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La Guinée nouvelle

La transition ne tient qu’à un pagne

Lentement mais, espérons-le, sûrement, le schéma de sortie de crise en Guinée prend forme. Depuis sa signature, le vendredi 15 janvier 2010 à Ouagadougou, l’accord de sortie de crise connaît, jusque-là, un début d’application fort prometteur :

envoi à Conakry d’un représentant du facilitateur et nomination d’un Premier ministre, Jean-Marie Doré, effectivement issu du forum des Forces vives comme le prévoit ledit accord.Lentement mais, espérons-le, sûrement, le schéma de sortie de crise en Guinée prend forme. Depuis sa signature, le vendredi 15 janvier 2010 à Ouagadougou, l’accord de sortie de crise connaît, jusque-là, un début d’application fort prometteur : envoi à Conakry d’un représentant du facilitateur et nomination d’un Premier ministre, Jean-Marie Doré, effectivement issu du forum des Forces vives comme le prévoit ledit accord.

Dernier coup d’accélérateur en date du processus de retour à une vie constitutionnelle normale, la désignation, lundi 8 janvier, de la syndicaliste Rabiatou Sérah Diallo à la tête du futur Conseil national de transition (CNT). Proposée au poste de vice-Premier ministre avant d’être rejetée par le tout nouveau chef du gouvernement qui n’entendait pas être « encadré » par deux adjoints, voilà la secrétaire générale de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) chef d’orchestre de l’institution chargée de mettre en musique les termes de l’Accord de Ouagadougou. Chargé de légiférer à la place de l’Assemblée nationale, dissoute après le coup d’Etat de décembre 2008, le CNT est donc la clé de voûte du renouveau démocratique en gestation au pays de Sékou Touré.

C’est dire que la tâche qui attend l’icône de la lutte sociale n’est pas des plus aisées. C’est vrai que pour ce bout de femme la politique n’est pas tout à fait une terra incognita. En 2007, on se rappelle que c’est elle qui avait ravi aux opposants le titre de figure de proue de la contestation du régime de Conté. Il n’est pas jusqu’au président du CNDD, Moussa Dadis Camara, aujourd’hui en convalescence à Ouagadougou, qui ne se soit heurté à la résistance de l’inflexible amazone des Forces vives.

Mais ce caractère bien trempé suffira-t-il à faire bouger les choses au sein d’une classe politique où chaque leader préfère être tête de rat que queue de lion ? Autrement dit, la toute nouvelle présidente du CNT parviendra-t-elle à apprivoiser l’égotisme et l’égoïsme des uns et des autres au profit d’une sortie de crise pacifique ? La question de la réussite de la mission Rabiatou Sérah Diallo mérite d’être posée, surtout quand viennent s’ajouter aux facteurs susmentionnés la donne ethnique et la prégnance phallocrate dans laquelle baignent la société guinéenne comme bien d’autres en Afrique.

Alors, autant dire que la transition ne tient qu’à un… pagne. A moins que la soutane de Mgr Albert David Guillaume Gomez (1er vice-président du CNT), archevêque de l’église anglicane, et la djellaba d’El Hadj Mamadou Saliou Sylla, ancien secrétaire général de la ligue islamique nationale (2e vice-président CNT) ne jouent de toute leur résistance et de toute leur souplesse pour tirer le reste de l’attelage jusqu’au bout du tunnel.


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