La Guinée nouvelle
31 Mars 2010
Dans la perspective d'un coup de force ?
La Guinée serait-elle en proie à une nouvelle insurrection militaire ? La question est sur toutes les lèvres malgré l'accalmie perceptible depuis les accords de Ouagadougou et la nomination d'un Premier ministre issu des rangs des forces vives. Les uns clament qu'on n'en est pas loin et arguent entre autres que le Général Sékouba ne ferait pas l'unanimité au sein de l'armée depuis les accords signés de concert avec le facilitateur Blaise Compaoré. Plusieurs autres analystes ne partagent pas cet avis. Pour eux, la Guinée est sur la bonne voie, étant suivie de près par la communauté internationale. Pour eux la situation ne prévoit rien de catastrophique pour le futur. Deux sons de cloche que Tomi et Tomi se font le plaisir de confronter.
Y a de quoi s'attendre à un nouveau conflit dans ce pays
« Vous êtes surveillés de près. Je mets en garde ceux qui tiennent des réunions secrètes, nous sommes au courant » : ainsi s'exprimait récemment le Général Sékouba Konaté, actuel homme fort de Conakry devant un parterre de militaires. C'est la preuve par A + B que tout n'est pas gagné et que les bottes peuvent recommencer à retentir dans ce pays longtemps dirigé par l'armée et qui peine à entrer dans une ère de démocratie. On a beau chasser le naturel, il revient au galop, dit-on. Ce dicton semble bien s'appliquer à nos frères guinéens. Lansana Conté a dirigé le pouvoir de 1984 (après un coup d'Etat militaire) à décembre 2008 faisant régner l'armée dans le quotidien des Guinéens. Ca donne des habitudes. La nuit de sa mort, un coup d'Etat eut lieu comme pour dire que l'Armée ne laissera jamais les civils prendre possession du pouvoir même un jour. Dadis Camara, qui se vantait de rendre le pouvoir aux civils, finit d'ailleurs par s'annoncer candidat. On dit que c'est de son propre chef mais d'autres disent qu'il y était forcé par ses compagnons d'armes. Une chose est certaine : les militaires n'entendent pas du tout quitter les affaires car ça rapporte beaucoup. Aujourd'hui, ils sentent que les choses vont leur échapper et ils ne peuvent s'y résoudre.
C'est pour cela qu'ils font du bruit dans les casernes, et peut-être même qu'on ne nous dit pas tout. Des tentatives ont déjà dû avoir lieu ou ont été réprimées dans l'oeuf ! Il y a peu de temps, on a dit que des bandits avaient attaqué des civils mais peu de gens y ont cru : pour eux, c'étaient des gens du camp de Dadis qui se morfondaient de voir que les choses changent dans le pays et qu'ils sont perdants dans l'affaire. Et puis, qui sait ? Si Dadis veut actuellement quitter le Faso pour se rapprocher du Mali, c'est peut-être parce qu'il entend reprendre les choses en main. Oui, à coup sûr, les choses ne sont pas finies dans ce pays. On ne peut avaler que comme par un coup de baguette magique, tous ces militaires se seraient transformés en agneaux adorant les politiciens. Non, non et non. Ca va encore chauffer au pays de Sékou Touré ; c'est une certitude ! Pour les militaires, ce serait purement et simplement leur « gombo » qui foutrait le camp si le général Sékouba ne change pas d'avis et se place définitivement du côté des civils. Ils ne voudront en aucun cas baisser les armes, advienne que pourra. Le pays doit donc attendre d'eux le pire et ne doit jamais oublier que le naturel reprend toujours le dessus.
Tomi
L'armée guinéene ne bougera pas, tout le monde y veille
« Aujourd'hui, nous avons la paix à l'intérieur et nous avons la confiance à l'extérieur. Nous avons réglé tous les aspects civils, il reste les aspects militaires. Ceux qui viendront après nous vont continuer cette réforme de l'armée parce que c'est une réforme à long terme », a annoncé l'actuel homme fort guinéen Sékouba Diakité à ses hommes tout récemment. Il est bien connu de tous que la Guinée est actuellement l'un des pays sur qui la communauté internationale jette un regard sérieux et est prête à intervenir au moindre couac, surtout après toutes les péripéties que le pays a endurées depuis la mort du général Lansana Conté. Le Général n'a donc pas tort de souligner « l'extérieur » dans ses propos. Parce que la communauté internationale compte pour beaucoup dans la stabilité institutionnelle du pays. Cette communauté internationale (CEDEAO et UA) a d'ailleurs réussi hier en commettant d'office le Président Compaoré pour une résolution de la crise et aujourd'hui, la chose s'est faite avec les récents accords de Ouagadougou, signés par toutes les parties. Les accords ont même permis la mise en place d'un gouvernement de transition qui Å"uvre depuis un moment à l'organisation dans de délais mineurs d'une élection présidentielle transparente et démocratique. Cette traduction en acte des accords de Ouagadougou est suivie à la loupe par la communauté africaine mais aussi par l'ONU et bien entendu par la France, ancien colonisateur, et les USA. Ces derniers, via la Secrétaire d' Etat Hillary Clinton, avaient déjà averti la Junte face à d'éventuelles dérives dans le processus de restitution du pouvoir aux civils. Les Guinéens peuvent donc dormir tranquilles pour deux raisons. La première, c'est la détermination du Général Sékouba de mener la transition jusqu'au bout avec l'organisation d'un scrutin présidentiel crédible. La seconde raison, c'est la détermination de la communauté internationale de voir s'installer définitivement la paix dans ce pays en accordant des fonds importants pour relever le pays et calmer les appétits des militaires. Personne ne viendra gâcher la fête du retour au calme et à la cohésion surtout que le Général Sékouba tient bien sa barque et menace clairement les ennemis de la démocratie : «Partout où vous êtes, votre position est surveillée. Ceux qui veulent saboter la démocratie, on va les tuer ». Voilà ! Le lion a rugi, prêt à tout. Le calme sera maintenu !
Tozi
Citation de la semaine
«« ...si la France s'abstient, désormais, de saluer unilatéralement la victoire des dirigeants amis dans son ancien pré carré, elle ne va pas jusqu'à dénoncer les conditions douteuses dans lesquelles se déroulent ces scrutins. On l'a vu au Gabon en août dernier. Le Togo illustre à nouveau cet état de fait. »