26 Mars 2010
La consommation de sa viande est en augmentation, encouragée par la croyance dans ses vertus curatives et fortifiantes. "Je peux comprendre, dit M. Redmond. Si j'avais grandi dans un
village où le médecin me dit que pour guérir mon enfant, il faut frotter un doigt de singe sur ses blessures, je le ferais." L'espèce est aussi la proie de trafiquants internationaux, qui
capturent les petits gorilles pour les vendre comme animaux de compagnie ou de collection. Quatre sur cinq meurent dans l'opération et deux adultes sont tués au moins à chaque capture. Les
activités minières et l'exploitation forestière illégales constituent une autre grande menace, surtout en République démocratique du Congo (RDC). "Les concessions illégales s'étendent,
détruisant la forêt qui est l'habitat des gorilles, affirme Christian Nelleman, du PNUE. Nous
sommes concernés, car les ressources pillées sont vendues à des compagnies européennes ou asiatiques. Ces activités rapportent des centaines de millions de dollars par an."
Braconniers surarmés
Les mammifères sont en outre chassés pour nourrir les employés des mines. Les déplacements de population liés aux conflits armés aggravent la situation : les réfugiés chassent pour se nourrir, et brûlent les forêts pour produire du charbon de bois. Enfin, le virus Ebola menace les populations de gorilles, même au Congo-Brazzaville, où les animaux sont pourtant davantage protégés.
"Il ne s'agit pas de petits problèmes environnementaux, mais de crime organisé, affirme M. Nelleman. Mais
Interpol, avec 1 million de dollars par an, n'a pas les moyens d'investiguer." La police et les douanes des pays concernés sont souvent défaillantes. Les agents des parcs nationaux ne
sont pas assez nombreux et entraînés pour faire face à des braconniers surarmés. Dans le parc national de Virunga en RDC, près de 200 gardes ont été tués en quinze ans. Selon M. Nelleman, le
mandat de la force de maintien de la paix sur place, la Monuc, devrait être étendu au contrôle des ressources naturelles.
Quelques expériences positives offrent tout de même des raisons d'espérer, selon M. Redmond. "Le programme de sauvegarde du gorille des montagnes, qui repose sur la coopération entre la RDC,
le Rwanda et l'Ouganda, et le développement de l'écotourisme donnent des résultats, même fragiles", affirme-t-il.