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Haïti: "C'est la fin du monde."

Quelques heures après le séisme, il était encore impossible de dresser un bilan de la catastrophe. Un médecin, lui-même blessé, évoque des centaines de morts. Sur cette photo, une femme, couverte de poussière, sort des gravats.Au lendemain du séisme de magnitude 7 sur l'échelle de Richter qui a ravagé Haïti, mardi à 16 h 53  (22 h 53 à Paris), aucun bilan officiel n'était encore disponible. Des corps sans vie ou blessés jonchaient les rues de la capitale, Port-au-Prince, en partie détruite. Le gouvernement haïtien a dit redouter un bilan humain supérieur à 100 000 morts.

Un bilan humain terrible. Selon le premier ministre ,Jean-Max Bellerive, le séisme pourrait avoir fait plus de 100 000 morts, sur une population de près de 10 millions d'habitants. Le ministre des affaires étrangères français, Bernard Kouchner, a néanmoins tenu à nuancer ces projections, rappelant que les premiers chiffres cités dans des catastrophes d'une telle ampleur sont généralement supérieurs au bilan définitif.

Des membres du gouvernement portés disparus. La catastrophe a porté un coup dur à la tête de l'Etat haïtien : des ministres étaient toujours disparus près de vingt-quatre heures après le séisme, et le président du Parlement, Kelly Bastien, se trouverait dans les décombres de l'Assemblée. Jocelerme Privert, un ancien ministre, a également confirmé la mort de l'archevêque de Port-au-Prince, MgrJoseph Serge Miot.     Le palais présidentiel, à Port-au-Prince, a été détruit par le séisme de mardi après-midi.

La mission de l'ONU durement touchée. Le siège de la mission de l'ONU s'est effondré, faisant "entre 115 et 200" disparus parmi son personnel, selon l'ONU. Quatorze morts et 56 autres ont été confirmés. Le président haïtien René Préval a assuré que le représentant spécial de l'ONU, le Tunisien Hedi Annabi, avait été tué dans l'effondrement du bâtiment. Une information que s'est refusé de confirmer l'ONU, qui se contente de signaler que M. Annabi et son adjoint étaient portés disparus.

Des dégâts considérables. Une grande partie de la capitale est entièrement détruite. Le Palais national s'est en partie effondré. Plusieurs ministères, le Parlement, des églises, des hôpitaux, des hôtels, des écoles et de nombreux établissements universitaires ont été détruits. Le président haïtien, René Préval, s'exprimant dans le Miami Herald, a qualifié les scènes dont il a été témoin d'"inimaginables". Les photos publiées, notamment via Twitter, témoignent de l'importance des dégâts.

La secousse a très fortement perturbé les communications dans un pays aux infrastructures déjà très rudimentaires, rendant quasiment impossible l'acheminement de blessés dans les centres hospitaliers encore debout. Les lignes téléphoniques sont coupées, et le seul moyen de communication encore viable est Internet. La prison principale de Port-au-Prince s'est elle aussi effondrée, permettant à "quelques détenus" de fuir. Des pillards ont été vus à l'œuvre dans un supermarché.

L'ambassadeur de France en Haïti, Didier Le Bret, a parlé d'une situation "épouvantable" à Port-au-Prince. "Il va falloir reloger (...) deux millions de personnes", a-t-il déclaré sur France 2.

L'aide internationale s'organise. La Croix-Rouge, qui se prépare à venir en aide "à un maximum de 3 millions de personnes", estime que la catastrophe "nécessite une opération d'aide internationale massive". Haïti, l'un des pays les plus pauvres du monde, a déjà été mis à l'épreuve en 2008 par une série de cyclones qui avaient fait plusieurs centaines de morts et des dégâts matériels représentant près de 15 % de la richesse nationale. La Banque mondiale a annoncé qu'elle allait débloquer 100 millions de dollars supplémentaires d'aide. Les Nations unies vont lancer un appel international pour les victimes. Le FMI a annoncé qu'il étudiait "toutes les possibilités" pour aider Haïti.Des survivants cherchent leurs proches dans les décombres.

Les Etats-Unis et la France se sont entendus mercredi pour coordonner leurs efforts. D'énormes moyens militaires ont commencé à arriver en milieu de journée dans la capitale haïtienne, dont l'aéroport, rouvert vers 15 h 30 (à Paris), a vite saturé, forçant notamment un gros-porteur français à retarder son départ de l'île de Martinique. Alors que le président américain Barack Obama promettait dans une intervention solennelle que l'intervention des Etats-Unis en Haïti serait "rapide, coordonnée et énergique", un bâtiment des gardes-côtes américains est arrivé dans la baie de Port-au-Prince, suivi par un second bâtiment.

Le Canada a, pour sa part, annoncé l'envoi immédiat d'une aide humanitaire d'urgence. Des sauveteurs vénézuéliens ou encore chiliens, accompagnés de chiens et de tonnes de matériel d'urgence, étaient attendus dans l'après-midi.

Côté français, un total de 130 sapeurs-pompiers ou sauveteurs et 6 chiens auront rejoint la capitale haïtienne Port-au-Prince "au plus tard dans les vingt-quatre heures", selon la Sécurité civile. Un second détachement comptant 65 hommes a décollé de la base d'Istres (Bouches-du-Rhône) mercredi en début de soirée dans un avion affrété par le Quai d'Orsay. La Communauté urbaine de Lille a, quant à elle, décidé de débloquer une aide d'urgence de 60 000 euros

Les ONG, qui tentaient d'évaluer l'ampleur des besoins, se mobilisaient elles aussi pour envoyer des moyens sur place, et lançaient des appels aux dons. Parmi elles, Médecins sans frontières, qui a déjà accueilli 600 blessés dans ses centres de soins à Port-au-Prince, va envoyer dans la soirée un hôpital gonflable d'une capacité de cent lits. Pour le Secours catholique, les fonds levés grâce à son appel aux dons permettront de "financer les premières aides aux sinistrés, puis dans un second temps la nécessaire reconstruction".

D'autres répliques sont possibles. La secousse, qui s'est produite à seulement 15 kilomètres de la capitale (voir la carte de situation), a été suivie d'une trentaine de répliques très violentes, allant jusqu'à une magnitude de 5,9, selon l'Institut géologique américain (USGS). Haïti n'avait pas connu une secousse d'une telle violence depuis deux siècles. Selon Yann Klinger, tectonicien de l'Institut de physique du globe à Paris, d'autres "grosses répliques" de magnitude 5,5 à 6 peuvent survenir dans les prochains jours et toucher les bâtiments déjà déstabilisés par les premières secousses.

Le tremblement de terre de mardi pourrait aussi déclencher d'autres séismes dans les semaines ou les années suivantes. "Une petite portion de la faille a cassé", ce qui signifie qu'"un autre tronçon de la même faille est susceptible de rompre" car "la faille, il faut qu'elle bouge dans son ensemble", a expliqué Yann Klinger.

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