20 Février 2010
La procureur adjointe de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, qui achevait vendredi une mission en Guinée, a estimé "que des crimes de l'ordre de crimes contre l'humanité" avaient été commis le 28 septembre 2009 par les forces de l'ordre à Conakry.
"En tant que procureur adjointe de la CPI, je retire de cette visite le sentiment que des crimes de l'ordre de crimes contre l'humanité ont été commis", a déclaré la magistrate, au cours d'une conférence de presse dans un hôtel de Conakry, au terme d'une mission de trois jours.
Décrivant des "crimes atroces" commis ce jour-là dans le plus grand stade de Conakry et aux environs, la magistrate a résumé: "des hommes en uniforme se sont attaqués à des civils, ils ont tué et blessé. En plein jour, ils ont brutalisé, violé et soumis à des femmes à des violences sexuelles inouïes".
Une Commission d'enquête internationale nommée par l'ONU avait déjà déclaré dans un rapport publié le 21 décembre 2009: "Il est raisonnable de conclure que les crimes perpétrés le 28 septembre 2009 et les jours suivants peuvent être qualifiés de crimes contre l'humanité".
La commission d'enquête avait alors annoncé que les violences avaient fait au moins "156 morts ou disparus" et qu'"au moins 109 femmes" avaient été victimes de viols ou d'autres violences sexuelles.
Cependant, la magistrate a assuré que la Guinée peut "aussi devenir un exemple" si "les Guinéens jugent les principaux responsables de ces crimes atroces".
"Ces quelques jours de travail en Guinée ont confirmé que les institutions guinéennes et la Cour pouvaient travailler de manière complémentaire: soit les autorités guinéennes peuvent poursuivre elles-mêmes les principaux responsables (de ces crimes, ndlr), soit elles se tourneront vers la Cour pour le faire", a-t-elle dit.