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La Guinée nouvelle

Le colonel Moussa Keïta aurait tout fait pour empêcher la sortie de crise

Dans la matinée de ce vendredi 15 janvier 2010, un appel téléphonique de la direction de la communication de la présidence du Faso informe la rédaction de Fasozine.com de la signature dans la soirée d’un protocole d’accord entre le président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), le capitaine Moussa Dadis Camara et le général Sékouba Konaté, deuxième vice-président du CNDD, sous l’égide du facilitateur dans la crise guinéenne, Blaise Compaoré, le président du Faso. Retour sur l’ambiance d’un accord entre chefs militaires.

La signature annoncée de la déclaration de Ouagadougou, qualifiée par le médiateur dans la crise guinéenne, Blaise Compaoré, de porteuse de promesses et d’espoir pour la Guinée, est effectivement intervenue dans la soirée de ce vendredi 15 janvier 2010. Pour y parvenir, les trois hommes, Dadis Camara, Sékouba Konaté et Blaise Compaoré ont dû passer de longues heures de concertations. Dès jeudi, la presse se faisait déjà l’écho de tractations sur le retour ou non de Dadis Camara en Guinée, après son arrivée «surprise» dans la capitale burkinabè, dans la nuit du mardi 12 janvier dernier, en provenance de Rabat au Maroc, où il était soigné. Les journées ont été courtes et les nuits longues, depuis mercredi dernier.

Pour la cérémonie de signature, les différentes délégations se sont donné rendez-vous à la salle polyvalente du palais présidentiel de Kosyam. Il était environ 15h30 quand le colonel Moussa Keita et les membres de la délégation du CNDD, venus pour «chercher» Dadis et le ramener à Conakry,  ont fait leur entrée dans la salle. Environ 45 minutes d’attente, et on annonce l’arrivée du général Sékouba Konaté, deuxième vice-président du CNDD, président par intérim de la Guinée. Les preneurs d’image se bousculent devant lui, chacun voulant réaliser la meilleure photo. Treillis et béret rouge vissé sur la tête, le général était accompagné par son aide de camp. Il a été conduit dans une salle d’attente. Quelques minutes après, le chef de l’Etat burkinabè est arrivé, presqu’au même moment que le capitaine Moussa Dadis Camara. Ensemble les trois hommes regagnent alors la salle où les attendait la presse.

Après  l’installation des officiels, le directeur de la communication de la présidence du Faso, Baba Hama, annonce le chronogramme de la cérémonie. Les différentes parties apposent leur signature sur le document. Suite à cela, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération régionale, Bédouma Alain Yoda, dévoile le contenu de la déclaration conjointe de Ouagadougou. Axée en 12 points, celle-ci donne les directives politiques pour une sortie de crise en Guinée avec comme grande décision la tenue dans six mois de la présidentielle.

Le chef de l’Etat burkinabè a par la suite appelé les Guinéens à plus d’engagement pour une sortie de crise dans leur pays, car «l’échec de la Guinée est notre échec à tous». Vint l’heure des congratulations.  Le général Sékouba Konaté, sans doute agacé par la présence à Ouagadougou du Colonel Keita et compagnie a salué ceux-ci, la mine très serrée. Beaucoup de signes de fraternité apparente, mais qui masquent difficilement des sentiments de rejet réciproque. Après toute cette effusion de cimetière, les trois hommes sont sortis de la salle. Le Capitaine Dadis Camara, visiblement diminué par sa maladie est resté muet durant toute la cérémonie, tout comme le Général Sékouba Konaté qui n’a pas dit un mot. Ils sont tous repartis de Kosyam sous le regard du président du Faso, qui vient certainement de marquer un bon point politique.

Le colonel Keita, venu à Ouagadougou à la tête d’une délégation composée pour l’essentiel de militaires avec pour mission de ramener le capitaine Dadis Camara à Conakry, s’est dit toujours déterminé à le faire. «Nous ne souhaitons pas repartir sans lui (ndlr, le capitaine Moussa Dadis Camara) parce que le peuple tient à voir son président, sa famille et ses compagnons d’armes tiennent également à le voir. Pour cela, nous avons demandé l’autorisation du médiateur», a-t-il dit. Mais, revenant dans le ton de l’accord qui vient d’être signé, il s’est dit satisfait de la déclaration de Ouagadougou. «Comme la déclaration annonce un salut pour le peuple, ça me convient. Je mets l’intérêt de ma patrie, de ma nation au-dessus de tout. C’est cela le plus important», a dit le colonel Keita.

Sans apporter toute la solution au problème de la Guinée, l’accord qui a été signé ce vendredi 15 janvier 2010, s’il est mis en application pourrait constituer un pas de géant vers la sortie de crise au pays de Sékou Touré.

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