La Guinée nouvelle
25 Avril 2011
En Guinée, les tubercules viennent en deuxième position après le riz en tant qu’aliment
de base des populations. La place et l’importance de la pomme de terre dans la
consommation des ménages diffèrent selon la région, la période et les habitudes
alimentaires. Sa culture est surtout pratiquée sur les hauts plateaux du Fouta Djallon où sa
production a connu une progression régulière ces dernières années. Elle est considérée
aujourd’hui comme une source de revenu importante pour les paysans producteurs de
cette région. L’essentiel de la production commercialisée est écoulée vers les marchés
urbains du pays.
La croissance régulière des volumes et le contexte économique national et sous régional
ont permis depuis quelques années l’apparition et l’intensification progressive des flux à
l’exportation vers les marchés des pays voisins — essentiellement le Sénégal, la Guinée
Bissau, et la Sierra Léone.
1. La pomme de terre de Guinée
L’introduction de la pomme de terre en Guinée remonte aux années 1920 et 1922 et c’est
à partir de 1974 qu’une expérience de multiplication de tubercules introduites de la
Tchécoslovaquie (variété Crazawa) a eu lieu dans l’actuelle préfecture de Mali. La
production de la pomme de terre a été adoptée en tout premier lieu par les paysans de
Dalaba et Mali avant de s’étendre dans d’autres zones de la Moyenne Guinée. Elle a
connu un essor sur le plateau central du Fouta grâce aux appuis des projets financés par la
Communauté Economique Européenne (CEE) avec l’avènement des FAPA (Foundation
for Agricultural Support Programmes) et ceux du Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) et les Fonds d’équipement des Nations Unis (FENU) exécutés
par l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Durant la
même période il y a eu les interventions des projets exécutés par des organisations nongouvernementales (ONGs) européennes (française et italienne) dans la sous-préfecture de Timbi – Madina.
2. Zone et superficies
En Moyenne Guinée, le plateau central autour de Labé et Pita ainsi que la zone de
Mamou sont relativement fertiles et propices à l’élevage, au maraîchage et à la culture
des vivriers, les zones de Tougué et Mali sont particulièrement défavorisées (enclavement
et fertilité médiocre). Plus au nord, la zone de Gaoual Koundara se caractérise par une
bonne fertilité propice au développement d’une agriculture et d’un élevage diversifiés. La
forte densité sur le plateau central (106 habitants/km2 autour de Labé) entraîne des problèmes de sécurité alimentaire et de dégradation des ressources naturelles. La
superficie cultivable est de l’ordre de 800 000 hectares (ha) dont environ 450 000 ha sont
cultivés. Le système de mise en valeur est basé sur le développement de cultures vivrières
intensives dans les « tapades » autour des cases et des cultures itinérantes de vivrier (riz pluvial, fonio notamment) sur les plateaux. Des disponibilités en terres cultivables
existent, en particulier dans les bas fonds dont seulement un tiers est actuellement mis en
valeur.
Les zones de culture de la pomme de terre sont réparties en deux groupes, ce sont :
La zone principale de production de Timbi (Pita) et de Soumbalako (Mamou)
Timbi est situé à une altitude variant entre 900 et 1,200 m et dispose d’une vaste plaine
couvrant environ 30 000 ha ainsi que des bas fonds propices au développement de la
culture de la pomme de terre. A Timbi, 70 ha de plaine et de 35 ha de bas fonds sont
aménagés et exploités en pomme de terre.
L’union des groupements agricoles de Soumbalako (L’UGAS) dispose de 246 ha de terre
aménagée mais la production de la pomme de terre n’occupe que 30 ha. Soumbalako
avec 500 à 560 tonnes par an, est la deuxième plus grande zone de production de la
pomme de terre au Fouta.
