6 Mai 2010
Alors que Conakry avait commencé à bruire d’informations inquiétantes parce que
faisant état d’un probable report de la présidentielle, le général Sékouba Konaté, le président par intérim, a coupé court à toute spéculation. L’élection présidentielle aura bel et bien lieu le
27 juin prochain, foi du général qui vient de prouver une fois de plus qu’il n’est pas venu aux affaires pour s’y éterniser.
C’est donc dire que l’adoption de la nouvelle Constitution, texte accouché par le Conseil national de transition, sera une affaire de décret présidentiel et non de consultation populaire, comme
le souhaitait secrètement les partisans du report de ce scrutin. Cette décision en soulage plus d’un, notamment les leaders politiques guinéens qui sont déjà tous en campagne électorale, mais
surtout la communauté internationale qui ne voudrait sans doute pas que la Guinée marche dans les pas de sa voisine la Côte d’Ivoire où la présidentielle est toujours annoncée et jamais
tenue.
C’est tout à l’honneur du général qui doit continuer à œuvrer pour tenir le pari de la date du 27 juin, mais aussi le défi de jouer un rôle d’arbitre impartial dans cette compétition tant
attendue par des ténors de l’opposition qui n’ont jamais eu cette chance de prendre part à des élections démocratiques et ouvertes à tous. Pour les adeptes et puristes du consensus, il leur
faudra patienter, car dans le contexte sociopolitique de la Guinée, le pragmatisme doit prendre le pas sur la tergiversation qui pourrait être un boulet pour le processus démocratique en voie
d’être enclenchée.
Si la sortie de crise en Guinée a pris corps à Ouagadougou, avec l’historique accord signé entre le général et celui dont il assure l’intérim, en l’occurrence, le capitaine Moussa Dadis Camara,
c’est également vers la capitale burkinabè que toutes les oreilles sont tendues actuellement. En effet, la rumeur se fait de plus en plus persistante sur la volonté du capitaine « convalescent »
de retourner en Guinée. L’homme, de sources dignes de foi, a gardé le contact avec ses partisans auxquels il demande régulièrement, par téléphone, de manifester pour exiger son retour au
bercail.
Sans être aussi catégorique que Bernard Kouchner qui signifiait à une certaine époque que Dadis doit rester loin de Conakry, on peut tout de même affirmer qu’à cette étape du processus, envisager
un retour en Guinée, du chef de la junte en « convalescence », serait, assurément, hypothéquer le processus de sortie de crise dans ce pays. Mais le « Tigre »-surnom du général- veille sans doute
au grain, tout comme Blaise Compaoré, le président du Faso, facilitateur dans la crise guinéenne, sans être médecin, saura trouver les mots justes pour calmer le capitaine, afin qu’il poursuive
tranquillement sa « convalescence » à Ouagadougou.