Nommé en remplacement de Moussa Dadis Camara, chef de la junte guinéenne et
victime d'un attentat le 3 décembre, le général Sékouba Konaté semble désormais jouer la carte de l'apaisement. Il a accepté qu'un Premier ministre issu de l'opposition intègre le
gouvernement.
L’annonce a été faite devant les responsables du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), la junte au pouvoir, depuis le coup d’Etat du 23 décembre 2008. Alors que l’on
pensait que les nouveaux maîtres de Conakry, comme ils l’ont eux-mêmes professé au départ, allaient instaurer une transition exemplaire en organisant des élections transparentes et libres afin
que la Guinée inscrive enfin son nom dans le cercle restreint des pays démocratiques après les années de fer de Sékou Touré et de Lansana Conté, le pays a basculé dans la violence aveugle par
suite des errements et de l’amateurisme de son chef, le capitaine Moussa Dadis Camara. Pourtant, que d’espoirs n’avait-il pas suscité aux premiers jours de son accession à la magistrature
suprême ! Dadis a montré un visage hideux qui a fait de lui un obstacle à un Etat démocratique, si fait que la balle de son ex-aide de camp, Toumba Diakité, toujours en cavale, a été
accueillie comme un soulagement par de nombreux Guinéens bien qu’ils abhorrent les règlements de comptes par les armes.
Depuis le fameux 3 décembre 2009, date de l’assassinat manqué du chef de la junte, une nouvelle ère semble s’ouvrir en Guinée avec le président intérimaire, le général Sékouba Konaté, surnommé
“Le Tigre”. Mais ce félin n’en a pas l’air, du moins dans les actes qu’ils posent jusque-là. Il reste certes fidèle et loyal à son patron hospitalisé au Maroc, mais il se démarque de sa méthode
de gestion des affaires de l’Etat. Pas de discours à l’emporte-pièce et dans une colère hystérique, peu de déclarations, et des propos plutôt mesurés, qui rassurent de plus en plus l’opinion
nationale et internationale. Le pays a peut-être enfin trouvé l’homme de la situation. L’annonce de la formation d’un gouvernement d’union nationale avec un Premier ministre issu de l’opposition
confirme que le général Sékouba Konaté veut apaiser les esprits. “Il faut dès maintenant des actes allant dans le sens de l’apaisement”, a-t-il dit tout en invitant les leaders politiques exilés
par suite des massacres du 28-Septembre à rentrer au bercail.
Le Tigre a donc pris de bonnes résolutions dans le sens d’un retour à la paix. Exit donc la médiation du président burkinabè Blaise Compaoré, dont les premiers résultats avaient accouché d’une
souris avec des propositions rejetées par l'opposition. Ainsi, sous l’impulsion de Sékouba Konaté, les Guinéens veulent laver leur linge sale en famille. Il faut encourager cette initiative du
nouvel homme fort de Conakry afin qu’il s’engage résolument vers l’organisation de scrutins auxquels les militaires sauront résister à la tentation de se présenter pour rester des arbitres
impartiaux.