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La Guinée nouvelle

La communauté internationale désavoue le nouveau chef de l'armée

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Le général Antonio Indjai, qui a renversé le précédent chef d'état-major bissau-guinéen avant de prendre sa place, n'est pas très apprécié en dehors du continent. Aucune délégation occidentale n'a souhaité assister à la cérémonie de son investiture, et les États-Unis l'ont même jugé « indigne » de ce poste.

Aucun diplomate occidental ou représentant de la communauté internationale n'a assisté, mardi 29 juin à Bissau, à la cérémonie d'investiture du nouveau chef d'état-major général, le général Antonio Indjai, qui a renversé le précédent chef des armées, José Zamora Induta, il y a trois mois. Peu après la cérémonie, l'ambassade des États-Unis à Dakar a très explicitement « regretté » la nomination du général Indjai, « indigne » selon elle d'exercer cette fonction, et a annoncé que Washington n'apporterait plus son « appui au processus de réforme du secteur de la sécurité » en Guinée-Bissau. Seuls l'ambassadeur du Sénégal et le représentant de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont assisté à l'investiture.

 

Le général Indjai, adjoint au chef d'état-major général José Zamora Induta, avait fait arrêter son supérieur, le 1er avril. Le même jour, le chef du gouvernement, Carlos Gomes Junior, avait été séquestré pendant plusieurs heures et menacé de mort par des militaires proches du général Indjai.

« Nous avons pris la décision de manière souveraine de nommer le général Indjai à tête de l'armée car la Guinée-Bissau est un pays souverain », a déclaré le président Malam Bacai Sanha. « Je parle en tant que président démocratiquement élu » (en juillet 2009), a-t-il ajouté, répondant indirectement à ceux qui s'opposaient à cette nomination, tels les États-Unis. S'adressant au nouveau chef d'état-major, le président lui a recommandé « de privilégier le dialogue pour résoudre les problèmes dans les casernes ».

 

Accolade


À la tête d'un pays marqué par de très nombreux coups d'État et tentatives de putsch depuis son indépendance du Portugal, en 1974, le président a ajouté : « Il faut que l'armée respecte le pouvoir politique et s'y soumette. » Ce dernier « putsch » au sein de l'armée intervenait un peu plus d'un an après le double assassinat, en mars 2009, du chef d'état-major général Batista Tagmé Na Wai et du président Joao Bernardo Vieira.

Un des militaires les plus controversés du pays, l'ex-chef de la Marine Jose Americo Bubo Na Tchuto, s'est invité mardi à l'investiture du général Indjai. Il lui a donné l'accolade et lui a pris la main, pour la lever et la secouer vivement. « Je veux vous montrer qu'il n'y a aucun problème entre le général et moi », a déclaré Bubo, lorgnant du côté du Premier ministre, Carlos Gomes Junior. La semaine dernière, le gouvernement avait demandé au président Bacai de nommer un chef des armées « qui ne soit pas impliqué dans le soulèvement militaire d'avril », mais sa demande n'avait pas été prise en compte.

 

« Insubordination, indiscipline et mutinerie »


Dans un communiqué diffusé mardi, l'ambassade des États-Unis a « regretté » la nomination d'Indjai qui, « de son propre aveu, avait donné l'ordre de kidnapper et de placer en détention le Premier ministre dûment élu et le chef d'état-major général des armées légalement désigné ».

« Indjai a menacé la vie du Premier ministre ainsi que celle de citoyens bissau-guinéens courageux qui manifestaient contre cette détention illégale. Ces actes d'insubordination, d'indiscipline et de mutinerie rendent le général Indjai indigne de diriger les forces armées », ont insisté les États-Unis.

L'armée ne cesse de dominer et d'agiter la vie de ce petit pays, l'un des plus pauvres au monde, devenu une plaque tournante du trafic de cocaïne sud-américaine vers l'Europe.

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