13 Novembre 2010
Le candidat de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, a demandé ce soir au président de la CENI de surseoir à la publication des résultats provisoires. En raison de la découverte d’une fraude à très vaste échelle. Même les résultats déjà publiés sont l’objet d’une nouvelle vérification et sont considérés ce soir de nul effet. Explication.
Au bureau de vote KASIG183 (de la ville de Siguiri), Cellou Dalein Diallo obtient le score de 75 contre 5 pour son adversaire Alpha Condé. Arrivé au bureau de la Centralisation électorale, le PV
du même bureau de vote est saisi et génère une fiche renfermant des données totalement différentes : dans la base de données informatique du fichier électoral central, on retrouve Cellou Dalein
Diallo (19) et Alpha Condé (695).
Au bureau KASIG202, sur le PV original, on peut lire ‘’UFDG (Cellou Dalein Diallo 19) et RPG (Alpha Condé 103)’’. A la CENI, le fichier électoral ne garde que ‘’UFDG (Cellou Dalein Diallo 5) et
RPG (Alpha Condé 321). Tels sont les cas de KASIG229, KASIG196, KASIG196…
A Forécariah également, le président de la CENI sera obligé, au regard de l’article 162 du code électoral, d’annuler les résultats de certains bureaux de vote tels que KIFOR026, KIFOR033,
KIFOR34, KIFOR35, KIFOR36, KIFOR42, KIFOR105, KIFOR133, KIFOR141, KIFOR151 (…) où le nombre de votants domine largement celui d’électeurs inscrits.
A Beyla, les bureaux codés NZBEY050, NZBEY060, NZBEY0060-01, NZBEY062, et suivants seront mis de côté. A Kindia, tout est semblable en qui concerne les BV codés KIKIN-084, 129, 238, 262, 278,
329, …
Pareil dans la plupart des localités de la Haute-Guinée, mais aussi de la Basse-côte et de la Forêt. Les combines étant répertoriées, l’Alliance soutenant Dalein a porté l’estocade devant le
président de la CENI : comment se fait-il que le même bureau de vote puisse changer les données après la centralisation des résultats au niveau de la quasi-totalité des circonscriptions
électorales du pays, sauf au Foutah ? La réponse est simple : tous les ordinateurs affectés dans les sièges de la centralisation à la Basse-Guinée, la Haute-Guinée et la Forêt ont été
préconfigurés. Le président de la CENI dira qu’il n’était pas au courant de ce merdier. L’UFDG lui a apporté toutes les preuves, puisqu’elle en avait à foison sur les localités de Siguiri,
Kouroussa, Faranah, Kerouané, Macenta…
Le général Siaka Sangaré ordonnera à son technicien d’en apporter les archives. Et ce, pour comparaison. Double stupéfaction. La première, ce qu’on retrouve dans le même tiroir, au même endroit,
les PV originaux venant de ces localités, mais également les fausses copies qui ont servi à élaborer ces faux résultats. Et la fausse, et la copie authentique sont toutes disponibles à la CENI.
Dans la même escarcelle.
Alors, tous ces éléments sont en train d’être examinés minutieusement par le président de la CENI. L’UFDG a donc demandé du temps pour évaluer l’ampleur du phénomène. Au niveau de la centralisation, après saisie des données, et l’impression qui suit, on retrouve tout à fait des données contradictoires. D’ailleurs, à la commune urbaine de Siguiri, chaque représentant à eu droit à deux copies après la centralisation pour la seule circonscription.
Dans la plupart des bureaux de vote de la Haute-Guinée, où l’UFDG était absente, le moindre mal c’est d’avoir 100% de votants pour autant d’inscrits. Comme si personne ne se déplace ou ne se meurt dans cette zone. Cependant que le recensement date d’il y a trois ans et demi. Pis, une investigation plus poussée sur le système informatique permet aujourd’hui de constater qu’il y a même eu création de PV individuels. Et que le mode de répartition des suffrages, préconfiguré par certains malins à la solde d’Alpha Condé, n’est pas simple à détecter : au moment où l’ingénieur informaticien passe à la saisie, il le fait en séance. Tout comme quand il édite les données déjà saisies. Mais, les machines sont configurées de telle sorte qu’elle puisse permettre de générer de manière aléatoire des résultats. Avec chaque fois une réduction au préjudice de Cellou Dalein, et un alourdissement du score d’Alpha Condé.
Pour d’autres bureaux de vote, on remarque que la configuration des ordinateurs permet de réduire de 5 à 7% du nombre d’inscrits par rapport à celui des votants, pour éviter de tomber dans le piège des chiffres. Certains banquiers comprennent mieux car ils en font usage et, à chaque fois, ‘’la monnaie’’ qui vient après le montant global est virée dans un compte à cet effet ouvert pour ne pas perdre les chiffres après la virgule. « Ne vous en faites pas, le logiciel est là, pour réajuster la base de donnée afin d’éviter qu’il y ait plus de votants que d’inscrits car nos représentants sur le terrain peuvent se tromper », se sont certainement dits les petits malins qui ont conçu cette farce électorale.
