24 Décembre 2010
Après les émissions en haute définition et les images en 3D, les téléviseurs entament cette année leur troisième mutation avec la télévision connectée. Le concept n'est pas nouveau: une quantité de postes sont vendus depuis un certain temps avec une prise réseau qui permet d'accéder à des services sur le Web ou de diffuser des films stockés sur les ordinateurs de la maison. Ce qui est nouveau, c'est l'émergence de standards qui vont harmoniser les services interactifs sur le téléviseur. Jusqu'à présent, chaque constructeur proposait son propre portail, réservé exclusivement à ses clients, avec des contenus issus de partenariats divers. Samsung a développé ainsi un service baptisé Internet@TV, Panasonic la plate-forme Viera Cast, Sony la fonction Internet TV, LG un bouquet de services fourni par Orange, et Philips, Sharp et Loewe ont créé ensemble un portail baptisé Net +.
L'arrivée de la norme européenne HbbTV (Hybrid Broadcast Broadband TV), qui sera intégrée aux téléviseurs dans les mois à venir, permettra au téléspectateur de profiter d'une offre de services homogène et d'interagir avec certains contenus. En actionnant un bouton de la télécommande, on pourra ainsi participer aux sondages des journaux télévisés, voter pour un candidat d'une émission de télé-réalité, mais aussi afficher des informations complémentaires sur un reportage, des statistiques pendant un match de foot ou la fiche technique d'un film. La connexion à Internet offre de nouvelles perspectives au téléspectateur, qui ne se contentera plus de consommer passivement les images. Passionné par une émission, il pourra consulter le site Web qui lui est consacré sur sa télé, sans avoir à allumer son ordinateur, ou encore commander directement un produit pendant la diffusion de sa publicité.
Le constructeur LG a présenté au début du mois un téléviseur répondant à cette norme. En démonstration, une émission culinaire. Pour suivre pas à pas la recette, on peut mettre en pause le sujet vidéo, puis le reprendre plus tard. Une icône permet d'afficher la liste des ingrédients, une autre d'envoyer la recette à son adresse e-mail ou encore de partager le programme avec des amis sur Facebook ou sur Twitter.
Le principe est assez simple. Maintenant que les téléviseurs sont devenus des ordinateurs (avec un processeur, de la mémoire, une carte graphique, des décodeurs numériques et un système d'exploitation), il suffit de leur ajouter un programme qui va interpréter les instructions HTML et Java (comme sur le Web) incorporées dans les signaux de la TNT. La présentation des informations est alors simplifiée et optimisée pour l'affichage sur le téléviseur. Mais toutes les fonctions des sites Web sont disponibles. France Télévisions montrait notamment la facilité avec laquelle on peut répondre à la «Question du jour» de Marie Drucker dans le journal de France 2 et découvrir les résultats du sondage en direct.
Si toutes les grandes chaînes de télévision soutiennent cette norme, une partie des fabricants de téléviseurs a décidé de l'intégrer rapidement à leurs produits. Outre LG, Loewe, Philips, Toshiba et Sharp devraient lancer les premiers postes compatibles au début de l'année prochaine.
De son côté, Sony expérimente une autre conception de la télévision interactive. Le constructeur japonais a en effet passé un accord avec Google pour être le premier à lancer un téléviseur intégrant la technologie Google TV, le Sony Internet TV, déjà vendu aux États-Unis et disponible l'an prochain en France. Au menu : toutes les applications Google (moteur de recherche, messagerie, cartographie, etc.) spécialement adaptées pour un écran de télévision, ainsi que des services de vidéo à la demande. On peut même surfer sur le Web tout en conservant l'image de l'émission en cours dans une petite fenêtre. Derrière l'électronique, c'est le système Android de Google qui mène la barque. D'où la possibilité d'alimenter le téléviseur en nouvelles applications, pour suivre les cours de la Bourse, consulter la météo, retrouver un programme TV par mot-clé ou… jouer.
Ces initiatives pourraient remettre en cause l'avenir des décodeurs ADSL : si les téléviseurs proposent en standard la vidéo à la demande en complément d'un bouquet de chaînes et de services standardisés, le boîtier TV associé à une box perd de son intérêt. Seule compte la connexion à Internet. En attendant l'arrivée des téléviseurs HbbTV ou Google TV, les utilisateurs peuvent également accéder à des contenus du Web au moyen de la petite box de Toshiba baptisée Toshiba Places (lire plus bas). Une idée originale et bon marché pour tous ceux qui veulent compléter les programmes télévisés par des services pratiques, partager leurs photos et leurs vidéos et profiter de leur univers numérique sur grand écran.