La Guinée nouvelle
18 Octobre 2011
C’était samedi à l’aéroport d’Abidjan, le commandant de gendarmerie Anselme Séka Yapo, ancien aide de camp de Simone Gbagbo, a été arrêté, alors qu’il était en transit entre Accra et Conakry. Plus connu sous le nom de commandant Séka Séka, il est accusé d’être l’un des pires exécuteurs des basses œuvres du régime Gbagbo. Et on retrouve sa photo un peu partout dans la presse ivoirienne et dans celle de la sous région : une photo prise juste après son arrestation, on le voit torse nu, avec à la main, les deux passeports avec lesquels il voyageait.
C’est « donc la fin de cavale, s’exclame Le
Patriote, quotidien proche du président Ouattara, pour le principal activiste des “escadrons de la mort” qui ont causé tant de crimes pendant la longue
décennie de pouvoir de la refondation. On n’a pas eu besoin de courir après Séka Séka, il est venu se faire arrêter, comme un vrai amateur. A l’image du “petit rat du marigot qui creuse
le trou pour le serpent avaleur de rats” ! »
D’après Le Patriote toujours, Séka Séka se rendait en Guinée pour y préparer un gros coup :« recruter un commando pour libérer
Gbagbo ». Rien que ça… « Selon une source introduite, il avait sur lui, une importante somme d’argent estimée à un peu plus de 31 millions de
FCFA,précise Le Patriote. Il devait rejoindre des hommes en armes en Guinée pour lancer une offensive sur la ville de Korhogo en passant par Odienné, dans la perspective d’obtenir
la libération du machiavel des lagunes. Toujours selon nos sources, poursuit le journal, une fois en Guinée, l’ancien homme de main de Simone Gbagbo allait prendre langue avec
le capitaine Toumba, le militaire qui avait tiré sur l’ancien chef de la junte militaire guinéenne, Moussa Dadis Camara. »
Canular ou intox ?
Séka Séka aurait donc fomenté un vaste complot avec l’aide de certains militaires guinéens…« Une épine dans la diplomatie guinéo-ivoirienne », s’exclame le site
d’information Guinée Conakry Infos qui fait état de rumeurs selon
lesquelles « Séka Séka aurait indiqué aux policiers ivoiriens “qu’il se rendait à Conakry pour y rencontrer le chef d’Etat major général des Armées, le général Souleymane Kéléfa
Diallo”. Simple bobard, un canular ou de la pire intox ? », s’interroge Guinée Conakry Infos. En tout cas, « si cette information est
fondée,poursuit-il, les autorités guinéennes pourraient être impliquées au plus niveau. A Abidjan, certains observateurs y voient la main déstabilisatrice de la Guinée contre la
Côte d’Ivoire. Vu que les rapports entre l’actuel président ivoirien et le président Alpha Condé n’ont pas toujours été cordiaux, relève Guinée Conakry Infos ; l’idée n’a
rien de saugrenu sur les berges de la lagune Ebrié. Du côté de la Guinée, pour le moment, c’est le silence radio. »
Liaisons dangereuses…
De son côté, L’Intelligent à Abidjan lève un autre lièvre… L’Intelligent qui dénonce des « liaisons dangereuses » entre des
cadres du camp Ouattara, notamment des proches du Premier ministre Guillaume Soro, et ce fameux commandant Séka Séka. Les premiers auraient acheté à ce dernier des véhicules de luxe lui
appartenant et aurait même envisagé de lui racheter d’autres biens, notamment des plantations.
Et L’Intelligent de s’insurger : « acheter des biens à Séka Séka, même à prix bradés, c’est lui donner les moyens de poursuivre d’éventuelles opérations de
déstabilisation contre le régime Ouattara. (…) Il semble que malgré les exhortations du président Ouattara en faveur de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, certains
nouveaux barons refusent de mettre à jour leur logiciel. (…) Vivement donc une enquête et des mesures conservatoires,s’exclame L’Intelligent. Que par exemple ceux qui ont
acheté des véhicules et des biens d’un individu dont les biens sont gelés, soient dépossédés et interrogés. Quelles que soient leur position à la Primature, à la Présidence, ou
ailleurs ! »
Un pedigree chargé…
L’Observateur au Burkina revient pour sa part sur le parcours de ce
commandant de gendarmerie : « Séka Séka, faut-il le rappeler, est accusé des pires atrocités. Son nom revient de façon récurrente lorsqu’on parle des escadrons de la mort qui
ont semé la désolation dans la capitale économique ivoirienne mais aussi dans les dossiers de l’assassinat du journaliste Guy-André Kieffer et du général Robert Guéï, ainsi que dans bien d’autres
ténébreuses et macabres affaires… »
Par ailleurs, note L’Observateur, « l’arrestation de ce faucon du Gbagboland tombe à pic avec la présence de la délégation de la CPI, la Cour Pénale Internationale, à Abidjan. On ne
sait pas quelle mouche a bien pu le piquer, mais c’est ce qu’on appelle se jeter dans la gueule du loup… Certes il n’était qu’en transit ; mais franchement, pour un homme recherché par la
justice ivoirienne, n’est-ce pas se faire hara-kiri que de passer par Abidjan ? Ce qui est sûr, conclutL’Observateur, c’est que même s’il arrivait qu’il n’intéresse pas le
procureur Ocampo, Séka Séka, c’est évident, intéressera la justice de son pays. »