7 Avril 2010
Voilà encore une légende: une prétendue insensibilité au vertige qui aurait valu à certains Indiens d'être choisis comme «charpentiers du ciel»... Ne dites jamais cela à un membre de la tribu des Mohawks, il risquerait de se vexer et vous conduirait sur les tombes de bon nombre d'ouvriers de la communauté, tombés d'un échafaudage à Manhattan ou à Chicago.
Ce qui est vrai, c'est que si ces Amérindiens descendants d'Iroquois sont devenus les spécialistes des constructions en hauteur, c'est qu'ils n'ont pas froid aux yeux: leurs ancêtres (vivant au Canada entre le Québec et l'Ontario) guidaient déjà les Blancs en canoë à travers les rapides. La construction d'un canal, puis d'une voie maritime, les a forcés à se chercher une nouvelle vocation. Ils l'ont trouvée dans le bâtiment, comme d'autres dans la fabrication d'objets d'artisanat (colliers, vêtements, poteries, etc.), la gestion de casinos ou la pratique du droit pour mieux défendre leur statut.
Un passé douloureuxComme on le sait, l'histoire des Indiens d'Amérique a été fortement marquée par l'arrivée des colons, lesquels les ont cruellement exploités, trahis et contaminés (en leur transmettant des maladies comme la variole, jusqu'alors inconnue des tribus). Auparavant, les Iroquois vivaient dans des villages entourés de palissades où les femmes se chargeaient de cultiver le sol, les hommes allant à la chasse et à la pêche.Aujourd'hui encore, les communautés indiennes - souvent parquées dans des «réserves» - doivent se battre pour conserver des portions de territoires convoitées en raison de leurs richesses naturelles. Réduites à la pauvreté, elles sont souvent exposées au chômage et à l'alcoolisme - les plus touchées étant celles des Sioux du Sud-Dakota - ou impliquées dans des négoces illégaux.
C'est ainsi qu'il y a une dizaine d'années, la police a fait irruption dans les réserves d'Akwesame et de Kahnawake pour saisir des cigarettes de contrebande, des armes et de la drogue détenues par nos fameux Mohawks, justement. Mais, de plus en plus, des voix s'élèvent pour rectifier le mythe du méchant Indien et du gentil cow-boy - entretenu au cinéma par certains «westerns» - et rendre leur honneur aux Indiens.
Plus récemment, lors des célébrations du 500e anniversaire de l'arrivée de Christophe Colomb aux Amériques, si le climat était très tendu entre les Blancs et les Indiens Mohawks de Montréal, c'est que les premiers envisageaient la construction d'un terrain de golf sur... le cimetière de la tribu! Retrouvez «Salut, les p'tits loups!» sur Radio suisse romande-La Première, chaque jour, du lundi au vendredi, de 12 h 10 à 12 h 30.Peaux-Rouges d'hier et d'aujourd'hui Non seulement les Blancs ont volé les richesses des Indiens (bisons, territoire, etc.), mais ils les ont aussi privés de leurs traditions (langues, coutumes religieuses, etc.), considérées comme «sauvages».
Les Mohawks, dont le nombre avait été évalué de 10 000 à 15 000 à l'arrivée des Européens, sont aujourd'hui environ 50 000, dont la moitié environ vit à l'étroit dans les réserves canadiennes. Certains Indiens d'aujourd'hui ont tout de même réussi à faire fortune: l'un deux, un certain Richard (le bien nommé!) Hayward, avoue gagner 1,5 million de dollars par année en exploitant des machines à sous. Le week-end dernier encore, des représentants indiens sont venus jusqu'en Suisse animer la manifestation Pow-Wow organisée en l'honneur de leurs traditions.