Alpha Condé à Conakry (LC
nº604). Il a également visité le port escorté par les motards de la présidence. Reste que le nouveau chef d'Etat est embarrassé par ce dossier. Son ami de
cinquante ans, Pierre André Wiltzer, dit "PAW", se trouve être conseiller de Talbot depuis 2010. L'ex-ministre de la coopération de Jacques Chirac a été dépêché du 19 au 22 janvier dans la capitale guinéenne pour déminer le dossier. La remise en cause de la convention
ouvrirait inévitablement un lourd et long contentieux juridique en Guinée mais aussi devant le Cirdi. Une situation qui ne ferait pas l'affaire de Necotrans, dont l'investissement en Guinée dépasse 120 millions €.