La zone d’extension
La culture de la pomme de terre s’étend progressivement à l’intérieur de la Moyenne
Guinée où les conditions agroclimatiques sont favorables. Cette zone dite d’extension
comprend les préfectures à fort potentiel, mais dont la production souffre encore de
quelques entraves liées soit à un manque d’aménagement adéquat de périmètres de
culture, soit à un déficit d’accès aux facteurs de production, il s’agit en particulier des
préfectures de :
• Dalaba
• Mali
• Tougué
• Labé
La Guinée dispose encore d’importantes capacités de production sur les plateaux avec
potentiel de 156 645 ha et plus de 20 000 ha bas-fonds qui ne sont pas mis en valeur. En
2003 la seule région de la Moyenne Guinée, qui reste la principale zone de production,
disposait encore d’un potentiel de 982 ha en bas fonds et 15 022 ha en plaine non encore
valorisée. Ce potentiel se répartit respectivement, en bas fonds et plaine, comme suit au
niveau de la région de Labé : la préfecture de Labé dispose de 143 ha et 381 ha ;
Mali 180 ha et 2.505 ha ; Lélouma 178 ha et 330 ha ; Koubia 61 ha et 290 ha ; Tougué
183 ha et 8 230 ha. La région de Mamou dispose d’un potentiel de bas-fonds de 237 ha et
3 196 ha de plaine, pour l’essentiel situé dans la zone de Timbi Madina.
3. Acteurs
Les producteurs dans leur grande majorité évoluent au sein des groupements :
• Les groupements affiliés à la Fédération des Paysans du Fouta (FPFD)
• Les groupements non affiliés à la FPFD soutenus par des unions à Mamou • (Soumbalako) et à Dalaba
• Les groupements qui ont émergé avec l’appui des projets évoluant dans les
préfectures du Fouta non affiliés à la FPFD
On note de plus en plus l’investissement dans la production de pomme de terre de
producteurs isolés
4. Fourniture des intrants
Au niveau des semences comme des engrais on note un accroissement régulier des
quantités importées par la Fédération. Cette augmentation traduirait un accroissement de
la demande d’intrants au niveau des producteurs et partant, une augmentation des
surfaces exploitées.
Pour ce qui est de l’approvisionnement en semences de pomme de terre, il faut noter
qu’en plus des importations la FPFD, l’union des producteurs de Soumbalako produit
localement 50 tonnes sur une besoin de 150 tonnes (Consultant S.S).
5. Expériences en cours en matière de multiplication des semences :
Les intervenants sont :
• Projet Technical Cooperation Program/Food and Agriculture Organization
(TCP/FAO) en cours : appui à l’émergence de cinq multiplicateurs de
première génération réparties dans les préfectures de Labé (2), Dalaba (1),
Mali (1) et Mamou (1). Les variétés (E) Nicolas et Spunta sont introduites
• ETS Agrob (Appui de Science Outils Cultures (SOC) International)
• Mr Dansoko : Privé avec fonds propres
6. Typologie des exploitations
La plupart des systèmes de production sont de type traditionnel avec des champs de case
intensifs (en particulier, les tapades du Fouta Djallon) et des champs extérieurs basés sur
la culture itinérante sur brûlis. Néanmoins, ce système de production extensif est de plus
en plus confronté à une baisse de fertilité qui résulte d’une diminution des temps de
jachère consécutive à l’augmentation de la pression démographique. L’augmentation de
la production agricole est donc davantage le résultat d’une augmentation des superficies
que d’une augmentation des rendements. Les systèmes alternatifs promus par les services
d’appui à l’agriculture n’ont eu que des résultats mitigés.
La pomme de terre est cultivée dans les plaines, les bas-fonds et tapades ou elle vient en
tête de rotation.
7. Variétés
Plusieurs variétés de semences productives issues des firmes semencières françaises et
hollandaises ont été introduites en Guinée (Trinate, Bintje, Nicola, Désirée, Maradona,
Spunta, Mundial , Ajiba, et Elodie). Les variétés adoptées qui sont bien appréciées dans
les zones sont : la Nicola et la Spunta. La variété Maradona est cultivée dans
Soumbalako.
La variété Nicola se conserve plus facilement dans les conditions actuelles de producteurs
ce qui justifie son adoption par une grande majorité.