Par ailleurs, on a souvent assisté à l’arrivée dans la plate-forme informatique de la CENI, de données avant même le début des opérations de centralisation au niveau des commissions
administratives créées à cet effet. Tel a été le cas de Kaloum, Ratoma, Matam, Matoto… où le président de la CENI s’est rendu afin de remédier au mal. Alors que les bureaux de vote venaient de
fermer, la plate-forme informatisée de la CENI commençait déjà à enregistrer des données venant de ces communes, les plus peuplées du pays. A cette heure, le représentant de l’UFDG, curieux,
appelle son représentant à Matoto pour s’assurer que le comptage ait bien débuté. Au bout de la ligne, on lui fera comprendre que la centralisation n’a même pas débuté. Alors que le travail n’a
même pas été entamé, la CENI en avait déjà le résultat.
Extraordinaire.
Informé, Siaka Sangaré insisté auprés de son ingénieur alors que surson tableau de bord, les résultats de Matoto et ceux des autres communes tombaient comme de la grêle. Cet ingénieur-là, un certain Armond, appelle à son tour son représentant basé à Matoto. Celui-ci lui dira qu’il a déjà commencé à transférer les données. Armond lui rétorque ‘’comment est-ce possible alors que la commission administrative de centralisation n’ait même pas siégé ?’’ La base de données de cette circonscription électorale a dû être supprimée à cause de cette ‘’manipulation frauduleuse’’. Les ordinateurs trafiqués de la CENI et leurs fameux ingénieurs ont poussé l’audace jusqu’à refuser tout résultat favorable à M. Dalein. Seuls 30% des résultats qui lui sont favorables ont été transférés de Ratoma. Aujourd’hui, le système SMS a même été bloqué après ce sabotage.
La préconception de cette fraude massive et l’ingéniosité de ses auteurs sautent vraiment aux yeux. Officiellement, pour couper court, la présidence de la CENI a décidé d’arrêter systématique la saisie, le contrôle informatique et l’envoi de données consolidées depuis mardi dernier.
La fraude dans les régions, la transparence à Conakry L’on comprend désormais la raison qui avait poussé le RPG, au nombre de ses revendications visant à corriger les lacunes du 1er tour, à
exiger le comptage informatique dans les préfectures et le comptage manuel à la CENI. C’est justement pour couvrir sa supercherie et éviter d’être cloué au pilori. Et l’on comprend tout à fait
pourquoi des ordinateurs disparaissent à la CENI. Ainsi, la fraude se fera au niveau de la région, difficile à détecter, et la transparence à Conakry. L’autre dimension de la fraude, c’est bien
sûr le module mis en place sur Access, qui avait permis de verrouiller au niveau de la CENI toute la répartition liée au nombre d’électeurs pour chaque bureau de vote.
La fraude est encore plus perceptible à Siguiri, Gueckedou, kouroussa, Coyah, Kankan, Forecariah, Kissidougou, Mandiana, Kerouané… où dans la plupart des bureaux de vote, le nombre de votants est
supérieur à celui des électeurs recensés. A Kerouané, près de 174% des électeurs ont pu par miracle voter RPG. Pratiquement le double. Tout cela devrait permettre à Alpha Condé d’avoir 82%
à Macenta, 83% à Lola, 97% à Kouroussa, 60% à Kindia, 78% à Gueckedou,, 80% à Kissidougou, 72% à Forecariah… et remporter le scrutin.
L’autre constat, ce que le système informatique mis en place ne touche pas les localités du Foutah, ou celle de Ratoma, des bastions inoxydables de l’UFDG. Tout cela consiste à mettre en pratique
et traduire dans les faits une logique sectaire et ethnique prônée depuis longtemps par le candidat Alpha Condé : « tous unis contre les peulhs ». N’a-t-il pas dit au cours de la campagne
électorale qu’il est le meilleur dans toutes les régions de la Guinée sauf au Foutah ?
L’objectif ce qu’à la fin du processus, on dise que Alpha Condé a été élu par les quatre régions du pays en dehors du Foutah. Ce serait donc toute la Guinée contre les Peulh. N’a-t-il pas demandé
à toutes les ethnies guinéennes de s’unir contre ce qu’il appelle la domination peulh ?
Aujourd’hui, les électeurs de la Basse-Guinée, acquis à la cause de Sidya Touré, ont le sentiment de culpabilité, le sentiment d’avoir trahi Sidya Touré. Alors qu’en réalité, ils ont bel et bien
voté pour son allié Dalein. A cause de ces manigances, l’électorat de la Basse-Côte a l’impression d’être fautif. Alors qu’on a fait que transformer et transférer leur vote au profit de Djinna
Mansa Condé.
Voilà autant faire que se peut l’imbroglio électoral dont le président de la CENI va tenter de démêler l’écheveau à partir de ce soir. Tous les résultats déjà publiés sont considérés comme faux
et de nuls effets. La Guinée, c’est ça. Mais peut-être pas toujours.