27 Août 2010
Imaginez qu'à la mi-temps d'un match de football, un acteur majeur de l'administration intervienne pour changer les règles du jeu appliquées jusque-là.
La nouvelle règle proposée pour la deuxième manche est du genre : il faut un deuxième arbitre central parce que celui qui a officié pendant les premières 45 minutes s'est montré défaillant. Evidemment, une telle initiative ne peut provoquer qu'une levée de boucliers au sein de l'équipe qui mène au score. Cette mise en scène reflète l'actualité de ces derniers jours en Guinée où le second tour de la présidentielle est prévu le 19 septembre, après le premier tour du 27 juin.
En effet, déjà accusé d'avoir tout fait pour retarder au maximum la tenue du second tour de la présidentielle après le premier tour du 27 juin, le Premier ministre de transition Jean-Marie Doré qui veut changer les règles du jeu à ce moment précis du processus électoral fait montre d'une attitude ambiguë. Plusieurs Guinéens s'interrogent sur le but qu'il poursuit.
Dans un projet de décret soumis au président de transition, le général Sékouba Konaté, Jean-Marie Doré propose de modifier la Constitution afin de réduire le rôle de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Il suggère que l'organisation et la supervision du second tour se fassent "conjointement" avec le ministère de l'Administration du territoire et des Affaires politiques (Matap), une façon pour son gouvernement, à travers les préfets et sous-préfets de région, de pouvoir mieux contrôler le scrutin.
Certes, la Ceni a reconnu des "insuffisances" dues à son inexpérience mais elle estime avoir bien fait son travail dans l'ensemble au premier tour et se prépare pour le second afin d'éviter toute contestation. En attendant, le projet de Jean-Marie Doré d'impliquer davantage le Matap a suscité des réactions de désapprobation. L'ensemble des acteurs de la transition, le Conseil de transition en tête, ont fermement condamné l'idée du Premier ministre.
Face à cette situation, Jean-Marie Doré a convoqué adversaires et partisans de son projet - Alpha Condé, arrivé 2e au premier tour du scrutin avec 18,25% le soutient - pour des explications directes. « Cette réunion a fait du bien à tout le monde », estiment de nombreux observateurs qui font état également du « recadrage » mené par le Premier ministre. C'est dire qu'on va vers des élections où chacun connaît exactement le rôle qu'il a à jouer : la Ceni, le Matap et les autres ministères, en synergie.