Le Maroc a demandé "avec insistance" au Burkina Faso d'accueillir le chef de la junte guinéenne, qui est arrivé mardi à
Ouagadougou après avoir été hospitalisé plus d'un mois à Rabat, a indiqué à l'AFP le ministre burkinabè des Affaires étrangères Alain Bédouma Yoda.
"Le Maroc nous a demandé, avec insistance, comme il (Moussa Dadis Camara) a
fini son traitement, si nous pouvions l'accueillir et nous avons accepté parce que le président du (Burkina) Faso (Blaise Compaoré) assure la médiation en Guinée", a-t-il ajouté.
Interrogé sur un éventuel retour du capitaine Camara en Guinée, le ministre a répondu: "S'il estime que sa convalescence est terminée, notre rôle est terminé". "Son état (de santé) s'est nettement
amélioré", a-t-il assuré.
Le chef de la junte avait été grièvement blessé par balle à la tête lors d'une tentative d'assassinat de son propre aide de camp, le 3 décembre dans un camp militaire de Conakry. Il avait été
évacué à bord d'un avion burkinabè le 4 décembre vers le Maroc.
Les autorités de Rabat avaient alors été mises devant le fait accompli, n'ayant été informées, selon plusieurs sources, qu'une fois le chef de la junte dans l'avion. Le ministre marocain des
Affaires étrangères avait alors dans un communiqué souligné que "le capitaine Moussa Dadis Camara aurait pris, sans consultations préalables, un avion mis à sa disposition par le président du
Burkina Faso, Blaise Compaoré, pour se rendre au Maroc".
"Face à cette évolution, et pour des considérations strictement humanitaires", concluait le texte, "le Maroc recevra le président Dadis Camara, afin de lui prodiguer les soins nécessaires en milieu
hospitalier marocain". Et mardi soir, les officiels burkinabè ont à leur tour été surpris de "recevoir" le chef de la junte, qui était à bord d'un vol spécial marocain.
"Les Marocains nous ont surpris. Ils l'ont mis dans l'avion avant de nous appeler. Nous, nous attendions le général (Sékouba) Konaté (président intérimaire) pour discuter avec lui afin de prendre
une décision sur la venue de Dadis Camara", avait déclaré à l'AFP une source proche de la médiation.
Mercredi, une source sécuritaire marocaine a confirmé que "le capitaine Camara a quitté précipitamment Rabat, et de manière inattendue". Le Maroc "a accompli son devoir" en accueillant et soignant
le chef de la junte et "n'a pas de comptes à rendre à ce niveau", a affirmé mercredi le ministre marocain de la Communication Khalid Naciri.