5 Mars 2010
Un réseau homosexuel a-t-il gravité autour du pape ? Un choriste a récemment été mis à la porte du palais pontifical, soupçonné d'avoir fourni des partenaires sexuels masculins à un membre laïc
de l'entourage de Benoît XVI, révèle vendredi le quotidien britannique Guardian.
Angelo Balducci est président du Conseil supérieur des travaux publics, la principale autorité pour le contrôle des marchés de l'État italien. Il est aussi, depuis quinze ans, membre des
«Gentilshommes de sa Sainteté», une confrérie qui appartient à la Maison pontificale, chargée d'aider le pape dans la gestion de ses affaires. Les gentilshommes, qui sont des clercs ou des laïcs,
sont notamment chargés de tenir le palais apostolique.
Le 10 février dernier, Angelo Balducci est arrêté par la police italienne. En tant que président du Conseil des travaux publics, il est accusé de corruption. Mais les écoutes téléphoniques de la police révèlent d'autres activités, qui semblent bien plus gêner le Vatican.
Les transcriptions de certaines de ses conversations privées montreraient en effet des négociations entre le Gentilhomme et un choriste du Vatican, chargé de lui présenter des hommes. Au cours de ces conversations, Balducci précise les caractéristiques physiques qu'il recherche chez ses partenaires, rapporte le quotidien britannique. Son interlocuteur l'aurait ainsi mis en contact avec au moins dix hommes, dont l'un serait un séminariste. Le rapport de la police italienne indique que «dans le but d'organiser des rencontres de nature sexuelles, ils s'est offert les services de deux individus qui (…) pourraient faire partie d'un réseau organisé (…) d'exploiteurs ou au moins de facilitateurs de prostitution masculine».
Le choriste serait l'un de ces deux individus. Originaire du Nigeria, l'homme de 29 ans a selon la presse italienne perdu son emploi quand le Vatican a eu vent des découvertes de la police. Dans
une interview au magazine italien Panorama, le jeune homme raconte avoir été présenté à Balducci il y a plus de 10 ans. «Il m'a demandé si je pouvais lui procurer d'autres hommes. Il m'a dit de
le faire dans le plus grand secret parce qu'il était marié».
Quant à Angelo Balducci, le Vatican semble ne pas savoir comment s'en défaire. Aucune procédure ne serait en effet prévue pour démettre un «Gentilhomme de sa Sainteté». «Si ces affirmations sont
exactes, elles regardent sa vie privée. La publication de ces transcriptions, qui n'ont rien à voir avec l'affaire pour laquelle il a été arrêté, sont humiliantes», s'est insurgé l'avocat de
l'intéressé.
Au-delà de l'hypothèse de la prostitution, qui reste à démontrer, l'affaire embarrasse surtout l'Eglise dans son rapport à l'homosexualité. Même si Angelo Balducci, en tant que laïc, est libre
d'avoir des relations sexuelles, le Guardian rappelle que l'Eglise considère l'homosexualité comme «un dérèglement», qu'elle «ne condamne pas absolument» mais «n'approuve en aucun cas».