11 Février 2010
Dans les années 1980, le mouvement anti-apartheid avait décidé de rendre les townships ingouvernables pour forcer le régime raciste à changer. Emeutes, répression et état d'urgence sont alors le quotidien des ghettos noirs.
Soucieux d'éviter la contagion, le président Frederik de Klerk cède. Il légalise en février 1990 le Congrès national africain (ANC) et libère son chef emblématique.
"On n'arrêtait pas de se pincer pour être sûr qu'on ne rêvait pas", raconte le militant anti-apartheid Desmond Tutu, en se remémorant le sentiment "magique et indescriptible" qu'il a ressenti.
Comme tant d'autres, Mgr Tutu, Nobel de la Paix n'avait pas complètement cru le président quand le dernier chef d'Etat de l'apartheid a annoncé, le 2 février 1990, vouloir libérer tous les
prisonniers politiques. Y compris Mandela. "A ce moment précis, nous avons compris que nous ne nous étions pas battus pour rien", poursuit l'ancien archevêque anglican du Cap, chez qui Mandela a
passé sa première nuit hors de prison.
Comme lui, près de 50 000 personnes ont fait le déplacement pour attendre Mandela sur la place centrale de Grand Parade. "En le voyant de leurs propres yeux, les gens ont senti que leur libération approchait", commente Allan Boesak, le leader du Front démocratique uni (UDF) moteur de la mobilisation interne dans les années 1980. "Ce jour a été un tournant, un signal de la fin du règne de la minorité blanche."
La foule était telle que Mandela a peiné à se frayer un chemin. Son chauffeur effrayé a fait demi-tour avant d'y parvenir. L'impatience montait. Des pierres ont été jetées sur la police. On a
craint une mini-émeute... Puis le héros de la lutte est enfin apparu au balcon de la mairie et la ferveur l'a emporté.
Sa libération devait susciter un vive vague d'espoir dans la communauté noire d'Afrique du Sud, qui ne l'avait pas oublié, malgré ces 27 longues années de prison.