19 Février 2011
Le riz constitue l'aliment de base des Guinéens. La moindre flambée des prix occasionnerait un soulèvement populaire, comme ce fut le cas l'année dernière.
Au cours des six derniers mois, le gouvernement a subventionné l'achat de 52 748 tonnes de riz, pour un coût total proche de 11 milliards de francs guinéens, soit environ 2,5 millions de dollars.
Pris en tenaille entre la flambée des prix des céréales sur le marché mondial et la menace des Guinéens de prendre la rue si le prix du riz devenait hors de portée, le gouvernement guinéen veut
signer avec son homologue chinois un contrat de troc portant sur l'échange de la bauxite contre le riz.
Pour éviter de mauvaises surprises qui compromettraient dangereusement la confiance de la communauté internationale, le gouvernement s'est engagé, dès sa nomination en avril 2007, à subventionner
le riz. Ainsi, au cours des six derniers mois, il a subventionné l'achat de 52 748 tonnes de riz, pour un coût total proche de 11 milliards de francs guinéens, soit environ 2,5 millions de
dollars.
Envolée des coûts
Seulement, depuis un certain temps, les principaux fournisseurs de la Guinée, dont la Thaïlande et la Chine, ont réajusté leurs prix à défaut de diminuer ou de suspendre les exportations, à cause de la flambée du prix sur le marché international et de l’augmentation du coût de fret maritime. Le prix de la tonne de riz a connu ainsi une augmentation de 50 %. Il est passé de 414 dollars la tonne au début de l'année à 600 dollars fin février. Le fret maritime est passé de 50 dollars la tonne métrique, fin 2007, à 130 dollars en moyenne. Et la farine de 330 dollars la tonne au premier trimestre 2007 à 600 dollars fin février. Résultat, les prix de vente des sacs de riz dans les magasins du pays ont aussi connu une nette évolution variant entre 130 000 et 145 000 francs guinéens.
Devant cette situation, les autorités refusent de continuer la subvention. « Nous tendons vers une crise de longue durée. Le gouvernement ne va pas continuer à importer du riz à un prix
élevé et à le vendre moins cher pour une conjoncture qui est internationale. Si nous n’aboutissons pas à cet accord, la situation risque d'être difficile », se préoccupe le ministre du
Commerce, de l'Industrie, du Tourisme et de l'Artisanat, Mamady Traoré.
Système caduc
En réalité,
il faut dire que l'actuel gouvernement a hérité d'un système caduc, caractérisé par l’inexistence d'une politique agricole conjuguant l'insuffisance de la production nationale et le faible
pouvoir d'achat des Guinéens.
Comme alternative, il envisage donc d’échanger quelques quantités de bauxite contre des tonnes de riz pour soulager la population. « Il vaut mieux fermer les yeux sur une infime partie
de nos ressources minières pour le bonheur du peuple », se justifie le ministre qui estime que ce commerce sera tout aussi utile à la nation que l'est la vente directe aux grandes
multinationales russes et américaines. Normal. Le pays est en effet le second producteur mondial de bauxite, après l’Australie, et dispose de plus de 25 milliards de tonnes de bauxite dont 12
milliards en réserves prouvées, soit les 2/3 des réserves mondiales.
La mesure vise aussi à honorer son engagement vis-à-vis du FMI, en supprimant toute sorte d'exonérations au niveau du cordon douanier et en évitant les dépenses extra-budgétaires qui saignent
l'économie guinéenne.
Pour l'instant, les dates exactes de la signature et de l'entrée en vigueur de ce troc, qui serait le premier du genre dans le pays, ne sont pas encore connues. Une délégation composée des
ministres des Mines et du Commerce a déjà séjourné en Asie à cet effet. A Conakry, « une délégation chinoise est attendue très prochainement pour parachever les négociations »,
dit-on au Ministère du commerce.