4 Juin 2011
Les principales messageries web (Gmail, Hotmail, Yahoo Mail) ont été la cible d'attaques informatiques récentes. Google estime que cette tentative de piratage de comptes trouve son origine en Chine, ce que rejette fermement les autorités chinoises. Les autorités américaines, qui veulent durcir leur politique dans le cyberespace, indiquent suivre l'affaire de près.
Plus d'un an et demi après le piratage de grande ampleur qui a frappé Google et plusieurs autres sociétés occidentales, la Chine est de nouveau suspectée d'avoir encadré les récentes attaques informatiques qui ont ciblé les principales messageries web. La société Trend Micro, spécialisée dans la conception de logiciels de sécurité, a indiqué jeudi que les webmails Yahoo Mail et Hotmail ont été attaqués, en plus de Gmail.
Dans son analyse, Trend Micro se garde bien de désigner un éventuel coupable. L'entreprise souligne toutefois que si "les attaques semblent avoir été menées indépendamment les unes des autres, elles ont des ressemblances significatives". Une précaution que n'a pas prise Google, qui dans un billet de blog publié mercredi estime que les attaques ayant ciblé son service de messagerie web viennent de la ville chinoise Jinan.
Selon le moteur de recherche américain, l'attaque a ciblé des internautes bien spécifiques : de hauts responsables de l'administration américaine, des activistes chinois, des fonctionnaires de différents pays d'Asie, du personnel militaire et des journalistes. L'objectif des hackers à l'origine de ces attaques était de récupérer les identifiants et les mots de passe des comptes, afin d'accéder au contenu de la boîte aux lettres.
Les officiels chinois ont de leur côté rapidement rejeté les accusations de Google, les qualifiant d'"inacceptables". "Le piratage est un problème international est la Chine est aussi une victime" a martelé le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Hong Lei. Ce dernier a ajouté que les allégations de Google étaient "infondées" et alimentées par des "arrière-pensées".
L'affaire est rapidement remontée aux oreilles de l'administration américaine, tendant un peu plus les relations entre les États-Unis et la Chine. "Ces allégations sont très graves, nous les prenons au sérieux et nous les examinons" a commenté cette semaine la secrétaire d'État Hillary Clinton, lors d'un point presse. L'administration américaine a toutefois indiqué n'avoir aucun élément laissant entendre qu'un compte du gouvernement a été compromis.
Cet épisode survient dans un contexte quelque peu particulier, car les États-Unis sont en train de concevoir une stratégie internationale en matière de défense dans le cyberespace. Le rapport remis en mai dernier préconise de considérer certaines attaques en ligne comme des "actes hostiles" et de répondre par "tous les moyens nécessaires", allant de la diplomatie à la pression économique, sans oublier la riposte militaire.
"Lorsque c'est justifié, les États-Unis répondront aux actes hostiles dans le cyberespace comme nous le ferions pour n'importe quelle autre menace sur notre pays. Tous les états possèdent un droit inhérent à la légitime défense, et nous reconnaissons que certains actes hostiles menés via le cyberespace pourraient contraindre à des actions au titre des engagements que nous avons avec nos partenaires des traités militaires" est-il notamment écrit.