29 Août 2012
Le pouvoir de Lomé a fini par laisser son opposition manifester.
En effet, cette opposition a pu enfin battre le macadam sous le regard passif de l’armée togolaise qui a pourtant gravé en lettres rouges son nom dans les annales de l’histoire de ce pays. Tant elle a très souvent eu la gâchette facile sous les ordres de la famille Gnassingbé.
Si aujourd’hui, on peut applaudir ce pays aux vieux réflexes dictatoriaux d’avoir élargi même provisoirement les espaces de liberté, on ne peut le faire pour la Guinée-Conakry où larépression demeure le sport favori de la soldatesque.
Au fait, l’on ne sait vraiment pas pourquoi le régime du Pr Condé est si frileux au point de verrouiller les espaces de libertés démocratiques en matant surtout ses opposants.
Quand donc les Guinéens, qui ont déjà longtemps souffert le martyre, finiront par respirer le vent de la liberté?
La question est d’autant moins saugrenue que l’on a la fâcheuse impression que tout se passe comme s’il n’y avait pas eu d’élection présidentielle avec un président démocratiquement élu qui devait garantir à ce peuple ses libertés fondamentales.
Dix-huit mois après des tractations sur la composition et la feuille de route de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante), l’horizon ne semble toujours pas dégagé.
On en est arrivé au point où l’opposition pourrait effectivement quitter les instances politiques où elle occupe des postes de responsabilité.
Comment Condé appréciera-t-il cette nouvelle situation où il risque de gérer un pouvoir unicolore où seule est tolérée la pensée unique?
Quelle attitude cette opposition va-t-elle adopter vis-à-vis du régime Condé si elle venait à exécuter son plan?
Toujours est-il qu’il faut craindre que la cocotte-minute guinéenne ne saute un jour.
La crainte est d’autant plus fondée que le débat politique en Guinée est plus que régionalisé et ethnicisé avec une fracture qui devient de plus en plus abyssale entre Peuls et Malinké.
Personne ne peut prévoir le danger que font courir les politiciens de ce pays, pas même Alpha Condé qui gère d’une main de fer un pouvoir dont beaucoup continuent de douter de la légitimité.
On n’aura de cesse de déplorer que cet ancien opposant historique manque de tact pour unir ce pays balkanisé ethniquement depuis des lustres par sa classe politique.
On n’aura surtout de cesse de déplorer que le Professeur semble emboiter le pas à ses prédécesseurs qui ont bâti l’architecture politique du pays sur la base ethnico-régionaliste lourde de conséquences dramatiques pour le pays.
A lui de se raviser à temps surtout que son opposition menace de déserter la barque politique.
Boulkindi Couldiati (Le Pays)