Suant pour la plupart à grosses gouttes - pour cause de trac et de chaleur étouffante -, les vedettes du jour ont décliné leurs priorités et leurs programmes. Eau, électricité, emploi, sécurisation des biens et des personnes, bonne gouvernance, etc. Il y avait des candidats posés et cohérents… et puis les autres. Des figés, des stressés et des agités. Mais ce n’est pas tout.

Un certain candidat, courtaud et ventru, a offert un spectacle inattendu. Tenue de ville, énorme cigare bien coincé entre les dents, le bonhomme s’engouffre dans une décapotable de luxe, se met au volant, fait monter et descendre plusieurs fois la capote puis ressort de la voiture, toujours garée dans le parking de sa résidence.

Nouvelle scène. Il est à l’intérieur de ce qui semble être une caravane. Très gros plan sur les étagères de la kitchenette, la gazinière et… la douche. Pour terminer, plan large sur un salon encombré. Entre-temps, Madame est apparue dans le champ, sapée, maquillée, « bijoutée », comme est censée l’être l’épouse d’un « grand quelqu’un ». Travelling jusqu’à la chambre, elle se prélasse un peu sur le lit. Retour au salon où le « couple présidentiel », enfoncé dans un sofa, distribue les sourires à la caméra. Voilà !

Ensuite, il y eut un autre moment inoubliable. Du genre reggae roots, bien groovy sur fond rouge, avec une succession de messages laconiques : « Un homme », « Un parti », « Changement ». Puis gros plans sur les affiches (toujours rouges) du candidat, posant en différentes tenues. Enfin, celui-ci apparait en chair et en os et se lance dans une diatribe contre les anciens ministres (dont il fait lui-même partie) et les chefs de gouvernement qui ont « mis le pays à terre et prétendent aujourd’hui le développer ». Puis le reggae revient de plus belle et « Conquering lion of the tribe of Judah », bien connu des rastas, pointe même son museau…

Dans cette revue de spots politiques hétéroclites, les Guinéens ont en outre pu admirer le jet d’un candidat. À la fin de son spot, l’homme grimpe sur la passerelle de l’avion, se retourne, agite la main en direction d’un public invisible, et l’engin décolle. « Bye bye Guinée ! » Vous y comprenez quelque chose, vous ?